Technoparc: Québec favorise les intérêts privés des promoteurs, martèlent des écologistes
Alors qu’un jugement est attendu prochainement dans le dossier de la protection d’espaces verts au Technoparc Montréal, une association d’organismes environnementaux affirme que le ministère de l’Environnement du Québec n’a «jamais refusé» une demande de certificat d’autorisation d’un promoteur pour un projet de développement pareil. Le groupe réclame une enquête publique pour faire la lumière sur cette «situation inquiétante».
«Des représentants du ministère nous l’ont avoué pendant leur témoignage en Cour. Ça ne s’est jamais fait de dire non à une autorisation d’un promoteur. Jamais! C’est vraiment choquant», explique à Métro le porte-parole de la Coalition verte, Campbell Stuart.
Son organisme a entamé le 3 février sa cause devant la Cour supérieure du Québec. Celle-ci l’oppose à la Ville de Montréal et au ministère de l’Environnement du Québec. M. Stuart affirme que cet aveu du gouvernement met au jour «un terrible scandale» au cœur même de l’administration appelée à protéger notre environnement.
«Nous savons maintenant que cette administration travaille pour les promoteurs et non pour l’environnement ni pour le public», insiste-t-il également.
La Coalition verte tente depuis 2016 d’empêcher la destruction de milieux naturels sur le site du Technoparc. Elle s’oppose à l’aménagement de l’Éco-Campus Hubert Reeves sur une partie de l’immense parc de recherche scientifique. La Ville de Montréal veut toutefois en faire un lieu de prédilection pour les entreprises spécialisées dans le développement durable et dans les technologies propres.
Une évaluation déficiente au Technoparc?
Dans le dossier du Technoparc, plusieurs membres de l’organisme dénoncent que Québec ait livré des autorisations en ne se basant que sur des «décomptes d’oiseaux faits par le promoteur en plein hiver»
Un développement immobilier massif détruira la plus grande «variété et densité d’oiseaux sur l’île de Montréal», dénonce aussi Campbell Stuart.
Le site est effectivement convoité par différentes entreprises. Le Groupe Montoni a entrepris l’an dernier la construction d’un immeuble dans le secteur, où transitera le Réseau express métropolitain (REM) en 2023.
«Les études que le gouvernement a en main sont largement insuffisantes. Elles manquent d’information et ne tiennent pas compte de la réalité. Ils n’ont pas pris le temps d’examiner la situation de près.» -Campbell Stuart, porte-parole de la Coalition verte
Appelé à réagir, le porte-parole au cabinet du ministre de l’Environnement, Louis-Julien Dufresne, a indiqué que le gouvernement ne commentera pas la situation, étant donné que le dossier est devant les tribunaux. «Nous allons laisser le processus judiciaire suivre son cours», a-t-il indiqué.
Une enquête et un moratoire réclamés
Peu importe l’issue du procès pour l’avenir du Technoparc – le juge doit rendre sa décision prochainement –, le regroupement estime qu’une enquête indépendante doit être lancée «immédiatement». L’objectif: faire la lumière sur la procédure de livraison des autorisations du ministère de l’Environnement.
«Il faut éveiller les consciences sur ce genre de pratiques. Et, surtout, demander à ce que ce soit rectifié rapidement», insiste M. Stuart. Il demande à ce que le public soit «impliqué» dans l’enquête.
Une fois lancée, celle-ci devra revoir la validité de «tous les certificats d’autorisation déjà émis», prévient la Coalition. Entre-temps, l’organisme somme aussi Québec d’imposer un moratoire sur la livraison de nouvelles autorisations. Le temps de terminer l’enquête et de corriger les manquements.
Montréal se dit proactive
Au début février, l’avocat de la Ville dans ce dossier, Éric Couture, indiquait que plusieurs efforts ont été faits au cours des dernières années afin de protéger des espaces verts et des milieux humides dans ce secteur.
«Notre administration a prouvé, par ses actions, que la préservation de la biodiversité est importante», indique l’attachée de presse la mairesse de Montréal, Geneviève Jutras. Elle affirme que les nombreuses acquisitions de terrains effectuées par la Ville ces derniers mois dans le cadre du projet du Grand parc de l’Ouest parlent d’elles-mêmes.
Montréal est devenue propriétaire du Technoparc Montréal en décembre.
Un an plus tôt, la Ville avait toutefois choisi de ne plus subventionner l’organisme responsable de ce parc scientifique. Un rapport du contrôleur général avait effectivement souligné son manque de transparence et d’autonomie financière.