La Maison Alcan maintenant protégée
La Maison Alcan sera protégée en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
«C’est une richesse collective que nous devions protéger», a affirmé jeudi le ministre de la Culture et des Communications, Luc Fortin. Ce dernier a décidé, après des mois de discussion avec la Ville de Montréal, Héritage Montréal, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et l’entreprise Lune Rouge, qui est propriétaire de la Maison Alcan, que celle-ci obtiendra la classification «d’immeuble patrimonial» et que l’îlot dans lequel elle est située deviendra une aire protégée.
L’attribution de ce statut patrimoniale à la Maison Alcan survient à la suite du débat public entourant le projet élaboré par Lune Rouge qui visait la construction d’une tour commerciale de 30 étages et la démolition partielle de deux bâtiments du complexe immobilier. L’entreprise, qui appartient au fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, a officiellement mis la main sur la Maison Alcan en 2016, au coût de 48M$, à la suite du déménagement du siège social de Rio Tinto Alcan dans la Tour Deloitte et elle a rapidement manifesté leur intention de modifier le site.
Une levée de bouclier s’en est suivie de la part d’Héritage Montréal, de Projet Montréal et de plusieurs experts, qui jugeaient que le projet mis de l’avant ne respectait l’esprit de la Maison Alcan, soit d’intégrer un immeuble moderne et d’autres patrimoniaux. Ils remettaient aussi en question le processus de consultation. La prédécesseure du ministre Fortin, Hélène David, avait finalement émis un avis d’intention de classement pour la Maison Alcan en novembre 2015 afin que le Conseil du patrimoine culturel du Québec puisse mener des consultations au cours de l’année suivante.
Au final, M. Laliberté, qui a dit avoir été éprouvé par le débat public, souscrit à la décision du gouvernement du Québec. Pour le développement futur de la Maison Alcan, il s’est fait avare de détails, annonçant seulement que les bureaux de son entreprise y seront logés. «On vient juste s’entendre, a-t-il dit. Maintenant, on va aller travailler sur la planche à dessin». Il a plus tard ajouté que «la tour fait toujours partie des possibilités».
Si Lune Rouge persiste dans sa volonté d’ériger une nouvelle tour, l’entreprise devra obtenir l’aval du ministre de la Culture et des Communications puisque l’octroi du statut patrimonial fait en sorte que son autorisation est nécessaire pour «altérer, restaurer, réparer, modifier de quelque façon ou démolir en tout ou en partie» un immeuble ayant cette protection. Sur les images de maquettes remises aux médias, deux tours semblent s’élever derrière l’hôtel Berkeley.
Héritage Montréal, qui avait réclamé un statut patrimonial pour la Maison Alcan, s’est réjoui de la nouvelle protection conférée au complexe immobilier du Mille carré doré.
«C’est une solution qui respecte le patrimoine, mais surtout qui établit les règles pour une nouvelle vie de cet ensemble, a mentionné son directeur des politiques, Dinu Bumbaru. Il y a beaucoup de bâtiments de grande valeur patrimoniale qui sont vacants. On ne peut pas se payer le luxe d’avoir encore des sites abandonnés.»
Le nouveau statut patrimonial de la Maison Alcan a aussi satisfait Projet Montréal, qui s’était opposé sa transformation qui comprenait la démolition partielle de deux de ses bâtiments.
Le complexe de la Maison Alcan a été conçu au début des années 1980 à partir des plans de l’architecte Raymond Affleck. Il comprend les maisons Klinkhoff, Holland, Béïque et Lors-Atholstan, de même que l’ancienne église Emmanuel Congregational et l’hôtel Berkeley qui bordent la rue Sherbrooke et qui ont été construits de 1872 à 1928. Un nouveau bâtiment, l’édifice Davis, y a été ajouté de 1981 à 1983, de même qu’un atrium.