Biens patrimoniaux: Québec en voie de protéger les archives des Sulpiciens
Le gouvernement du Québec est en voie de protéger les archives des Sulpiciens alors que plusieurs groupes ont fait part dans les derniers jours de leurs inquiétudes quant à l’avenir de ces biens à forte valeur historique.
«Les prêtres de Saint-Sulpice ont constitué au fil des derniers siècles des collections d’une valeur inestimable qui nous permettent de remonter le cours de notre histoire afin de mieux comprendre qui nous sommes. Ces archives font partie de notre mémoire collective et elles méritent une place de choix dans notre patrimoine culturel», indique mardi, par voie de communiqué, la ministre responsable de la Culture et des Communications, Nathalie Roy.
Celle-ci a ainsi annoncé avoir signé un avis d’intention de classement afin de protéger les archives, les biens immobiliers et les livres rares de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
Ces documents et biens, qui remontent à l’arrivée à Montréal de la communauté religieuse à Montréal, en 1657, comportent une riche valeur historique. Le legs des Sulpiciens, qui ont joué un rôle important dans l’éducation et la circulation de l’imprimé à Montréal, comprend de nombreux ouvrages couvrant la période allant de 1620 à 1976. Certains d’entre eux remontent toutefois aussi loin qu’au 13e siècle. Les Sulpiciens ont aussi fondé, en 1915, la Bibliothèque Saint-Sulpice, située sur la rue Saint-Denis.
Quant aux biens immobiliers, ils comprennent notamment des peintures, des dessins, des meubles et des vêtements sacerdotaux.
«Ces archives reflètent les rôles religieux et civils de la Compagnie et de ses membres et concernent plusieurs secteurs d’activité. Elles constituent le plus important fonds privé permettant de comprendre l’histoire de Montréal, et contribuent également à la connaissance de l’histoire du Québec et du Canada», souligne le communiqué.
Le patrimoine des Sulpiciens menacé
Dans les derniers jours, de nombreux groupes qui se portent à la défense du patrimoine religieux ont levé un drapeau rouge quant à la survie des biens des Sulpiciens. La semaine dernière, Le Devoir rapportait que les six professionnels responsables notamment de la conservation et de l’entretien de ces archives auraient récemment subi une mise à pied, menaçant la protection de celles-ci.
«Si une congrégation religieuse aussi respectée que les Sulpiciens peut liquider ses professionnels du patrimoine (archives, bâtiments, musée) du jour au lendemain, manu militari, dans la quasi-indifférence, cela n’augure rien de bon pour toutes les autres communautés religieuses moins bien nanties en termes d’importance historique», a notamment prévenu le 19 août dans une lettre ouverte le président du conseil d’administration du Regroupement des archivistes religieux, David Bureau. Ce dernier a d’ailleurs déploré la «lente désintégration du patrimoine religieux» que vit la province depuis plusieurs années.
La Société canadienne d’histoire de l’Église catholique a également émis une lettre ouverte pour demander la conservation de ce legs patrimonial et déplorer ces mises à pied. Ce qu’ont aussi fait des membres de l’Institut d’histoire de l’Amérique française, notamment.
La porte-parole du Parti québécois en matière de Culture, Méganne Perry Mélançon, a pour sa part proposé dans les derniers jours que la Bibliothèque Saint-Sulpice, actuellement à l’abandon, soit utilisée comme lieu pour accueillir ces biens patrimoniaux.
Protection immédiate
En 2002, une demande avait été effectuée pour demander au ministère de la Culture et des Communications de protéger ces archives. Celle-ci avait toutefois essuyé un refus 10 ans plus tard. Cette fois, bien qu’il ne s’agisse pour l’instant que d’un avis d’intention de classement, les biens concernés disposent d’une protection immédiate, en attendant que ce classement devienne officiel.
«Par cet avis d’intention de classement, je manifeste la volonté de notre gouvernement de protéger ces racines dont nous sommes fiers et les fondations de notre identité québécoise.» -Nathalie Roy, ministre de la Culture et des Communications
Le gouvernement Legault espère ainsi assurer la préservation d’un des centres d’archives les plus importants au pays.