Lendemain de fête
Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.
Métro Place-des-arts, dimanche, 8 h 15.
Être dans le métro un dimanche matin est, pour certains, plutôt inhabituel. C’est un peu comme manger des céréales pour souper ou faire la fête très tard un lundi soir.
Et, parlant de fête, c’est cette allure que prend la voiture du métro dont les portes s’ouvrent devant nous. Des ballons en forme d’animaux ont été fixés aux poteaux. Vous savez, comme ceux que gonfleraient des clowns animant une fête d’enfants.
Des chiens, des girafes. Il y a même un éléphant… un peu difforme.
Nous sommes peut-être 10 adultes, épars, à nous regarder, amusés par cette scène improbable. C’est comme si nous nous retrouvions à un anniversaire – surprise où le fêté n’est pas encore arrivé.
En tâtant un chien saucisse rouge, je pense aux lendemains de fête. Quand, en se levant, on retrouve les vestiges de la veille sur la table de la salle à manger. Celle que, par manque de courage, on n’a pas débarrassée avant de se coucher.
On découvre alors, au petit matin, les assiettes qui contiennent des miettes de gâteau, des verres à vin dans lesquels il reste quelques gorgées. La cire des bougies a coulé et s’est incrustée dans la nappe.
Les restes d’une tablée festive ont quelque chose de joyeusement nostalgique. En ce sens où ils portent encore vivement un moment pourtant révolu. C’est une scène fantôme hantée par des rires, des toasts et des bouts de conversation. C’est un flash-back conjugué au présent.
J’aime beaucoup ces moments où la fête semble suspendue, alors qu’elle est pourtant terminée.
Ainsi démarre ce métro, emportant avec lui ses passagers du dimanche et leurs souvenirs du samedi.