La fermeture des restaurants, de grosses pertes pour les producteurs locaux
La crise sanitaire a porté un dur coup aux producteurs d’agriculture urbaine de la région métropolitaine, qui doivent se priver d’une vaste majorité de leur clientèle, malgré le fait qu’ils ne puissent pas mettre en pause leurs opérations.
«Nous avons perdu près de 95% de nos clients», relate Dominique Lynch-Gauthier, cofondatrice de Blanc de gris.
L’entreprise située dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve à Montréal est spécialisée dans la production de champignons.
Même son de cloche chez Big Bloc atelier champignons, dans le quartier Ahuntsic.
«Jusqu’à présent, on a perdu 80% de nos revenus. Ça été un choc comment tout est arrivé du jour au lendemain. On a été pris de court», se désole Gabriel Vallée, cofondateur de l’entreprise.
Les champignons qui poussent chez les deux producteurs étaient jusqu’à tout récemment presque exclusivement destinés aux restaurateurs.
Trouver une nouvelle clientèle
La fermeture des établissements de restauration à la grandeur de la province afin d’endiguer la propagation du coronavirus force Mme Lynch-Gauthier et M. Vallée à revoir leur modèle d’affaires, un projet d’autant plus périlleux durant la crise.
«On veut faire de la distribution auprès des particuliers, mais en ce moment, ce n’est pas vraiment le temps de faire de la sollicitation», constate la propriétaire de Blanc de gris.
«Il faut que l’on revoie toute la distribution. On est en train de monter un site internet pour faciliter les commandes chez les particuliers», explique M. Vallée.
Selon Eric Duchemin, président du Laboratoire d’Agriculture urbaine de Montréal (AU/LAB) la situation est généralisée chez tous les producteurs.
«La plupart d’entre eux connaissent des pertes de revenus de 70 à 80%, parce que leur distribution était basée sur l’industrie de la restauration et hôtelière. Ils créent ce que l’on pourrait qualifier de produits ”fins” et leur modèle d’affaires ne comptait pas vraiment sur les particuliers», souligne-t-il.
De plus, la crise actuelle fait en sorte que ceux-ci doivent continuer le travail, malgré des équipes réduites et une baisse d’approvisionnement en matériaux.
«Je compte sur la drêche de bière pour faire pousser mes pleurotes. Or, le brasseur qui nous la fournit a diminué sa production», affirme Mme Lynch-Gauthier.
«Les agriculteurs ne peuvent pas simplement arrêter la production, sinon ils essuieront des pertes importantes. Il y a un cycle qui poursuit son cours», indique pour sa part M. Duchemin.
Ceux-ci s’affaireront dans les prochaines semaines à mettre en place des systèmes de livraison à la maison et des points de dépôts dans les épiceries. La plupart des entreprises acceptent déjà des commandes par téléphone ou par courriel entre-temps.
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