Québec veut développer un «réflexe Montréal-Nord»
Reconnaissant une «urgence d’agir», Québec veut permettre à des projets qui touchent Montréal-Nord de contourner les programmes d’aide gouvernementaux habituels afin d’obtenir plus facilement du financement et venir plus rapidement en aide à la population.
«Ce qu’on vit à Montréal-Nord, c’est une situation qui est totalement inacceptable», affirme la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Chantal Rouleau, lors d’un entretien avec Métro.
Mi-octobre, Mme Rouleau a initié un comité politique sur lequel siègent plusieurs élus de Montréal-Nord. «L’accroissement de la violence, les coups de feu tirés près des écoles, les mères qui sortent dans les rues et qui demandent ce qu’elles doivent faire avec leurs enfants, on ne peut pas rester insensible à ça, c’est certain», martèle Mme Rouleau.
Or, certains commencent à s’impatienter. Mercredi, des organismes de Montréal-Nord ont fait front commun pour exiger des mesures concrètes, rappelant que plusieurs projets sont actuellement sur la glace, faute de financement.
«Il y aura des annonces», dit Chantal Rouleau
Si Mme Rouleau se retient d’annoncer quels projets auront droit à du financement de la part du provincial, elle s’engage à développer un «réflexe Montréal-Nord».
Concrètement, explique-t-elle, le gouvernement veut permettre aux organismes de contourner les «programmes normés» par lesquels ils passent habituellement pour obtenir de l’argent. Pour l’élue caquiste, cette bureaucratie est un obstacle, une «boîte» de laquelle il faut sortir.
Les annonces viendront une fois ce nouveau mécanisme mis en place, ajoute-t-elle.
La ministre Rouleau indique qu’elle travaille actuellement sur ce dossier avec le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant.
Jeudi après-midi, lors la période de questions de l’Assemblée nationale, Mme Rouleau a indiqué qu’il fallait arriver à «un panier bien tissé de mesures» et que Québec pourra éventuellement adapter son initiative à d’autres secteurs qui vivent une situation semblable dans la province. Elle répondait alors à une intervention de la députée de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, qui a interpellé plusieurs fois la ministre à ce sujet au cours des derniers jours.
Un écart à combler à Montréal-Nord
La ministre Rouleau convient qu’il y a un écart à combler au niveau des investissements dans le nord-est de Montréal. Elle se dit notamment préoccupée par le sous-financement des organismes communautaires, révélé par une étude commandée par l’arrondissement de Montréal-Nord en 2019.
Celle-ci avait révélé que les organismes communautaires du secteur obtenaient proportionnellement moins d’argent que ceux des autres quartiers de la métropole. Montréal-Nord se retrouvait notamment en queue de peloton sur la liste du Programme de soutien financier aux organismes communautaires (PSOC), géré par le ministère de la Santé et des services sociaux. Une situation qu’avait déplorée la mairesse Christine Black en raison des besoins élevés de la population de Montréal-Nord, plus défavorisée que la moyenne.
«Les organismes connaissent le terrain, mais manquent de moyens, concède Mme Rouleau. Il faut les aider à être plus efficaces».
Elle affirme que le gouvernement sera proactif en ce sens, écorchant au passage les libéraux et les péquistes.
«Certainement que les gouvernements précédents n’ont pas agi comme ils auraient dû le faire. On a identifié cette problématique-là il y a 20 ans et on se retrouve dans la même situation.»