Facebook se dit «prêt» pour la loi sur la vie privée en Californie
Facebook a déclaré jeudi être «prêt» pour l’entrée en vigueur de la loi californienne sur la protection de la vie privée des consommateurs au 1er janvier 2020, similaire à la loi européenne sur le sujet.
«Nous sommes prêts parce que nous avons réalisé beaucoup d’investissements sur le long terme (…) pour aider les gens à gérer leurs données», explique le géant des réseaux sociaux dans un communiqué. «Par exemple nous avons construit des outils en libre service qui permettent à chacun d’accéder à ses informations, de les télécharger ou de les supprimer. Ces outils sont disponibles pour tous nos utilisateurs, où qu’ils vivent.»
Facebook, qui comprend aussi Instagram, Messenger et WhatsApp, indique soutenir le «California Consumer Privacy Act» (CCPA), même s’il préférerait «une loi fédérale forte» sur la vie privée, pour garantir ces droits à tous les Américains et uniformiser les standards de gestion des données.
C’est ce qui s’est passé en Europe, avec le règlement européen sur la protection des données (RGPD).
Appliqué depuis mai 2018, il a forcé les plateformes et entreprises américaines à améliorer la protection des informations personnelles de leurs usagers et clients dans toute l’Union européenne.
La nouvelle loi californienne va notamment exiger, comme le RGPD, que les sociétés rendent publics les types de données qu’elles collectent, et permettent aux consommateurs de refuser à ce qu’elles soient utilisées à des fins commerciales.
Donner ses données
Les entreprises sont concernées à partir de 25 M$ de revenus annuels ou si elles réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires à partir des ventes de données personnelles (âge, sexe, achats, données biométriques, localisation, habitudes quotidiennes…)
Mais entre vendre des informations et consentir à les partager à des fins de ciblage publicitaire, la frontière est trouble.
«Le CCPA reconnaît que de nombreuses pratiques ne sont pas des “ventes”», souligne Facebook, avant de donner deux exemples: quand «un consommateur autorise une société à partager leur information» ou quand «les informations concernant un consommateur sont transférées à des fins commerciales avec certaines limites (dans l’utilisation de ces informations) pour le destinataire».
Facebook dérive ses profits considérables (22 G$ en 2018) du ciblage publicitaire ultra fin et à très grandes échelle.
Pour y arriver, le groupe ne vend pas strictement de données à ses clients, les annonceurs. Il les collecte pour les exploiter commercialement, sous forme de cibles publicitaires anonymes.
Si la plateforme, fréquentée tous les mois par près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, vendait la matière brute, ou même des blocs de données agrégées, et non seulement l’accès, elle perdrait une mine d’or.
À leur insu
«Nous encourageons les annonceurs et éditeurs qui utilisent nos services à parvenir à leur propre décision sur la meilleure façon de se conformer à la loi», détaille Facebook.
Pour les aider, «nous allons mettre à jour nos engagements contractuels pour indiquer que nous n’utiliserons les données de nos partenaires que dans les buts commerciaux décrits dans nos contrats avec eux», ajoute le groupe.
Facebook a laissé filer les données personnelles de dizaines de millions de ses usagers à leur insu, qui se sont retrouvées entre les mains de la firme britannique Cambridge Analytica, spécialisée dans la communication stratégique et qui travailla en 2016 pour la campagne de Donald Trump et celle du Brexit au Royaume-Uni.
Ce scandale, qui a éclaté en 2018, a entraîné la colère d’usagers, de citoyens et de responsables politiques, dont certains appellent depuis à réguler davantage les géants d’internet.
Le réseau a payé une amende record de 5 G$ cet été pour sa mauvaise gestion des données privées de ses utilisateurs et accepté de mettre en place certains changements de gouvernance négociés avec l’Agence fédérale de régulation du commerce.
Mais les démêlés de Facebook avec les autorités américaines ne sont pas pour autant résolus.
Plusieurs enquêtes sont en cours, menées par les États américains et certaines autorités fédérales qui s’inquiètent du pouvoir important acquis par les grands acteurs d’internet dans les communications et de leur façon de gérer les données personnelles.
En novembre, le procureur général de Californie s’est plaint du manque de coopération de Facebook dans le cadre d’une enquête sur ses pratiques en matière de respect de la vie privée.