Pourquoi votre banque adopte la blockchain?
Chaque année, les banques perdent entre 15 et 25 milliards de dollars américains, engloutis dans des fraudes à l’identité, estime la firme Javelin Strategy Research. Malgré tout, les institutions bancaires doivent encore dépenser des milliards pour s’en prémunir mais aussi lutter contre le blanchiment et se plier aux pressions réglementaires relatives à la protection des données. Une série de problèmes face à laquelle la blockchain peut se poser en solution.
«Pour l’intégration ou l’ouverture de compte, cette technologie permet aux clients d’utiliser une empreinte numérique qui, à l’instar d’une empreinte réelle, peut être utilisée comme identifiant unique. Il peut être stocké sur un grand livre distribué et référencé par n’importe quelle banque du réseau. Le propriétaire de l’empreinte numérique peut l’utiliser pour soumettre de nouvelles demandes de compte et prouver son identité de manière universelle», estiment Matt Higginson, Atakan Hilal et Erman Yugac, consultants pour la firme McKinsey.
Le fait que les banques partagent les informations d’authentification sur une blockchain présente plusieurs vertus telles que la réduction de la charge de gestion des informations et la simplification des contrôles de conformité pour la connaissance du client (KYC) ainsi que le blanchiment (AML).
Sans omettre les gains d’efficacité et les recettes supplémentaires que va porter l’intégration des données clients sur la chaîne de blocs. À l’échelle mondiale, les solutions blockchain devraient réduire les pertes annuelles dues à la fraude de 7 à 9 milliards, projette-t-on Chez McKinsey.
Néanmoins, les exemples de cas d’usage de la blockchain par les banques de détail se faisaient rares jusqu’à il y a peu. Citons l’entreprise de conservation de données Bluzelle dont la plateforme blockchain a amélioré l’efficacité du système, diminué les coûts opérationnels de 25 à 50%, abaissé le risque de criminalité financière et augmenté la réactivité aux besoins de performance de trois banques installées à Singapour.
Plus récemment et plus proche de chez nous, la fintech canadienne SecureKey a donné début mai accès à sa «blockchain de l’identité» pour tous les clients de CIBC, Desjardins, RBC, Scotia et TD (les clients de BMO et la Nationale étant prévus dans le courant de l’année). Ce service, mis au point en collaboration avec IBM, simplifie l’accès du consommateur aux services bancaires numériques.
«Grâce à la gestion individuelle des clés privées, sorte de signature numérique utilisée pour approuver les transactions, la technologie de la blockchain permet également aux clients de contrôler et de partager leurs données personnelles sans l’aide d’un intermédiaire», mettent en avant les consultants de McKinsey.
Cela étant dit, nos banques éprouvent encore des difficultés à mettre en œuvre ces solutions de lutte contre la fraude basées sur des blockchains. Cela leur coûte naturellement cher car il faut migrer les systèmes de l’environnement fermé de l’institution bancaire vers un écosystème partagé, ce qui pousse à la hausse les coûts d’investissement. Mais la procédure bouscule aussi une certaine culture bancaire du secret.
Blockchain Partner, le leader français de l’accompagnement sur ces technologies, vous expliquerait que certaines entreprises se sont surprises à ne finalement pas vouloir ce que la blockchain impliquait, ou les arbitrages pour obtenir de nouveaux bénéfices.
D’une part, il y a la crainte de perdre une part de contrôle en raison de la décentralisation ; d’autre part, une réticence vis-à-vis d’une certaine dose de transparence.
«Ceci soulève des questions quant à la responsabilité: si la banque A complète les informations KYC d’un individu et partage les données sur une blockchain, la banque B est-elle responsable des éventuelles erreurs ou fraudes à son propre compte? De plus, la banque A est-elle suffisamment incitée à partager ses données? Le partage de données a un coût car il risque de nuire à la capacité des banques d’offrir des services personnalisés», s’interroge-t-on chez McKinsey.
Des obstacles pratiques semblent freiner l’adoption massive de la chaîne de blocs par les banques commerciales, à l’instar des démarches supplémentaires imposées aux clients, pour qu’ils s’identifient via une nouvelle procédure en ligne, mais aussi aux commerçants, forcés d’adapter leurs moyens de paiement.
Se pose ultimement la question de la concurrence : une banque de détail serait-elle disposée à créer un service public n’offrant aucun avantage compétitif, voire, pire, favorisant une enseigne rivale plus agile en solutions numériques ?
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