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La criminalité montréalaise, quartier par quartier – édition 2016

Depuis 2013, l’intensité de la criminalité a baissé de 13% à Montréal. C’est ce qui ressort des calculs de Métro réalisés à partir des statistiques 2016 du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) présentées récemment.

En reprenant les données du SPVM et en les divisant par la taille de la population vivant autour de chaque poste de quartier (PDQ), Métro est capable de comparer l’intensité de la criminalité par quartier.

Voici les faits saillants à retenir (les tableaux détaillés des quartiers sont plus bas).

1. Le plus sûr est toujours le même. Il s’agit de L’Île-Bizard, Pierrefonds-Roxboro et Sainte-Geneviève. Même si le secteur ne figure qu’en quatrième position pour les crimes contre la personne (on y a notamment enregistré un homicide et cinq tentatives de meurtre), c’est de loin l’endroit le plus sûr pour les crimes contre la propriété.

2. Le plus étonnant est Saint-Michel. Le quartier figure au 10e rang (sur 32) des secteurs les plus sûrs. Un gain de sept places en quatre ans pour ce quartier qui traîne visiblement à tort une mauvaise réputation. «Est-ce le quartier qui est plus sûr, ou est-ce parce que les «hot spots» qui affectaient les résultats du quartier ont disparu?» se questionne Rémi Boivin, chercheur en criminologie à l’Université de Montréal.

3. Efficace Outremont. C’est à Outremont que la baisse de la criminalité est la plus spectaculaire. Le taux moyen de criminalité y a diminué de 6,65 % depuis 2013. Ce bon résultat est obtenu grâce à la baisse des crimes contre la propriété, notamment les méfaits (-69%), les vols d’autos (-27%) et les fraudes (-26%). «Attention, le rôle de la police n’est qu’un facteur parmi d’autres pour expliquer la baisse de la criminalité. Car il y a aussi des raisons économiques ou démographiques, telles que le vieillissement de la population, qui peuvent aussi entrer en ligne de compte», avertit le chercheur.

4. Les moins sûrs restent les mêmes. Il s’agit évidemment des secteurs du centre-ville. Toutefois, la situation n’est pas aussi dramatique que les chiffres le laissent supposer, prévient Rémi Boivin. En effet, pour nos calculs, nous retenons la population ayant une adresse dans le quartier, sans tenir compte de l’importante masse des personnes qui s’y rendent chaque jour pour se divertir ou travailler. Si on était capable de les comptabiliser et de les inclure dans l’équation, le taux de criminalité y serait bien moindre. «Le centre-ville de Montréal reste un des centre-ville les plus sûrs d’Amérique du Nord», rappelle M. Boivin.

5. Les secteurs où ça saggrave. En moyenne, l’intensité de la criminalité a baissé de 1,18% à Montréal entre 2015 et 2016. Dans 9 secteurs sur 32, la situation s’est toutefois dégradée. Parmi les secteurs à surveiller, on retrouve les secteurs Centre-Sud–Village (+2,05%), Hochelaga-Maisonneuve Ouest (+1,82%), et Westmount–Ville-Marie (+1,66%).

6. Hausse des agressions sexuelles dans le métro. Entre 2015 et 2016, le nombre d’agressions sexuelles enregistrées dans le métro est passé de 38 à 56 cas. Une hausse de 47%. «Peut-être y a-t-il effectivement eu une hausse des agressions sexuelles dans le métro, mais ça peut aussi être dû à des changements de méthodes. Par exemple, à la suite d’une controverse, les policiers peuvent parfois ouvrir des rapports pour des cas d’attouchements alors qu’ils ne le faisaient pas forcément avant de façon systématique», évoque Rémi Boivin.

7. Où faire attention à sa voiture? C’est dans les secteurs de Dorval et de Saint-Laurent, ainsi qu’à Montréal-Nord, que le taux de vols de voitures est le plus important. Dans les deux premiers secteurs, il s’agit principalement de vols d’autos dans les stationnements des hôtels autour de l’aéroport. Le SPVM a démantelé un réseau de voleurs en début d’année. On verra dans le bilan de 2017, si cela aura eu un effet.

8. Où faire attention à son logement? Le secteur où le taux d’entrée par effraction est le plus élevé est Hochelaga-Maisonneuve (595 cas en 2016). Néanmoins, la situation est relativement stable par rapport à 2015. Par contre, dans deux autres secteurs sensibles, le nombre de cas d’entrées par effraction est en forte croissance. Il s’agit du Plateau (+32%) et du Centre-Sud–Village (+27%).

9. Où faire attention à son intimité? Les cas d’agression sexuelle ont connu une forte hausse ces deux dernières années (+34%). C’est dans la partie est du secteur Hochelaga-Maisonneuve que le taux est le plus élevé, mais on n’y trouve la division chargée d’enquêter sur les crimes sexuels pour lesquels la localisation précise est impossible. Cela fausse donc les statistiques de ce secteur. Les quartiers de Montréal-Nord et du Centre-Sud–Village suivent ensuite.

10. Tranquille laéroport. Le poste de quartier 55 qui dessert l’aéroport a été particulièrement peu occupé en 2016 avec seulement 528 infractions à traiter. Pourtant, on y trouve 32 policiers, soit quasiment le même nombre qu’au PDQ9 (Côte-Saint-Luc, Hampstead, Montréal-Ouest), qui traite chaque année trois fois plus de crimes. Au sujet de l’aéroport, le chercheur de l’UdeM prône la prudence. «Il y a plusieurs corps de police sur place, même des policiers américains, alors c’est dur de savoir comment ils se répartissent les tâches, ainsi que la comptabilisation des méfaits.On se surprend par contre du nombre de cas d’infractions liées aux armes à feu, qui est passé, à l’aéroport, de 44 cas en 2015 à 238 en 2016, une hausse de 440%. Du côté du SPVM, Darren-Martin McMahon-Payette précise que cette infraction comprend aussi les armes blanches. Il ajoute que dans 71% des cas liés il s’agissait en fait de cas de possession de couteaux-carte de crédit très en vogue cette année-là, au point où ils étaient offerts dans des festivals comme accessoire de camping.

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