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La porte des pow-wow est grande ouverte

Le pow-wow d'Odanak en 2019
Le pow-wow d'Odanak en 2019 Photo: Gracieuseté Pow Wow Odanak/Facebook

Avec l’arrivée de la belle saison débute la période des pow-wow, ces grands rassemblements célébrant la culture autochtone à travers la danse, le chant et l’artisanat. Et les allochtones sont vivement encouragé.e.s à se joindre à ces fêtes sacrées, à condition de respecter certaines règles éthiques. 

«C’est un peu comme la Saint-Jean», explique d’emblée Xavier Watso, qui a l’habitude d’être maître de cérémonie dans les pow-wow. Il sera d’ailleurs MC au pow-wow de Wôlinak, une communauté abénaquise, les 26 et 27 août prochains. 

Chaque fin de semaine entre juin et septembre, une communauté autochtone (ou parfois deux en même temps) accueille son propre pow-wow.

Le rassemblement extérieur ou intérieur se tient sur au moins deux jours et s’apparente à un «festival» dans lequel les gens vont et viennent comme bon leur semble. «C’est un gros regroupement où est-ce qu’on est juste heureux d’être Autochtones et fiers d’être qui on est. On est contents d’être encore présents et vivants, de le partager et de le show off», poursuit l’Abénaquis Xavier Watso.  

Il rappelle qu’il y a à peine 60 ans, les Autochtones n’avaient pas le droit de célébrer ainsi leur tradition. «Ils [les gouvernements de l’époque] ont essayé de nous éteindre de cette façon-là, en plus des pensionnats, mais ça ne fonctionnait pas. On a quand même continué à conserver nos chants et nos danses», précise celui qui est aussi chroniqueur pour Métro. 

Célébration de la culture autochtone

Pour l’Atikamekw Catherine Boivin, les pow-wow sont surtout une occasion de reconnecter avec les membres de sa communauté. «On revoit des gens qu’on n’a pas vus depuis un bout», mentionne celle qui est danseuse du châle depuis l’âge de sept ans. La danse du châle est une des nombreuses danses et techniques qui peuvent être présentées dans les pow-wow (découvrez-en plus à ce sujet ici).

En matinée, la coutume est de faire le tour du site et des kiosques d’artisanat sur place. «Tu vas voir ceux qui fabriquent des colliers ou parfois il y a des expositions où on présente de quoi. Par exemple, chez nous, les Abénaquis, des fois on bat le frêne et on explique comment faire», explique Xavier Watso.

Puis, la célébration débute autour de midi le samedi avec la Grande Entrée des danseur.euse.s, tous.tes vêtu.e.s de leur regalia (vêtement traditionnel porté lors des danses cérémoniales du pow-wow). Cette ouverture officielle est d’ailleurs à ne pas manquer, selon le rappeur algonquien anishinabeg, Samian, originaire de Pikogan. «C’est tellement puissant. J’ai rarement, peut-être même jamais, connu quelqu’un qui n’avait pas eu de frissons à ce moment-là», souligne-t-il.  

S’il s’agit d’un pow-wow traditionnel, les participant.e.s sont appelé.e.s à tour de rôle pour faire une démonstration de leurs danses ou de leurs chants. Et, plus tard dans l’après-midi, tout le monde – autochtones et allochtones, même ceux et celles qui ne portent pas de regalia – sont invité.e.s à se joindre aux «danses intertribales».

Durant les pow-wow dits «de compétition», on peut aussi assister à des épreuves, comme celle de la personne qui est capable de transporter un objet lourd sur la plus grande distance, mais aussi à des tournois de danse pour lesquels des centaines de milliers de dollars sont en jeu. Dans ce type de pow-wow, il y a moins de cercles de danses pour les débutant.e.s.

Puis, en soirée, a lieu un souper communautaire agrémenté de certains plats typiquement autochtones, suivi d’activités de groupe comme un grand concert de musique ou un «méga bingo». Et le lendemain, ça recommence!

Bienvenue aux allochtones!

Une chose est claire, autant pour Catherine Boivin et Xavier Watso que Samian: tout le monde est bienvenu dans les pow-wow. «C’est une chose que je répète le plus souvent parce que je me fais souvent poser la question: est-ce que les allochtones peuvent y aller?», indique Catherine Boivin. Et la réponse est oui. 

