Tester les limites pour… tester les limites
Troll – n.m. Personne qui tient des propos controversés dans l’unique but de lancer une polémique.
Hier, un malheureux troll, que nous ne nommerons pas parce que ça lui ferait trop plaisir, est allé trop loin sur son blogue. Il a impliqué une vedette du showbiz québécois dans une séance de littérature pornographique de mauvais goût, pour ne pas dire un viol symbolique, en décrivant avec moult détails les fantasmes qu’il lui ferait subir maintenant que des rumeurs courent quant à son nouveau célibat.
Pas connu pour respecter les limites du bon goût, il a cette fois dépassé les limites de l’acceptable, et plusieurs internautes se sont retrouvés devant le même dilemme : partager pour dénoncer, ou taire et laisser être. Car tester les limites, choquer, tâter de la susceptibilité des vierges offensées, c’est exactement ce à quoi carbure le troll, plaçant ses adversaires dans une situation sans issue.
Il laisse aussi plusieurs personnes dans une grande perplexité : pourquoi? Pour attirer l’attention, bien sûr. Les clics, ça paye. Mais aussi pour tester les limites, pareil comme un adolescent. «Je repousse les limites pour nous tous», m’a-t-il expliqué.
Non, troll. Tu ne fais rien de valeureux pour la liberté d’expression. Tu ne fais que prouver qu’elle a besoin d’être contrainte, balisée, comme nos valeurs apparemment. Tu montres que nous ne sommes pas assez matures collectivement pour vivre avec toute la liberté que nous procure le web. Que si on nous donne tout cet espace de liberté, forcément, quelqu’un ira trop loin. Toi. Tu es la preuve qu’il faudrait resserrer les règles du web, pour restreindre ta liberté de dépeindre graphiquement les ébats sexuels – issus de tes fantasmes – d’une personnalité publique sans son consentement. Même en…«joke».
Plusieurs se sont offusqués d’apprendre que ce troll aurait dorénavant une tribune de plus sur l’encore respectable portail Voir. La plateforme «Voir Trouble» mettra en vedette lui et d’autres agitateurs du web. «On ouvre une zone, un rassemblement d’esprits créatifs», explique Simon Jodoin, le rédacteur en chef. Car, oui, malgré le potentiel trash de ces performeurs, force est d’admettre que certains d’entre eux ont un talent narratif et une grande maîtrise du médium. Mais tout en profitant de leur notoriété, Voir Trouble sera un peu Les trolls entrent à la prématernelle. Des balises, il y en aura. «Il y a une ligne éditoriale, ça reste sur Voir», nous rassure Simon Jodoin. Cautionne-t-il le dérapage de la semaine? Non.
Hier, en fin de journée, notre troll semble tout de même avoir été ébranlé par des menaces de signalement Facebook, auxquelles il a répondu ceci : «Blaste-moi, insulte-moi, mais ne fais pas signaler ma page. C’est mon gagne-pain, pauvre cloche. Vas-tu aller brûler un dépanneur parce qu’il vend des revues pornos?»
La comparaison avec la porno laisse perplexe, puisqu’elle implique au moins le consentement. Pour le reste, cela montre qu’on n’est pas si sans recours que ça contre les trolls, finalement.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.
Pour en savoir plus sur le Troll auquel fait référence Judith Lussier, consultez sa page Facebook.