À quoi sert le cégep?
Dans le cadre de son congrès du week-end, la Commission-Jeunesse du Parti libéral a remis en question l’existence des cégeps au Québec. Pas de quoi en faire un plat, ça n’arrivera pas puisque le cheuf Couillard ne veut rien savoir de la chose. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas la première fois qu’on pense à éliminer les cégeps du paysage. Et si l’idée est récurrente, ce n’est sûrement pas sans raison.
Premièrement, il y a l’usure du temps. Le concept du Collège d’enseignement général et professionnel remonte à presque 50 ans. C’était bien avant l’ère de l’individualisme. À une époque où les mots «ensemble», «nous» et «commune» étaient à la mode. De réunir ainsi en un même lieu les «théoriques» et les «pratiques» pour simuler un profil adéquat de ce qu’est la société était – et demeure néanmoins – une fort noble idée. Sauf que le monde a t-il changé depuis? Poser la question, c’est y répondre mettons.
Par ailleurs, pour plusieurs, l’étape cégépienne en est une d’oisiveté et de perte de temps institutionnelle. Surtout quand il est question du cours général de deux ans. Plusieurs prônent l’idée d’ajouter un secondaire 6 et ainsi se coller sur le modèle américain avec son high school – qui comporte une 12e année – qui mène directement au college (prononcer à l’anglaise) ou à l’université.
Qu’on modifie sporadiquement les programmes pour les rendre meilleurs, ça s’impose. En même temps, n’ayant pas mis les pieds dans une salle de classe depuis plus ou moins 30 ans, je ne suis définitivement pas le mieux placé pour juger de la qualité de ce qui y est dispensé de nos jours. Mais à mon humble avis, il faudrait peut-être y penser à deux et même trois fois avant de jeter l’institution avec l’eau du bain…
Si ce n’est pas pour son apport académique, le cégep a toujours sa raison d’être. Parce qu’il fait office de tampon entre l’adolescence et le monde des adultes, lieu de non-retour absolu s’il en est. Parce que c’est là qu’il y a enfin autre chose à faire que de gober bêtement ce qu’on nous enseigne. En s’impliquant d’une manière ou d’une autre, en se distinguant et même – mes excuses d’avance à l’agent 728 – en apprenant à contester et à questionner tout ce qui bouge ou qui ne bouge pas assez à son goût.
Personnellement, c’est à cet âge là, vers 17-18 ans, que tout s’est joué pour moi. C’est au cégep où je me suis littéralement «fait». C’est là que j’ai appris à me tromper avant qu’il ne soit trop tard et, conséquemment, à ne pas répéter mes erreurs. C’est aussi là que j’ai su qu’il valait mieux d’essayer de faire la différence plutôt que de caler dans l’indifférence. Et c’est surtout là où je suis devenu responsable de moi avec moi-même. Avec son lot de réussites et de tapes sur le museau.
La même chose me serait-elle arrivée dans une école secondaire avec une 12e année? Ça, je ne le saurai jamais. Sauf que, comme le disent les vieux, si c’était à refaire, moi, je ne changerais rien. Surtout pas le temps que j’ai perdu, c’est encore là que j’en ai appris le plus…
Êtes-vous impressionnés par les autocollants subtilement apposés sur les véhicules de police? Considérant que ces voitures nous appartiennent à nous, payeurs de taxes, je me demande si vous avez donné quelconque autorisation avant d’utiliser nos autos patrouilles comme support à ce formidable moyen de pression plein d’originalité (!). Moi, en tout cas, on ne m’a rien demandé.
Je viens d’apprendre le décès de Frédéric Metz, un designer d’origine suisse qui avait choisi le Québec comme lieu d’intervention depuis plus de 45 ans. Souvenir : fin des années 1980, je travaille au journal Voir. On l’invite comme conseiller artistique. Pour son expertise et aussi, un peu beaucoup, pour se faire dire à quel point on était bons et innovateurs. Il prend place à la table et, tout de go, commence son exposé en feuilletant les pages du journal. «Ça, c’est laid, ça c’est horrible… Vous avez beaucoup de travail à faire pour rendre ça à peine correct. Votre journal, tout aussi intéressant soit-il, est absolument très laid.» Et vlan! Fallait voir la face des deux ti-boss qui l’avaient payé pour une séance de flatterie. Vingt-cinq ans plus tard, je ris encore en y repensant. Merci beaucoup M. Metz. Pour le beau. Et pour la leçon de franchise.
Lors du dernier match (encore) perdu par les Alouettes au stade Percival-Molson, on a annoncé une assistance de 20 054 spectateurs. J’sais pas si on a additionné les humains, les mouches ainsi que les hot-dogs invendus dans les casse-croûte mais, parole de fouine, permettez-moi d’avoir un doute. Un doute gros comme un joueur de ligne. Ça va assez mal comme ça, faut-il vraiment basculer dans le jovialisme de niveau simplet?