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Première Biennale transnationale noire à la galerie Art Mûr

Une installation de l’artiste Esther Calixte-Béa Photo: Métro Média - Lila Maitre

Une nouvelle biennale d’art contemporain vient de voir le jour. Af-Flux, la première Biennale transnationale noire, réunit plusieurs artistes noirs autour d’un même thème, Monde Bossale. L’exposition se tient à la galerie Art Mûr, située près du métro Rosemont, jusqu’au 23 octobre, et des conférences et performances sont également au programme jusqu’au 11 décembre dans divers espaces culturels.

Af-Flux, Biennale transnationale noire est un événement regroupant une quinzaine d’artistes qui abordent des questionnements sur les différentes communautés noires. Ils utilisent des médiums variés; on retrouve de la peinture, de la sculpture, de la photographie, de la vidéo et même de l’art numérique interactif.

La mise en place d’une biennale, soit un événement qui a lieu tous les deux ans, démontre la volonté des organisateurs de créer un événement sur le long terme contrairement à une exposition unique. «C’était plus intéressant d’arrêter de faire des “coups” et d’inscrire ces questionnements-là dans la durée, parce que sinon une fois que la poussière retombe, on a oublié et on retourne dans les mêmes travers», a assuré le commissaire de l’exposition, également artiste et professeur, Eddy Firmin alors qu’il abordait les prémices de la biennale.

Des communautés noires

Eddy Firmin a choisi d’intituler cette première édition Monde Bossale. «Le mot “bossale” renvoie à “l’étranger absolu”, il est l’esclave africain qui va arriver sur les côtes d’Amérique et qui va se faire poser un licol (le collier mis sur les esclaves) […] le Bossale par excellence, c’est une identité transitoire», explique-t-il.

L’exposition réfléchit aux questions entourant une identité souvent multiple. Car il n’existe pas une seule communauté noire, mais bien plusieurs. C’est pourquoi cette biennale apparaît sous le nom de «transnationale», soit qui concerne plusieurs nations. Par le biais des arts visuels, les artistes peuvent interroger la notion de double nationalité, à l’instar d’Amartey Golding. À travers les vidéos Chainmail, il interroge ses origines anglaises et ghanéennes en faisant porter à ses personnages une cotte de mailles, une référence à l’Angleterre, mais aussi à l’esclavage.

Les photographies de Cécilia Bracmort. – Métro Média/Lila Maitre

Même si ce sont plusieurs communautés noires qui s’expriment, Eddy Firmin souligne qu’elles font l’expérience d’une réalité commune. «Noir ce n’est pas une identité, noir c’est une condition.»

L’utilisation du corps est pour certains artistes un moyen de poser des questions ou de mettre en lumière des réflexions. «Il n’est pas un corps dominant, il a été longtemps subalternisé, il a été un objet de propriété, et aujourd’hui il devient porteur de richesse», indique Eddy Firmin.

Cela peut passer par un corps féminin qui assume fièrement sa pilosité, comme dans les œuvres d’Esther Calixte-Béa, ou par un visage dont la peau devient celle d’un ananas, ainsi que l’illustrent les photographies de Cécilia Bracmort.

Pour continuer le dialogue mis en place par les œuvres d’art, la biennale prévoit aussi plusieurs conférences qui auront lieu jusqu’en décembre. Elles aborderont des thèmes relatifs aux déplacements, à l’appropriation et à la réappropriation culturelles ainsi qu’au corps et à la mémoire. La plupart des conférences se tiendront en ligne, et quelques-unes auront lieu en présentiel dans divers lieux culturels de Montréal.

Plusieurs performances artistiques sont également au programme, notamment celles des artistes Jeannette Ehlers, Kama La Mackerel, Zab Maboungou, Anna J.McIntyre, Dana Michel et Ngemba.

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