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Chronique: «On a déjà assez de congés fériés au Québec»… Euh, pardon?

Une foule de plus de 2500 personnes s’est rassemblée jeudi lors d’une marche tenue à Montréal pour la première Journée nationale de la vérité et réconciliation. La marche a débuté à la Place du Canada et s'est terminée à la Place des festivals. Photo: Josie Desmarais/Métro

Vous avez sûrement entendu parler de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, un congé férié national pour honorer les Autochtones, qui s’est déroulée hier, le jeudi 30 septembre. Une journée pour ne jamais oublier les horreurs du passé, s’assurer que cela ne se reproduise plus et pour commencer un processus de réconciliation, de guérison et de réparation… 

Pourtant, au Québec, le 30 septembre était une journée comme toutes les autres. 

«On a déjà assez de congés fériés au Québec», selon notre premier ministre, François Legault. Donc congé pour se remettre de son «party» du jour de l’An, congé pour la mort de Jésus et même congé pour célébrer les débuts de la colonisation «amicale» avec l’Action de grâce, mais un jour de reconnaissance de ce que les peuples autochtones ont vécu? Faut quand même pas exagérer! 

Malheureusement pas étonnant comme rhétorique venant de la part du seul gouvernement en Amérique du Nord à ne pas avoir voulu reconnaître l’existence du racisme systémique envers les Autochtones… 

Pour ajouter l’insulte à l’injure, François Legault a même pris la peine de nommer à la tête du ministère des Affaires autochtones l’ancien porte-parole du SPVM, une organisation qui a fait preuve de «biais systémiques liés à l’appartenance raciale» visant notamment particulièrement les Autochtones selon des chercheurs indépendants… 

Mais, ne vous inquiétez pas, on nous assure à l’Assemblée nationale qu’on a un «plan de travail» pour la réconciliation… *bruits de criquets* 

Même si un congé fédéral pour honorer les survivant.e.s des pensionnats autochtones est plus que pertinent et déjà un premier pas dans la bonne direction, une reconnaissance sans réparation ne vaut malheureusement pas grand-chose. 

Je fais souvent cet exercice avec mes élèves: je prends la bouteille d’eau de quelques élève en reconnaissant que cette bouteille est les leurs, dans l’esprit de la réconciliation et pour que «tous puissent guérir de mes actions». Je place ensuite les bouteilles dans mon sac à dos et je continue mon cours. Les élèves confus me redemandent leur bouteille, car, apparemment, la reconnaissance sans réparation (dans ce cas-ci, reconnaître que la bouteille leur appartient sans pour autant la leur redonner) ne semble pas avoir de sens et ne fait rien pour «réparer» le fait qu’ils aient soif et n’aient plus rien à boire. On dirait que le message est plus clair lorsque illustré de cette façon. 

Les belles paroles, ça ne fait rien pour guérir les blessures encore à vif d’un passé qu’on conjugue encore trop au présent… 

Les Autochtones sont tous marqué.e.s et affecté.e.s par les pensionnats, que ce soit parce qu’on connaît personnellement des personnes y ayant été envoyées ou par les récits traumatiques qu’on entend. Si vous ne me croyez pas, faites juste chercher sur YouTube le nom d’Irene Favel, dont l’histoire, véritable matière à cauchemars, est trop horrible pour être écrite dans ces pages… 

Je peux seulement vous dire qu’il n’est pas surprenant par la suite de concevoir qu’Hitler se soit inspiré du traitement des Premières Nations au Canada et aux États-Unis pour gérer ses camps de concentration… 

On a encore beaucoup de chemin à faire en tant que société pour la reconnaissance, la réparation et la réconciliation avec les Premières Nations. Nous n’avons même pas encore passé la première étape de la reconnaissance et, à attendre le «plan» du gouvernement, on va attendre longtemps s’ils ne sont même pas capables de reconnaître qu’il y a du racisme systémique au Québec.

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