L'année de tous les défis
La rentrée scolaire s’annonce difficile pour le Garde-manger pour tous (GMPT). La hausse des prix des denrées complique la tâche de l’organisme à but non lucratif.
«On a calculé que pour l’année 2008-2009, ça va coûter 115 000 $ de plus», a indiqué la directrice générale du GMPT, Ghislaine Théoret. Elle précise du même souffle que le budget annuel de l’organisme s’élève à 2,6 M$. En mai dernier, le GMPT a constaté que le coût d’un repas avait augmenté de 22 cents en l’espace de cinq mois, passant de 1,22 $ à 1,44 $.
Malgré tout, Mme Théoret est catégorique : près de 3 000 repas seront servis chaque jour de classe sur l’heure du midi aux élèves montréalais qui profitent du service alimentaire. Près de 2 100 de ces jeunes sont issus de milieux défavorisés. L’organisme concentre surtout ses services dans les arrondissements du Sud-Ouest, de Lachine, de Verdun, de Saint-Laurent et de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.
Une équipe efficace
Pour réussir ce tour de force, Ghislaine Théoret pourra compter sur une équipe qui a fait ses preuves. Dans la cuisine du GMPT de Pointe-Saint-Charles – étonnamment petite -, seulement une dizaine de cuisinières s’affairent quotidiennement pour concocter les milliers de repas. «Ça tient du miracle, lance la technicienne en nutrition Ghislaine Gobeil. Elles ne perdent pas temps. Ça roule!»
De son côté, Mme Gobeil résout le casse-tête du choix des repas en tenant compte de la disponibilité des équipements, des exigences du Guide alimentaire canadien, des commissions scolaires et surtout des goûts des enfants. Ces derniers aiment beaucoup le spaghetti et le pâté chinois, mais ils peinent à ingurgiter du poisson. «On va leur servir des nouilles au thon gratinées, a-t-elle dévoilé. Ce qui est bien avec les enfants, c’est aussitôt qu’il y a des pâtes avec du fromage, on peut les habituer tranquillement à de nouveaux produits.»
Avec l’expérience, la technicienne en nutrition a aussi remarqué que les enfants, surtout ceux issus des milieux défavorisés, mangeaient plus facilement du poisson vers la fin du mois.
Boucler le budget
Aux côtés de Ghislaine Gobeil, Yolande Gaudet aura pour sa part la tâche ardue de dénicher toutes les denrées nécessaires à la confection des repas… à un prix raisonnable. «C’est un gros défi, dit-elle, plongée dans ses feuilles de calcul. Avant, j’avais des prix protégés pendant un an. Cette année, j’ai des prix protégés pendant un mois.»
La moitié du budget du GMPT est consacrée à l’achat des vivres. Les gouvernements et les commissions scolaires subventionnent une grande part des activités de l’organisme, mais celui-ci doit se démener à coups de collectes de fonds et de campagnes de sollicitations pour boucler son budget.
«C’est triste de dire que le Garde-manger pour tous a un avenir, affirme Ghislaine Théoret, avec une pointe de désespoir. S’il a un l’avenir, ça veut dire que la défavorisation continue.»