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La web-télé, nouvel Eldorado des créateurs québécois

Dans la foulée du phénomène Têtes à Claques et du Cas Roberge, nombreux sont les créateurs québécois qui commencent à investir le web, un terrain de jeux aux règles plus souples où la notoriété est parfois au rendez-vous… pour les plus malins.

Un nombre record de 83 millions de visionnements. Voilà le score d’Evolution of dance, la vidéo la plus populaire sur YouTube. Derrière ce succès, pas de grosse production, juste un individu, Jud Laipply, qui a bien compris les ficelles de la Toile.
«La télévision se fait manger  la laine sur le dos par l’internet parce qu’elle ne s’adapte pas à l’évolution de la clientèle», dit en substance Martin Lessard, consultant web et initiateur du blogue ZeroSeconde.com.

Depuis qu’il donne des cours à l’Institut national de l’image et du son (INIS), il a remarqué un phénomène qui prend de l’ampleur : la migration vers le web de certains professionnels de la télévision et du cinéma à la recherche de débouchés pour satisfaire leur appétit créatif.

Vitrine du savoir-faire
«Comme auteures, on a des choses à dire, mais en télé, ça prend des années à faire aboutir des projets. En plus, les gens qui occupent déjà le terrain sont souvent privilégiés», lance Brigitte Pilote, productrice du site internet LesGermaines.tv. Avec sa sÅ“ur, Marcia, elles se sont donc servies de leur expérience avec la série Ramdam pour lancer leur propre site internet, «une vitrine de [leur] savoir-faire».

Fait relativement nouveau pour l’internet, les deux sÅ“urs paient les techniciens et leurs deux Germaines selon les normes de l’Union des artistes. Mais le bouclage des budgets n’est pas forcément évident : tout le monde n’a pas la chance d’attirer rapidement de gros annonceurs comme les Têtes à Claques. «Et comme il n’y a pas encore de législation sur le web, on ne peut pas avoir accès à des crédits d’impôts pour financer nos productions», regrette Brigitte Pilote.

Là où, par contre, l’internet a un avantage, c’est dans les possibilités d’échanges avec les spectateurs. «Sur l’internet, les gens cherchent un rapport privilégié avec l’auteur. Il leur faut de la proximité», expose Visant Le Guennec, producteur de la série web InspectorBronco.com.

Voilà pourquoi il prend le temps de répondre à chacun des courriels qu’il reçoit. À
33 ans, ce publicitaire freelance compte sur l’Inspecteur Bronco pour se faire connaître. «Avec Renaud Gauthier, le scénariste et réalisateur, on porte beaucoup de chapeaux. Ça nous permet de toucher à toutes les étapes, de la production à la diffusion», ajoute-t-il.

La réussite, ils y pensent, mais le succès façon Têtes à Claques n’est pas à la portée de tous. Le Willi Waller a été visionné 16,5 millions de fois depuis 18 mois. Salambo, l’entreprise à l’origine du concept, est depuis passée de 3 à 12 employés.


Le pitch :
Enquêteur choc de la police de Bombay, le James Bond indien combat le crime sous toutes ses formes. Un hommage aux séries télévisées des années 60 à 80 où s’entrecroisent bagarres, enquêtes, romances et poulet tandori !

Les auteurs : Visant Le Guennec est un producteur de publicité montréalais
Renaud Gauthier fait partie de Musical Box un groupe de musique québécois qui a fait le tour du monde en chantant des reprises du groupe Genesis. C’est le scénariste et réalisateur du projet.

Au générique : Une trentaine de personnes et des commanditaires qui fournissent savoir faire et matériel pour pratiquement rien. Trois épisodes de trois minutes coûtent ainsi moins de 5 000 $ à produire.

«Présenter un projet pour la télévision ou le cinéma, c’est fastidieux
et difficile pour ceux qui n’ont pas déjà un pied dans la porte. Là, on
fait tout, de la production à la diffusion, sans contrainte éditoriale.
Ça permet de montrer ce dont on est capable.»
– Visant Le Guennec

Le pitch : Deux femmes ventilent au téléphone sur leur vie
quotidienne. Au menu, les enfants rois, les relations de couple… C’est
un peu la version québécoise de Desperate Housewives, le glamour et les
moyens financiers en moins.

Les auteures : Marcia et Brigitte Pilote ont déjà écrit pour Ramdam (Télé-Québec) et Punch (Teletoon). Elles militent pour une meilleure représentativité du sexe faible dans le monde du cinéma et de la télévision.

Au générique : Une douzaine de personnes qui sont rémunérées. Les 12 épisodes qui sortent chaque mercredi sur le site Internet créé pour l’occasion ont coûté 30 000 $ à produire.

À suivre. Depuis la mise en ligne en mars, dix épisodes sont diffusés sur le site. Sous peu, le site Internet s’enrichira d’une zone pour y laisser ses commentaires.

«L’important sur Internet, c’est la rétroaction rapide avec les
internautes, ce que la télé ne fait pas ou peu. Par exemple suite aux
remarques qui nous ont été faîtes par courriel, on a changé le thème
musical du début parce qu’il était un peu criard.»
– Brigitte Pilote.

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