Se guérir de l'hépatite C et de la rue
« L’hépatite C est une véritable épidémie. Malheureusement, ce n’est pas assez connu du grand public, ni même des médecins. On n’en parle pas parce que c’est une maladie silencieuse, c’est-à-dire qu’elle ne présente pas de symptômes. Ça fait en sorte que deux tiers des personnes infectées l’ignorent »,
« On a longtemps mis l’accent sur le virus d’immunodéficience (VIH), sans parler de l’hépatite C. Or, c’est une maladie très puissante », affirme Andréanne Fafard, responsable de projet et intervenante en prévention des infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS).
Milieu de vie
Le centre, qui a ouvert ses portes le 28 mai sur la rue Clark, est un projet-pilote. Il compte actuellement neuf pensionnaires et peut accueillir jusqu’à 14 personnes. On y retrouve des chambres privées, des salles de bain, dont une adaptée, un espace commun constitué d’un salon, d’une cuisine et d’un coin ordinateurs, ainsi qu’une salle de consultation. Des intervenants sont présents sur les lieux en tout temps.
« On héberge des gens qui se trouvent en situation de grande précarité ou en itinérance. On ne pourrait pas les soigner autrement; ils ont besoin de manger trois repas par jour, d’un endroit pour dormir, d’une salle de bain propre, bref, d’une certaine forme de stabilité. On a une infirmière qui vient sur place et il y a un suivi très serré avec les médecins. Le traitement, qui peut durer de six mois à un an, est très difficile, tant physiquement que psychologiquement. Il faut que les patients cessent ou diminuent significativement leur consommation. Il faut donc qu’ils soient prêts à ça et fassent preuve de volonté », explique Mme Fafard.
Même si le suivi médical est strict, les pensionnaires sont libres d’aller et venir à leur guise. Certains se promènent pour découvrir leur quartier d’adoption, loin des tentations du centre-ville, tandis que d’autres préfèrent se reposer au centre ou faire des démarches afin de se sortir de la rue.
« L’essence même du projet repose sur le fait que nos locaux ne se trouvent pas au centre-ville. Ils n’ont plus leurs amis de consommations autour », indique Mme Mersilian.
« La Petite-Patrie n’est pas un quartier type de l’itinérance et de la drogue à Montréal. C’est sûr qu’au début, nos résidents sont un peu perdus, mais ils finissent par s’habituer. Les quartiers centraux les replongent dans leurs habitudes de consommation », ajoute Mme Fafard.
Un projet-pilote menacé
Même s’il vient à peine d’ouvrir, le centre Pause-santé pourrait bientôt devoir fermer ses portes. En effet, il est financé par la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) du gouvernement fédéral, programme auquel il ne sera plus admissible.
« Ça va mal. On est subventionné jusqu’au 31 mars 2014, date à laquelle la SPLI prend fin. Après, personne ne sait ce qui va arriver. Ça n’augure pas bien. D’autant plus que l’hépatite C, parce que ça touche à l’itinérance et aux drogues, ce n’est pas une cause très glamour. C’est donc difficile d’aller chercher du financement au privé. De manière générale, les gens préfèrent donner pour les enfants ou le cancer », fait valoir Mme Mersilian.
« Pourtant, à long terme, une personne atteinte d’hépatite C coûte plus cher à la société que si elle est prise en charge pour être traitée », renchérit Mme Fafard.
Pour assurer la survie de cet organisme, le seul du genre en Amérique du Nord, il devra trouver de nouvelles sources de revenus.
« Pour faire fonctionner un centre comme ça, ça nous prend environ 250 000 $ par année », dit Mme Mersilian, sollicitant l’aide de la communauté.
« Ce projet, il est nécessaire. On ne le dira jamais assez. On offre aux gens une chance de se reprendre en main. Je constate les effets positifs de cette initiative sur les participants. On a réussi à créer pour un milieu de vie où ils tissent des liens et se créent leur propre réseau d’entraide », conclut Mme Fafard.
Pour en savoir plus sur le centre Pause-santé, on consulte le www.capahc.com/pause-sante.