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L’été le plus froid

Dalila Awada
Photo: Métro

Dans un mème qui circule en temps caniculaires, on aperçoit Bart Simpson qui s’exclame: «c’est l’été le plus chaud de ma vie» et son père Homer qui rétorque: «c’est l’été le plus froid du reste de ta vie». 

Homer Simpson a raison. Voilà où nous en sommes. 

Les chaleurs qu’on a connues il y a quelques jours font office d’avertissement sur ce que seront vraisemblablement nos vies dans les prochaines décennies. Dans un excellent article d’Atlantic, Vann R. Newkirk II rappelle que les vagues de chaleur ont considérablement empiré depuis 50 ans. Elles ont augmenté «en fréquence, en durée et en intensité», écrit-il. Elles sont désormais de plus en plus létales et, sans surprise, elles accablent d’abord et avant tout les pauvres. 

Dans son reportage, Newkirk II aborde entre autres la situation des travailleurs au Honduras, au Qatar et au Cambodge, qui vivent de plein fouet les effets dévastateurs de la chaleur. Que ce soit dans les milieux agricoles, les milieux de la construction, ou dans les sweatshops, leur situation nous renseigne sur les impacts à venir, sur nos corps et nos sociétés. La chaleur extrême, écrit le journaliste, sape toute vitalité. Le travail est au ralenti, de graves problèmes de santé apparaissent, en plus des conflits violents qui se multiplieront et des inégalités économiques qui s’exacerberont – le heat gap devenant un facteur d’inégalité déterminant. 

Ces disparités ne se manifestent pas seulement entre régions du Sud et régions du Nord mais également au sein d’un même pays. 

Au Canada, on a peut-être l’impression d’échapper au pire. Il n’y a qu’à partir la clim (qui contribue par ailleurs au problème) et hop, tout est sous contrôle ! Mais ce n’est qu’une question de temps avant que tous les continents soient soumis aux cataclysmes de façon régulière et permanente. Il y a quelques jours, la Colombie-Britannique enregistrait sa période la plus chaude de l’histoire. C’est évident : le compte à rebours est commencé. 

Le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) présente un portrait des plus inquiétants. Pénurie d’eau, malnutrition, sécheresses, crises économiques et sociales, dégradation de la qualité de l’air, multiplication des exodes, extinction d’espèces…Ces phénomènes sont déjà en cours. 

Le rapport indique que la vie telle que nous la connaissons sera transformée dans à peine 30 ans. 

Mon but n’est pas de plomber le moral des lecteurs en évoquant toutes ces mauvaises nouvelles. J’ai moi-même eu de la difficulté à terminer certains articles tant ils étaient anxiogènes. Seulement, une question m’obsède : maintenant qu’on cumule autant de drapeaux rouges, comment forcer les grandes puissances à agir efficacement ? Que doit-il advenir pour que des mesures majeures et immédiates soient mises en place à l’échelle planétaire ? 

En début de semaine, le gouvernement canadien annonçait l’interdiction de vente de véhicules à essence à partir de 2035. Enfin, dirons-nous. Mais ce ni suffisant ni assez rapide. Surtout, ce n’est pas cohérent quand ce même gouvernement finance l’expansion du pipeline Trans Mountain… en Colombie-Britannique, où le mercure a atteint des sommets. 

Une mince consolation réside dans le fait que le déni apparaît de moins en moins acceptable. Mais le virage ambitieux et restructurant dont on a besoin tarde tragiquement à venir. 

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