Venez à nos pow-wow, venez à notre rencontre, vous êtes les bienvenu.e.s et on va avoir du fun

Catherine Boivin, danseuse du châle atikamekw 

La porte est «grande ouverte» pour tous ceux et celles qui le désirent, renchérit Samian. «Et à chaque fois que je suis allé dans des pow-wow dans ma vie, j’ai toujours vu des allochtones aller danser et se faire montrer des types de danse par des danseurs qui sont sur place», souligne-t-il.  

Il faut toutefois comprendre que ces cérémonies ne sont pas des spectacles et qu’elles sont régies par de nombreux protocoles à suivre afin de respecter les traditions autochtones.  

Code de conduite:

  • Ne pas se déguiser ou se peindre le visage. «N’arrivez pas là avec des fausses plumes», lance Xavier. Les habits portés par les danseur.euse.s lors des pow-wow ne sont pas des costumes, mais bien des habits traditionnels appelés regalia.  
  • Écouter et suivre les consignes du maître de cérémonie (MC). Le MC est le lien direct entre les participant.e.s et le directeur d’arène, qui gère l’ordre des choses. «Souvent, il va dire, par exemple, quand enlever son chapeau ou se lever lors des chants sacrés», indique Catherine.  
  • Demander avant de prendre des vidéos ou des photos. Par exemple, il est interdit de sortir sa caméra durant l’entrée des danseur.euse.s sans l’autorisation de la communauté. «Il y a des gens qui offrent du tabac aux danseurs pour une photo. C’est bien de donner quelque chose en échange de leur temps», souligne Catherine.  
  • Échanger avec les danseur.euse.s en temps et lieu. En effet, Samian conseille d’aller parler aux danseur.euse.s de leurs techniques. «Chacun fabrique sa propre regalia et ils sont super fiers d’en parler. Si t’es allochtone et que tu cherches un sujet de conversation, je pense que c’est quelque chose de fun à aborder», dit-il. 
  • Encourager l’art et l’artisanat autochtones sur place. «Des fois, les gens se demandent s’ils peuvent porter de l’artisanat autochtone. Tu peux si tu l’achètes d’un artisan autochtone, car ça devient de l’appréciation culturelle et un partage à la source», laisse savoir Xavier. 

Une nouvelle tradition nationale 

Il est même possible de faire la «route des pow-wow» en suivant le calendrier des évènements disponible en ligne. Mais si vous n’avez pas la chance de vous déplacer dans une des communautés autochtones du Québec cet été, célébrez les peuples autochtones le 21 juin, jour de leur fête nationale partout au pays.

Pour l’occasion, un concert rassemblant des artistes autochtones et allochtones sera diffusé pour une deuxième année de suite à la télévision. Le Grand solstice, une initiative de la chanteuse innue Elisapie, se veut un «grand pow-wow télévisuel». 

Le grand solstice sera diffusé en primeur le lundi 20 juin 2022 à 20h sur ICI ARTV et APTN, et le mardi 21 juin 2022 à 20h sur ICI TÉLÉ, Télé-Québec et en stéréo sur ICI MUSIQUE. Il sera aussi disponible en rattrapage sur ICI Tou.tv tout de suite après la diffusion sur ICI TÉLÉ.

Selon le rappeur Samian, qui participera à l’évènement, la Journée nationale des peuples autochtones devrait être reconnue et «entrer dans la tradition» au même titre que la Saint-Jean et le premier juillet. «Le 21 juin est la grande porte d’entrée pour les trois grandes fêtes nationales parce qu’elles sont proches», se réjouit-il.  


Faits saillants sur les pow-wow

Chaque semaine durant l’été. Il y a au moins un pow-wow chaque fin de semaine à partir de juin et jusqu’à la mi-septembre. Il est donc possible de faire un circuit estival de tous les pow-wow, appelé «route des pow-wow».

Jusqu’à trois jours. Un pow-wow dure toujours plus de 24 heures, souvent deux à trois jours. 

Deux types. Il existe deux types de pow-wow: les pow-wow traditionnels, qui sont avant tout un rassemblement culturel, et les pow-wow de compétition, qui incluent des tournois avec des prix en argent. Mais chaque pow-wow est différent.

Regalia. Les habits traditionnels portés par les danseur.seuse.s de pow-wow s’appellent des regalia.

Fête nomade. Les pow-wow ont majoritairement lieu à l’extérieur, mais peuvent aussi se tenir dans des amphithéâtres, à l’abri de la pluie. 

Pas d’alcool. On ne consomme généralement pas de boissons alcoolisées ni de drogues sur les sites des pow-wow.

Écoutez la liste de lecture festive de Xavier Watso :

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