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Une autoroute dans leur cour

Émanations de gaz, cri de klaxon et bruit de moteur : c’est dans ce décor digne d’une autoroute à l’heure de pointe que plusieurs résidents de Montréal-Nord se réveillent depuis le début des travaux du carrefour Henri-Bourassa–Pie-IX. Ils estiment que l’achalandage sur leur rue est passé de 100 véhicules par jour à 500 à l’heure et la situation continue de se dégrader.

Voyez la vidéo des embouteillages

Les résidents du secteur situé au nord-ouest de l’intersection ont complètement perdu la quiétude sur leurs rues. Plusieurs craignent d’ailleurs pour leur sécurité.

« Nous sommes chanceux que personne n’ait encore été blessé », ajoute Deirdre Foucault, résidente de l’avenue des Récollets.

Cette inquiétude est notamment justifiée par l’incivilité et l’impatience des automobilistes qui circulent sur leurs rues.

« Parfois, ça peut prendre jusqu’à 10 minutes pour rentrer chez nous et pour ressortir, c’est encore pire. Les gens sont agressifs et ils ne nous laissent pas sortir. Il faut éviter de sortir durant les heures de pointe », explique Claude Etienney, une résidente du secteur.

Beatriz Sifuentes, dont le fils est handicapé intellectuel, doit maintenant s’assurer d’être à la maison chaque soir pour l’accueillir à son retour de l’école.

« Mon fils n’a pas les réflexes que nous avons. Les voitures se placent dans l’intersection pour attendre alors, il ne sait plus quand il peut traverser. Les gens pourraient le laisser passer. Il y a aussi des gens en fauteuil roulant qui ont le même problème », raconte-t-elle.

Devant cette situation insoutenable, plusieurs songent à déménager. Plusieurs ont d’ailleurs mis leur maison à vendre. Pour José Da Silva, propriétaire d’un immeuble locatif, ce problème a des impacts économiques.

« Mes locataires qui sont là depuis longtemps m’ont dit qu’ils allaient partir si ça continue après le mois de septembre », déplore-t-il.

Il faut dire que les résidents n’ont pas beaucoup de répit.

« Ce n’est pas une catastrophe qu’à l’heure de pointe. La nuit, il y a des jeunes qui reviennent du centre-ville avec les vitres baissées et de la musique forte. Et durant la journée, il y a des voitures qui circulent beaucoup trop vite », estime Sébastien Boulianne, un père de famille qui craint aussi pour la sécurité de ses filles de 2 et 3 ans.

Une bretelle d’autoroute

Les résidents ont observé un changement dès novembre 2013. À la suite de la démolition de la bretelle du viaduc qui permettait aux automobilistes provenant de Laval de se diriger vers l’est de Montréal. Les paisibles rues résidentielles se sont alors transformées en véritables pistes de course.

« Jusqu’en juillet dernier, il y avait trois voies sur le pont pour tourner à gauche. Mais parce que les gens devaient attendre à la lumière, plusieurs préféraient descendre notre rue pour aller rejoindre le boulevard Gouin », explique Mme Foucault.

Excédés par la circulation dense du pont, plusieurs automobilistes descendent donc à toute allure l’un des étroits sens uniques qui relient les deux boulevards. Une station de radio leur aurait même suggéré cette alternative.

« Les gens ont l’impression qu’ils sont dans une sortie d’autoroute, alors ils circulent plus vite qu’à l’habitude », mentionne le résident Gildas Trégouët.

L’arrondissement a bien tenté de mettre en place des mesures pour restreindre la vitesse, dont des panneaux lumineux et des bollards, sorte de panneau flexible pour rendre les rues plus étroites. Les résidents estiment toutefois que ces mesures sont inefficaces.

« Ça ne fonctionne pas vraiment. Les gens les déplaçaient avec leur voiture. Si bien que chaque samedi matin, ils étaient rendus à l’autre bout de la rue, sur le boulevard Gouin », raconte Mme Foucault.

300 voitures à l’heure

Le problème de vitesse a finalement été résolu lorsque le ministère des Transports a interdit le virage à gauche vers l’est, en juillet. Cette décision qui pourrait être maintenue jusqu’à la fin des travaux du pont Pie-IX a toutefois créé un important problème de circulation dans le quartier.

Depuis, les voitures n’ont d’autres choix que de passer par le boulevard Gouin, créant des embouteillages monstre sur le boulevard et sur chacune des rues résidentiels qui permettent d’y accéder.

De leur côté, les automobilistes aussi sont mécontents du retard d’une quinzaine de minutes occasionné par les détours.

« Disons que ça nous fait faire des détours inutiles et ce n’est pas très pratique. C’est assez désagréable! », affirme Martin, rencontré dans un embouteillage sur le boulevard Gouin.

Plusieurs automobilistes rencontrés plaignent d’ailleurs les gens du secteur.

« C’est terrible et ça fait du trafic pour les gens », conclut Gaudi, un autre automobiliste.

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