Le Bois-des-Pères, un écosystème menacé
Le Bois-des-Pères, qui borde l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), serait mis en danger par la neige souillée déversée illégalement par l’établissement de santé. C’est ce que dénonce un citoyen engagé pour la préservation des boisés.
Depuis des années, François Plourde, passionné de biologie, défend les boisés de l’Île de Montréal qui sont «grugés petit à petit», en train de «disparaître de la carte». Sa préoccupation du moment concerne le Bois-des-Pères, situé le long de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, entre le boulevard de l’Assomption et la rue Dickson.
Selon ses observations, le boisé qui abrite l’une des rares érablières à caryer cordiforme de la métropole serait mis en péril par des déversements illégaux de neige souillée provenant notamment de l’hôpital.
L’enjeu remonterait au moins à 2019, puisqu’un dossier avait déjà été déposé auprès de l’arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie il y a deux ans.
Les problématique de préservation du boisé existe cependant depuis toujours, d’après M. Plourde. En 2003, les équipes du Comité écologique du Grand Montréal y avaient d’ailleurs fait une découverte macabre. Au cours de travaux de renaturalisation, ils avaient mis au jour un charnier d’animaux de laboratoire ainsi que du matériel médical.
«Le boisé a un voisinage compliqué. C’est un milieu naturel où l’on trouve une flore printanière rare. La neige qui est déversée là est souillée de déchets et de sels de déglaçage qui sont particulièrement nocifs. Ils contaminent les sols et pourraient même atteindre les nappes phréatiques», se désole M. Plourde.
«C’est surtout étonnant que la Ville et l’arrondissement n’agissent pas, alors que des millions sont investis dans la décontamination des sols à Montréal», ajoute-t-il.
Alerter les élus
Pour faire entendre sa cause, M. Plourde a interpellé les élus de Rosemont-La Petite-Patrie, photos à l’appui, lors du dernier conseil d’arrondissement.
Le directeur de l’arrondissement, Daniel Lafond, a alors fait savoir qu’une entreprise avait justement été mandatée pour apporter des solutions de stabilisation et de gestion de l’eau du Bois-des-Pères.
«Cette démarche-là nous a permis de constater qu’il y a effectivement une problématique d’érosion. […] Nous allons nous assurer que cette situation-là soit corrigée par des échanges que nous aurons avec l’hôpital, notamment», a-t-il affirmé.
L’érosion ne serait toutefois pas liée aux sels de déglaçage d’après l’arrondissement.
Appelé à réagir, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, qui gère l’HMR, affirme n’avoir jamais eu connaissance de cet enjeu lié au déneigement de son terrain jusqu’à présent.
«Un suivi sera fait auprès de l’arrondissement à ce sujet et les déneigeurs avec lesquels nous faisons affaire seront aussi consultés pour savoir s’il y a effectivement du déversement de neige qui est fait dans ce boisé», assure toutefois le conseiller en communication et relations médias du CIUSSS Christian Merciari.
Revaloriser le boisé
Afin qu’il soit mieux préservé, M. Plourde croit que le Bois-des-Pères devrait avant tout être revalorisé. C’est pourquoi il a soumis ce mois-ci un projet au Budget participatif de la Ville de Montréal.
Intitulé «La trame verte et bleue de l’Est», le projet propose de relier les parcs Bois-des-Pères, Francesca-Cabrini, Lady-Alys-Robi et Boisé-Jean-Milot pour créer une voie verte à travers le territoire. Cela permettrait notamment au Bois-des-Pères d’être désormais géré par le Service des grands parcs de la Ville.
«Ce serait aussi l’occasion de communiquer davantage sur l’importance de ces milieux auprès de la population. Une campagne de sensibilisation et des affiches pourraient être créés pour donner envie aux gens de s’y intéresser et de s’impliquer», croit M. Plourde.