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Lac-Mégantic, un électrochoc pour Montréal

Photo: Yves Provencher/Métro

C’est depuis la tragédie de Lac-Mégantic, il y a un an, que la Ville de Montréal a orchestré une préparation plus fine afin de mieux réagir en cas d’accident ferroviaire impliquant des matières dangereuses.

«Avant la tragédie, ça faisait partie du quotidien et on ne se questionnait pas beaucoup, a reconnu Anie Samson, responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal. Depuis un an, nous sommes beaucoup plus sensibles à tout ce qu’il se passe sur nos trains.»

L’élue a d’abord tenu à établir une meilleure communication avec le Canadien National (CN) et le Canadien Pacifique (CP). «Avant, il n’y avait pas de lien direct. [J’ai maintenant établi] un contact avec une vraie personne, pas une institution», a soutenu Mme Samson.

Le porte-parole du CN, Jim Feeny, confirme qu’une équipe est disponible pour répondre aux questions de la Ville de Montréal. La société ferroviaire fournit également, tel que le prévoit la nouvelle réglementation du fédéral, un rapport annuel indiquant quelles matières dangereuses ont été transportées sur leur territoire en précisant les quantités.

«Nous sommes même allés plus loin en demandant la fréquence de passage, et le CN nous les a fournis», précise Mme Samson.

Un amalgame d’information suffisant, dit-elle, pour peaufiner la formation des premiers répondants.

«On sait que dans l’est de Montréal, c’est un certain type de produits qui circulent. Nos casernes de pompiers autour reçoivent une formation particulière [en collaboration avec le CN] pour savoir comment l’éteindre rapidement en cas d’accident. On fait la même chose pour l’ouest», détaille Mme Samson.

Mais ces informations fournies par les compagnies après le passage des trains, c’est «trop peu trop tard», pour le maire de l’arrondissement du Sud-Ouest, Benoît Dorais, qui côtoie une grande quantité du réseau ferroviaire montréalais dans son secteur.

«En cas d’accident, nous devons intervenir tout de suite, sans commencer à partir à la recherche d’information. On ne peut pas demander à nos premiers répondants de tout amener leur matériel sur place [s’ils ne savent pas à l’avance quel produit est impliqué]», fait valoir le maire Dorais, qui demande plus de transparence des compagnies et des mesures plus sévères du fédéral.

Anie Samson défend plutôt sa préparation. «Ça me sert à quoi de savoir ce qu’il y a dans mon train aujourd’hui? Ce que je veux, c’est pouvoir réagir s’il y a un problème, et mettre en place les mesures de sécurité», exprime-t-elle.

La Ville doit également préparer le nouveau schéma d’aménagement dans lequel elle compte respecter la réglementation interdisant la construction immobilière à moins de 100mètres d’une voie ferrée. «Avant Lac-Mégantic, ce n’était pas appliqué», déplore Anie Samson.

Une partie des vieux wagons DOT-111, impliqués dans la tragédie de Lac-Mégantic, est toujours en circulation à Montréal. «[À notre demande] le CN a investi plusieurs millions de dollars par année pour s’assurer que le système reste sécuritaire d’ici leur retrait», assure Anie Samson.

De fait, le fédéral a demandé le retrait graduel d’ici trois ans de ces véhicules ferroviaire. «[La dangerosité] des DOT-111 avait été soulevé il y a plus de 20 ans, et c’est seulement maintenant que le gouvernement agit, regrette Hoang Mai, député néo-démocrate de Brossard-La Prairie, qui produit actuellement un rapport sur la sécurité ferroviaire. C’est dommage que ça ait pris une tragédie pour qu’ils agissent.»

Le député précise que, malgré la tragédie de Lac-Mégantic, le dernier budget conservateur ne présente aucune augmentation de financement accordé à la sécurité ferroviaire.

«Il y a eu quelques pas dans la bonne direction, mais il reste encore beaucoup de chemin à faire», ajoute-t-il.

M. Mai souhaite lui aussi que les municipalités obtiennent à l’avance plus d’information sur le type de produit qui circule dans leur région. Il rappelle que le Vérificateur général du Canada, dans l’un de ses rapports, déplorait le manque de suivi de la part de Transport Canada lorsqu’un problème ou une défectuosité surviennent.

«Ce qu’on demande au gouvernement c’est d’intervenir, d’imposer une réglementation plus rigoureuse. Il y a de belles paroles, mais il manque d’agissement», critique le député.

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