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Les campements, le «symbole» d’un marché locatif défaillant

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Les occupants du campement érigé dans le boisé Steinberg dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont été sommés de quitter les lieux ce lundi. Certaines personnes ont rejoint les campeurs afin de leur apporter leur soutien. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les campements de fortune qui s’érigent un peu partout à Montréal sont le symbole d’un marché locatif défaillant, estime James Hughes, le président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, une des plus importantes ressources pour les personnes en situation d’itinérance au Québec.

«C’est un symbole qu’il y a un problème d’accessibilité grave», affirme-t-il. Et la solution pour venir à bout de ces campements est de miser sur des investissements massifs en logements jumelés à des services d’accompagnement, pense James Hughes.

Lundi, les personnes itinérantes qui avaient installé leurs tentes et leurs roulottes dans le boisé Steinberg, situé dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, ont été sommées de quitter les lieux par le ministère des Transports du Québec (MTQ), propriétaire du terrain.

La police est donc intervenue pour fermer l’endroit et les occupants sont partis sans heurts. Quelques personnes sans-abris se sont déplacées sur des sites adjacents.

L’année dernière, une centaine de tentes avaient été érigées le long de la rue Notre-Dame, dans le quartier Hochelaga, un terrain qui appartient aussi au MTQ. Le «camping Notre-Dame» avait été démantelé en décembre dernier. À l’approche de l’hiver, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) craignait des risques d’incendie.

L’apparition de tels campements de fortune est un phénomène relativement nouveau à Montréal, contrairement à d’autres villes canadiennes ou américaines, fait valoir James Hughes.

«Ce sont des marchés de logement qui n’ont pas été adaptés comme il faut à l’ensemble des citoyens. Donc des gens en extrême pauvreté, comme notre monde, comment ils vont accéder à cette vie-là quand il n’y a pas de support public nécéssaire pour le faire?», demande-t-il.

Le manque d’investissements

James Hughes est d’avis qu’il faut offrir un logement abordable aux personnes en situation d’itinérance et non «pas simplement de déplacer ces personnes d’un endroit temporaire à un autre lieu, tout aussi précaire».

Or, les Montréalais qui sont prestataires de l’aide sociale reçoivent entre 650$ et 1000$ par mois. «Avec la crise du logement actuelle, trouver un logement avec un tel budget est une mission quasi impossible», ajoute-t-il.

Le milieu communautaire demande donc plus d’investissements en logements sociaux et abordables. Sur les 15 000 logements sociaux et abordables promis par la CAQ, un cinquième est sorti de terre.

«C’est ça, la frustration de tout le secteur. Il n’y a pas assez d’investissements publics dans le logement abordable. Nos établissements ne seraient pas pleins et les campements n’existeraient pas si les investissements publics nécessaires étaient alloués dans les budgets provinciaux», ajoute M. Hughes.

Accompagnement des personnes itinérantes

«Souvent, [les personnes en situation d’itinérance] ont un bagage médical, un bagage personnel ou des comportements qui font en sorte que c’est difficile [à elles] seul[es] de trouver un logement», mentionne James Hughes.

C’est pourquoi cette clientèle a besoin d’accompagnement et de soutien pour réussir.

M. Hughes cite en exemple l’Équipe mobile urgence logements, une initiative ponctuelle de l’organisme. Les intervenants de cette équipe vont à la rencontre des personnes sans-abri et travaillent avec elles pour dénicher des options de logement adéquates.

«Ils sont là pour aider les gens à préparer leur dossier pour chercher une subvention au loyer, un appartement ou les deux, explique-t-il. Mais ils n’ont pas dans leur poches les subventions au loyer.»

Dans le dernier budget provincial, le gouvernement a annoncé 400 subventions au loyer supplémentaires pour toute la province et toutes les clientèles cibles. Un montant trop insuffisant pour combler tous les besoins, souligne James Hughes qui estime à 4000 le nombre d’itinérants à Montréal.

En trois mois, l’Équipe mobile urgence logements de la Mission Old Brewery souhaite rencontrer 400 personnes itinérantes dans le but de fournir un logement permanent à au moins la moitié d’entre elles.

«Pacte social»

Québec solidaire souhaite l’instauration d’un nouveau «pacte social» afin que le gouvernement du Québec, la Ville de Montréal, les groupes communautaires et les campeurs se concertent.
Pour le parti solidaire, ce pacte social entre toutes les parties prenantes permettrait de fixer un nombre maximum de tentes par petits campements, d’identifier des sites adéquats, d’établir des mesures de sécurité avec l’aide du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) et prévoir des visites régulières des services sociaux, notamment du CIUSSS et des groupes communautaires
«Ce qu’on propose aujourd’hui, c’est une solution rapide et responsable pour répondre aux problèmes de sécurité soulevés par ces campements. Mais à long terme, il faut que le gouvernement s’attaque à la racine du problème: la crise du logement.» – Alexandre Leduc, Député solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve
Le gouvernement ne pourra pas constamment nier la crise et pelleter le problème par en avant, ajoute-t-il.

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