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Pressions pour que Montréal tranche sur l’avenir des circulaires

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Photo: Archives Métro

Des groupes environnementaux font pression sur l’administration municipale afin qu’elle tranche sur l’avenir des circulaires à Montréal, mis en suspens dans les derniers mois en raison de la crise du coronavirus.

«La crise qui demeure la plus importante, c’est la crise climatique. Et je pense que la Ville ne doit pas la perdre de vue», lance à Métro le directeur général du Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, Karel Ménard. 

Après deux mois d’audiences publiques, la Commission sur l’environnement de la Ville a publié au début du mois de décembre une liste de recommandations à l’intention de l’administration de Valérie Plante. Les élus membres de la commission municipale ont notamment voté à l’unanimité en faveur de la mise en application du modèle de l’adhésion volontaire, communément appelé «opt-in», pour encadrer la distribution des circulaires.

Cet encadrement ferait en sorte que seules les personnes qui l’acceptent «expressément» recevraient des circulaires. Si ce système entre en vigueur, les Montréalais pourront par exemple poser un autocollant sur leur boîte aux lettres s’ils souhaitent continuer à recevoir le Publisac. La commission propose en outre que la Ville troque les emballages en plastique dans la distribution des circulaires pour un matériel plus écologique.

Six mois plus tard, l’administration Plante n’a toutefois pas encore indiqué quelle position elle entend prendre sur ce dossier. La Ville dévoilera celle-ci «prochainement», indique-t-on à Métro. Normalement, le comité exécutif a six mois pour se prononcer sur les recommandations d’une commission municipale, mais la pandémie a chamboulé l’agenda de la Ville.

Un enjeu de faisabilité

Dans les jours suivants la publication du rapport de la commission municipale, des représentants de médias locaux de même que Transcontinental, qui gère le Publisac, sont montés au front pour presser la Ville de ne pas se tourner vers le modèle d’adhésion volontaire. Une telle décision, ont-ils alors prévenu, mettrait des milliers d’emplois en jeu en signant l’arrêt de mort du Publisac, qui contribue à la distribution de nombreux journaux locaux.

«Ce n’est pas tant un enjeu de coûts que de faisabilité», affirme à Métro la porte-parole de Transcontinental, Patricia Lemoine. En raison de la pandémie, l’entreprise a cessé dans les derniers mois ses pourparlers avec la Ville, mais maintient sa position. Transcontinental rappelle d’ailleurs avoir mis en place plusieurs mesures pour réduire son empreinte environnementale, notamment en utilisant du plastique recyclé pour ses emballages. 

Le président du conseil d’administration d’Hebdos Québec, Benoit Chartier, craint pour sa part que si la Ville de Montréal opte pour le modèle «opt-in», d’autres villes de la province lui emboîtent le pas. Il s’inquiète d’autant plus de cette possibilité que plusieurs médias écopent déjà financièrement de la crise du coronavirus.

De nombreux hebdomadaires locaux, dont les journaux de quartier de Métro Média, sont distribués dans les Publisacs.

«Ce serait catastrophique pour les médias du Québec.» -Benoit Chartier, président du conseil d’administration d’Hebdos Québec 

Environnement

«Ça devient urgent que la Ville statue parce que ça va influencer sur les matières qui vont aller dans les centres de tri et comment on gère ça», estime la chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki, Louise Hénault-Ethier. 

Selon le rapport de la commission municipale, les quelque 800 000 circulaires distribuées chaque semaine sur l’île de Montréal comptent actuellement pour 11% des matières qui se retrouvent dans les centres de tri de la métropole. «C’est énorme», renchérit l’experte.

De sont côté, Transcontinental tente de limiter l’impact environnemental de ses activités. Mardi, l’entreprise a annoncé l’acquisition d’actifs du recycleur Enviroplast afin d’augmenter l’utilisation de plastique recyclé dans ses opérations.

«Un signal fort»

Au terme d’une consultation publique sur la gestion des matières résiduelles, la même commission municipale a recommandé à la Ville, à la mi-mai, de bannir tous les sacs d’emplettes à usage unique. Le tout afin de réduire le nombre de déchets «à la source».

Dans ce contexte, la Ville devrait prendre position rapidement sur un resserrement de l’encadrement des circulaires afin d’envoyer «un signal fort», estime le directeur des communications d’Équiterre, Ryan Worms.

«C’est la production d’une matière qui est vouée à devenir un déchet alors que la majorité des citoyens n’en veulent pas [des circulaires]», affirme-t-il à Métro

La Ville a déclenché une consultation publique sur l’encadrement des circulaires après qu’une pétition du citoyen Charles Montpetit ait recueilli plus de 15 000 signatures en mars 2019. Des dizaines de représentants d’organismes environnementaux, des médias et du milieu des affaires ont pris part aux audiences publiques qui ont suivi en octobre et en novembre.

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