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Comment le milieu de la culture réagit-il à une possible alerte rouge?

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Photo: Gabriel Kuchta/Getty Images
Amélie Revert et Marie-Lise Rousseau - Métro

Alors que le ministre Dubé laisse entendre que Montréal passera très prochainement en zone rouge, la menace d’un reconfinement plane sur le Québec. Comment le secteur de la culture, qui a subi de plein fouet la crise du coronavirus au printemps dernier, se prépare-t-il a une telle éventualité? Métro a mené l’enquête.

Jeudi soir, un peu avant 21h. Les festivaliers de POP Montréal s’installent confortablement dans la salle du Rialto pour assister – enfin – à un concert, en l’occurrence celui de Land of Talk. À la différence des autres éditions, celui-ci ne va durer qu’une demi-heure tapante.

Depuis que les autorités ont approuvé la tenue des festivals pendant l’été, les règles sanitaires qui encadrent les évènements culturels sont en effet très, très strictes. Port du masque obligatoire, tenue d’un registre des participants, désinfection des mains à l’entrée ou encore distanciation physique, tout est minutieusement organisé, sécurisé, contrôlé.

Après une frayeur dimanche 20 septembre, lorsque Montréal a basculé de l’alerte jaune à orange, les festivals et lieux culturels peuvent souffler au moins un peu. «Jusqu’à maintenant, les théâtres et les salles de spectacles et de cinéma ont bien su faire respecter ces consignes afin d’empêcher les foyers d’éclosion et on ne peut que saluer leurs efforts», tient à rassurer le ministère de la Culture du Québec.

Alerte rouge à la COVID, un flou artistique pour la Culture

Mario Fortin, directeur général des cinémas du Parc, Beaubien et du Musée, ne veut pas s’imaginer le pire. Il est prêt à toute éventualité. «Si nous devons baisser notre capacité à 50 personnes ou fermer le comptoir à bonbons, nous le ferons. Si nous devons fermer, bien sûr que nous fermerons, mais je vais pleurer», affirme-t-il, avec toute l’expérience que ce printemps difficile lui a apporté.

Anne Trudel, présidente du Conseil québécois du théâtre, a fait part de ses inquiétudes à Métro. Avec une possible alerte rouge, «il ne faut pas que ça ferme!», prévient-elle. «Notre secteur se remet tranquillement au travail. La survie des compagnies, surtout des petites salles de diffusion, ça se fait à grand risque financier en ce moment», précise-t-elle.

Même si Anne Trudel salue le soutien financier reçu de la part du gouvernement, celui-ci n’est pas suffisant. «Il n’est pas à la hauteur de nos besoins pour assurer une diffusion qui doit non seulement rentable, mais qui crée un budget équilibré des compagnies. S’il n’y a pas d’aide maintenant, il y a des théâtres dont la survie n’est pas assurée après Noël.»

Pour rappel, en juin dernier, la ministre de la Culture et des Communications avait accordé 400 M$ sous la forme d’un plan de relance, puis «une aide supplémentaire de 20 340 000 $ à 318 organismes de création, de production et de diffusion le 18 août dernier, en plus du programme d’aide temporaire aux lieux de diffusion de spectacles, à la hauteur de 6 M$».

Le gouvernement affirme également continuer d’être à l’écoute des milieux culturels et artistiques «afin d’outiller des entreprises de chez nous à passer à travers la crise actuelle».

Des évènements en plein air incertains

Depuis le passage en zone orange, les espaces dédiés à la culture en intérieur peuvent continuer d’accueillir jusqu’à 250 personnes. Pour l’extérieur, la jauge a quant à elle été abaissée à 25 personnes, incluant le personnel organisateur, soit 10 fois moins que ce qui était préalablement autorisé.

«Ça a été une annonce radicale», confie D. Kimm, directrice artistique de Phénomena. Bien qu’il ait dû s’adapter et se réinventer pour sa neuvième édition avec des spectacles enregistrés et des créations numériques, le festival interdisciplinaire a cependant été contraint de reporter l’un de ses deux spectacles en public, celui de la chorégraphe Hélène Langevin.

«La création de Peter Trosztmer, Falling Slowly, est pour l’instant maintenue. On va essayer de s’adapter avec la nouvelle jauge, car elle était destinée à 40 personnes. C’est héroïque de vouloir continuer dans ce contexte, mais on veut vraiment réaliser nos projets», poursuit-elle, entre espoir et fatalisme.

À une dizaine de jours du lancement du Festival du nouveau cinéma, son directeur général Nicolas Girard Deltruc garde un contact permanent avec la Ville de Montréal, le ministère de la Culture et la Santé publique. «Même si nous sommes prêts depuis le départ avec les réglementations strictes qui encadrent les activités en physique, nous n’avons pas le choix de suivre la situation au jour le jour», dit-il.

Pour le FNC aussi, la problématique se situe autour de la clarification des évènements en extérieur. «On a du mal à comprendre pourquoi 250 personnes sont autorisées en intérieur, mais pas dehors. Pourquoi n’est-il pas possible de rassembler 250 personnes assises à l’extérieur, en respectant les mêmes règles?» se questionne le directeur du FNC, qui doit projeter les films d’ouverture et de clôture sur la Place des Festivals.

Dans l’éventualité d’une alerte rouge, et des incertitudes qui entourent le maintien ou non des évènements physiques, «on sera présent quoiqu’il arrive avec notre contenu en ligne», se veut rassurant Nicolas Girard Deltruc.

Pour conclure, devant un tel avenir incertain, Mario Fortin formule ces mots: «Le patient est sorti du coma, et il faut maintenant ajuster la médication selon son état», faisant une analogie avec le secteur culturel.

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