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Uniformes scolaires: «l’hypocrisie» du Collège Jean-Eudes dénoncée

Collège Jean Eudes uniformes
Le Collège Jean-Eudes Photo: Google Street view

Alors que le Collège Jean-Eudes se dit ouvert au débat autour de l’uniforme scolaire, d’anciennes élèves pointent du doigt les contradictions entre le discours et les actes posés par l’établissement.

Une semaine après que des garçons ont décidé de porter des jupes en classe, attirant l’attention des médias sur la question de l’uniforme genré, l’école secondaire Jean-Eudes célèbre l’initiative de ses élèves.

«Aujourd’hui, nos élèves ont usé de créativité pour questionner la place de l’uniforme au Collège. […] Nous saluons l’audace de la jeunesse qui osera toujours questionner des façons de faire et les traditions afin d’en créer de nouvelles, en tout respect de la vision de notre institution: élever des intelligences et des cœurs», pouvait-on lire sur la page Facebook du Collège Jean-Eudes.

Or, la direction de l’établissement scolaire ne prévoit pas modifier son règlement pour le moment.

«On ne peut pas changer le règlement immédiatement, ça serait une réaction trop hâtive. On veut d’abord consulter les membres du personnel et les parents avant de prendre ce genre de décision», a affirmé le directeur, Dominic Blanchette.

Selon lui, un sondage mené auprès des élèves de l’école aurait montré que seulement 7% d’entre eux n’étaient pas satisfaits par leur uniforme.

Pourtant, plusieurs anciennes élèves ont publié dans Le Devoir une lettre ouverte adressée au personnel administratif du Collège Jean-Eudes. Elles demandent notamment des excuses pour les humiliations vécues et un changement du règlement concernant l’uniforme.

Questionné à ce sujet, M. Blanchette affirme avoir «accueilli positivement» leurs témoignages, ajoutant qu’il aurait préféré recevoir la lettre avant qu’elle ne soit rendue publique.

Contrôler le corps des femmes

Sur les réseaux sociaux les nombreux témoignages d’étudiantes dénoncent aussi l’hypocrisie de la direction du collège qui n’a jamais pris au sérieux leurs revendications sur le sujet. Elles décrivent un règlement injuste, sexiste et hypersexualisant qui était souvent prétexte à des humiliations et des punitions.

Selon la sociologue spécialisée dans les violences faites aux femmes, Sandrine Ricci, la question de l’uniforme genré n’a rien d’anecdotique. Elle déplore l’existence de tels règlements qui visent à contrôler le corps des femmes à travers leur tenue vestimentaire.

Mme Ricci s’est d’ailleurs elle-même heurtée au conservatisme du Collège Jean-Eudes à titre personnel, lorsque sa fille y était scolarisée. Contactée par l’école parce que sa fille «raccourcissait sa jupe», elle n’a pas réussi à avoir de dialogue constructif avec l’administration.

«C’est une forme de domination normative qui n’a aucune raison d’être. Les étudiantes ont interpellé les établissements scolaires de nombreuses fois à ce sujet, mais elles sont difficilement entendues», explique la sociologue.

Bien que l’initiative des garçons soit un signe de solidarité, Mme Ricci rappelle que l’écho médiatique qu’elle a reçu est aussi une marque de leur privilège masculin. De leur côté, les filles qui ont tenté de transgresser la règle ont été punies systématiquement.

«Pour lutter contre les violences faites aux femmes, je crois que l’énergie des établissements scolaires devrait plutôt aller à l’éducation sexuelle et à l’apprentissage du respect et de l’égalité», souligne-t-elle.

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