Tête à chapeaux!
Pousser la porte de la boutique de chapeaux Henri Henri, rue Sainte-Catherine Est, c’est comme revenir d’un coup 70 ans en arrière.
On y voit les mêmes meubles qu’à l’ouverture de la boutique en 1932 et la même caisse enregistreuse en métal, qui n’a jamais connu une seule panne. Une foule de chapeaux emblématiques et un staff tiré à quatre épingles, en veston-cravate, vous accueillent dans une ambiance feutrée. Ne manquerait plus qu’un petit air d’Édith Piaf, et on se croirait vraiment dans une autre époque!
Flash-back. «Dans les années 1930, il y avait une vingtaine de chapeliers à Montréal. Tout le monde portait le chapeau à l’époque», raconte Jean-Marc Lefebvre, 32 ans, qui représente, dans sa famille, la quatrième génération de chapeliers. Du temps de son grand-père, la boutique offrait même un chapeau à tous les joueurs de hockey qui marquaient trois buts dans une même partie. C’est d’ailleurs de là que vient l’expression «le tour du chapeau».
Bouche-à-oreille
Aujourd’hui, le métier se transmet toujours de maître à apprenti, mais le nombre de chapeliers s’est réduit comme peau de chagrin. Ça n’empêche pas la boutique de tenir le coup. «C’est grâce au bouche-à-oreille et à la qualité du service après-vente», croit M. Lefebvre.
L’élargissement et le rajeunissement de la gamme de produits y sont probablement aussi pour quelque chose.
À côté des traditionnels Borsalino et autres Stetson s’affichent désormais des chapeaux en croco de style aventurier et bon nombre de casquettes, dont celle popularisée par Rachid Badouri.
Un bon chapeau peut facilement dépasser les 300 $, mais sa durée de vie est proportionnelle à son prix, d’après M. Lefebvre, qui possède lui-même une vingtaine de chapeaux : «Hier, on m’a apporté un chapeau des années 1940 pour le faire brosser. De l’extérieur, il était comme neuf!», s’est-il exclamé.