2021: le CEM-E sera sans pitié avec le SIPI et l’Écoparc
La vision de développement économique du Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île (SIPI), l’Écoparc de la Grande Prairie et le port de Montréal auront, entre autres, une place de choix dans l’agenda 2021 du Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E).
Raymond Moquin, président de ce regroupement de citoyens depuis huit ans, déclare que son collectif suivra de près les projets du SIPI et de l’Écoparc industriel en 2021. À travers la première initiative, la Ville de Montréal entend transformer les espaces industriels de sa partie est en un pôle d’activités qu’elle qualifie de« moderne, attractif et durable.» Le Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île va de la Ville de Montréal-Est aux arrondissements de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, d’Anjou et de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.
Quant au secteur Assomption Sud-Longue-Pointe, il sera requalifié pour la création d’un Écoparc industriel. Sont censées s’y installer des entreprises s’inscrivant dans une dynamique de développement durable en partenariat avec leur communauté. Tout comme le projet précédent, celui-ci entre dans le cadre de la revitalisation de l’est de l’île.
Le Collectif en environnement Mercier-Est suivra ces deux chantiers à la loupe, parce que d’après lui, ils auront un impact sur toutes les autres réalisations à venir.
Changement de paradigme
«Ainsi, si on destine le territoire principalement à l’implantation de l’industrie lourde et également à n’être qu’une vaste série d’entrepôts pour servir les besoins de l’industrie de la logistique et du port de Montréal, cela a un impact direct sur le niveau de nuisances urbaines comme la qualité de l’air, sur le camionnage, sur la façon dont on imagine le transport collectif, le verdissement, etc.», énumère M. Moquin.
Pour lui, l’orientation qui sera donnée à l’Écoparc de la Grande Prairie et au Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île (SIPI) en 2021 demeure importante. «Il faut changer le paradigme associé au développement économique du territoire, actuellement étroitement associé à l’industrie lourde et à l’industrie pétrolière ainsi qu’aux activités portuaires et à ses dérivés (industrie de la logistique)», affirme l’environnementaliste.
Son collectif sera aussi regardant sur le développement du Réseau express métropolitain (REM). Il juge que les citoyens doivent se prononcer sur le tracé et la forme que prendront les infrastructures.
«C’est sûr que si on essaie de nous imposer un REM comme le REM qui est à l’ouest de l’île avec des superstructures, ça ne fonctionne pas dans le cadre de notre quartier résidentiel», a-t-il prévenu quelques jours avant la présentation du projet par la Caisse de dépôt et placement du Québec, le 15 décembre.
Port de Montréal
Le développement du port de Montréal figure aussi au nombre des préoccupations du CEM-E pour l’année qui débute. Selon lui, si ce port est créateur de richesses, il est également source de nuisances pour les quartiers environnants.
«On parlait l’année dernière, d’une augmentation de 60% des capacités de traitement de marchandises. C’est énorme cela, ça a un impact direct sur le camionnage et tout ce qui s’ensuit. Nous, on pense que le port est rendu à un stade où il devrait arrêter de croître», préconise M. Moquin.
Il justifie sa position en disant que, si le port n’est pas capable de contrôler les nuisances liées à sa croissance, il doit interrompre celle-ci pour se donner le temps de trouver une solution à la pollution. Le CEM-E suggère une accélération de l’électrification des activités portuaires en déplorant l’utilisation de machines Diesel qu’il considère comme étant «extrêmement polluantes.»
En plus de ces engagements, le collectif continuera d’être implacable vis-à-vis de la pollution atmosphérique et sonore, causée par les industries et la carrière. Il se dit prêt à se battre sur tous les fronts pour éliminer ces nuisances.
Le verdissement est en retard
Le Collectif en environnement de Mercier-Est regrette par ailleurs qu’il y ait eu beaucoup de recul en matière de verdissement, de parcs et d’espaces verts. Il en veut d’abord pour preuve le développement commercial du golf d’Anjou.
«Cela brise la possibilité d’avoir une trame verte nord sud au niveau de l’île de Montréal. Ça, c’est extrêmement dommageable dans un contexte où l’est de l’île manque cruellement d’espaces verts. Il faut qu’il y ait une équité entre l’est et l’ouest», spécifie M. Moquin.
De son point de vue, des millions de dollars sont investis pour l’achat de terrains dans l’ouest. Or, rien ne serait fait, à ses yeux, dans l’est sous prétexte que les terrains sont contaminés: «À ce rythme là, on n’aura jamais d’espaces verts, on ne fera jamais d’équité.»
Parlant de développement commercial des espaces verts, le CEM-E ne jette pas seulement la pierre à l’arrondissement d’Anjou.
«Il y aussi des espaces verts qui sont sacrifiés chez nous (Mercier-Hochelaga-Maisonneuve). À Assomption sud, il y a beaucoup de terrains et il y a eu des manifestations ou des actions citoyennes pour protéger le boisé Molson et le boisé Steinberg. Il y a des choses comme ça qu’il faut protéger. C’est pas seulement la Ville d’Anjou», nuance M. Moquin.