Montréal devrait miser sur l’économie de partage
L’autopartage comme Communauto, le vélopartage comme BIXI et la location de logements entre particuliers comme Airbnb font partie de l’économie collaborative, un modèle de consommation, de production et de financement basé sur l’échange. Mais les possibilités sont beaucoup plus vastes, et Montréal pourrait devenir une véritable ville de partage, estime April Rinne, directrice stratégique du Collaborative Lab, une société basée à San Francisco qui conseille des entreprises et des gouvernements à ce sujet. Mme Rinne a parlé à Métro alors qu’elle était de passage à Montréal dans le cadre d’une tournée canadienne pour partager les conclusions de cet avis scientifique. Elle sera ce soir à l’UQAM.
Le partage n’est pas nouveau. Qu’est-ce qu’il y a de particulier avec l’économie collaborative?
Les technologies de l’information permettent maintenant de se connecter à plus de gens de plus de façons et d’identifier davantage de biens et de services qui peuvent être partagés. Le partage est maintenant possible à grande échelle.
Comment se positionne Montréal en ce qui a trait à l’économie collaborative?
Au Canada, Vancouver, Toronto et Montréal sont les villes où il y a le plus d’initiatives sur ce plan. Montréal a un héritage important en ce qui a trait à l’autopartage et au vélopartage. Il y a aussi une économie sociale forte, qui est un fondement important sur lequel bâtir. Montréal a beaucoup développé le partage des espaces publics, des espaces verts, des jardins communautaires. Il y a plusieurs autres aspects de l’économie collaborative qui n’existent toutefois pas, comme en matière d’éducation, de financement ou de consommation de certains biens comme des vêtements. Plusieurs villes dans le monde en font beaucoup plus que Montréal.
Que font les villes plus proactives?
À Séoul, en Corée du Sud, le gouvernement a intégré l’économie collaborative dans sa stratégie de planification urbaine. Il a adopté un plan en 20 points sur ce sujet, fait passer des lois, investi de l’argent, soutenu des compagnies d’économie collaborative émergentes. À San Francisco, le bureau du maire a mis sur pied un groupe de travail sur l’économie de partage. À l’été 2013, les maires de 15 villes des États-Unis ont signé une résolution en appui à l’économie du partage.
Pourquoi l’économie du partage est-elle un levier vers une société plus durable?
Si vous partagez des actifs plutôt que de tout acheter, vous allez épargner de l’argent. C’est plus efficace et durable économiquement. C’est également bon pour l’environnement. En partageant des voitures, par exemple, on fait en sorte que moins de voitures soient produites et que moins de ressources naturelles soient utilisées.
Que devraient faire les gouvernements pour encourager les villes à mettre sur pied des initiatives de partage?
Les gouvernements doivent jouer un rôle actif d’éducation et de sensibilisation, en faisant savoir qu’ils encouragent cette économie. Ils doivent réformer certaines politiques, dont plusieurs sont dépassées, en les mettant à jour pour qu’elles accommodent et priorisent les entreprises d’économie collaborative. Les règlements en place ne sont pas mauvais, mais ils sont faits pour encadrer les entreprises traditionnelles. Les entreprises de partage se retrouvent souvent défavorisées ou dans un flou juridique. Il faudrait un ensemble de règles séparées pour les entreprises basées sur le partage et non sur la propriété individuelle.
Une multitude d’initiatives
Voici quelques exemples d’entreprises de partage à travers le monde :
- Le Toronto Tool Library offre à ses membres tout un éventail d’outils, des clés anglaises aux imprimantes 3D.
- Techshop, à San Francisco, met de l’espace, des logiciels informatiques, du matériel électronique et l’assistance d’experts à la disposition de ses membres.
- Il est possible de trouver une multitude d’initiatives de partage au www.collaborativeconsumption.com