Stop à la culpabilité de la journée de maladie!
On est nombreux à se sentir mal d’appeler au travail pour annoncer qu’on passera la journée au lit plutôt qu’au bureau. Et si on en finissait une fois pour toutes avec cette culpabilité? Car le malade n’est pas le seul à profiter de ce congé forcé…
Tempérer son sens du devoir
Pour la psychologue spécialisée en bien-être au travail Guylaine Deschênes, les individus qui ont un sens aigu du devoir sont ceux qui ont le plus de mal à prendre une journée de congé pour refaire leurs forces. «Ils ont tendance à croire qu’ils doivent être performants en tout temps, mais il est normal que le corps ait ses failles», explique-t-elle.
La psychologue organisationnelle conseille aux travailleurs ultradévoués de relativiser l’importance de leur présence au boulot : «Être malade, c’est normal. Ce n’est pas un échec! Il faut aussi descendre de son piédestal. On n’est pas indispensable.»
Le sentiment de culpabilité persiste? On envisage la situation sous un angle différent : et si c’était un ami ou un employé sous notre supervision qui avait du mal à s’accorder un congé de maladie? L’empathie et les encouragements à bien se soigner qu’on prodiguerait à quelqu’un d’autre, on devrait aussi se les offrir à soi-même!
Des conséquences fâcheuses évitées
Le projet dont la réalisation sera momentanément ralentie, les clients avec qui on avait rendez-vous, le rapport qu’il faut rédiger… S’il est difficile de prendre congé pour mieux combattre la maladie, c’est souvent parce qu’on ne voit que les problèmes immédiats que cause notre absence.
Guylaine Deschênes attire cependant l’attention sur l’importance de ce repos forcé : «Quand on est malade, on n’est pas productif. Mieux vaut s’absenter, puis revenir en pleine forme. En allant travailler malade, on risque aussi de commettre des erreurs qu’il faudra ensuite réparer.»
Sans oublier, bien entendu, que dans le cas des maladies contagieuses, rester chez soi limite la contamination. «Il faut voir les bienfaits à moyen et à long terme», insiste la psychologue.
Et la santé mentale?
Parfois, c’est un niveau élevé de stress, de fatigue ou d’anxiété qui nous retient à la maison. Faut-il alors se sentir coupable? Non, croit Guylaine Deschênes.
Elle cite à ce sujet la professeure Sonia Lupien, directrice du Centre d’études sur le stress humain de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. «Pour cette spécialiste de la gestion du stress, tous les gestes qui contribuent à prévenir le stress chronique devraient faire partie de notre hygiène de vie, comme se brosser les dents ou faire du sport», rapporte Guylaine Deschênes. Et les absences qui permettent de soigner sa santé mentale font à son avis partie de ces mesures d’hygiène.
Un concept à revoir
Le hic, avec les congés pris pour des raisons psychologiques, c’est qu’ils ne cadrent pas tout à fait avec la notion de congé de maladie. L’anxiété n’est guère contagieuse; la fatigue va rarement jusqu’à nous clouer au lit.
Guylaine Deschênes croit d’ailleurs qu’il vaudrait mieux accorder aux travailleurs des congés mobiles «pour raisons personnelles» plutôt que strictement pour maladie. La réduction du sentiment de culpabilité qu’entraîne ce type de congés profite donc en partie aux employeurs.
«Il y a encore beaucoup de travail à faire en ce sens, mais je suis très confiante», estime-t-elle.
Pour un congé bénéfique
Rester chez soi est une première étape, mais encore faut-il que la journée soit réparatrice, particulièrement lorsqu’il s’agit de se refaire une santé mentale.
Les conseils de Guylaine Deschênes pour un congé profitable :
- Se répéter qu’on prend ce congé pour son propre bien et celui de son entourage.
- Détourner ses pensées de ce qui est lié au travail.
- Choisir des activités qui nous font décrocher et nous libèrent l’esprit : un loisir qui nous passionne, une séance de yoga, une marche dans la nature…
- Éviter les écrans. «La télévision nous enlève de l’énergie mentale sans qu’on s’en rende compte», souligne-t-elle. Pareil pour l’ordinateur et les autres appareils électroniques.