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Pourquoi commémorer la bataille de Vimy?

Canadian soldiers practice marching at the WWI Canadian National Vimy Memorial in Givenchy-en-Gohelle, France on Friday, April 7, 2017. Commemoration ceremonies will take place on Sunday at the memorial to honor Canadian soldiers who were killed or wounded during the Battle of Vimy Ridge in April 1917. (AP Photo/Virginia Mayo) Photo: The Associated Press
Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le Canada commémorera en grand, dimanche, le centième anniversaire de la bataille de la crête à Vimy, en France, survenue pendant la Première Guerre mondiale. Pourquoi est-ce si important pour le pays de se rappeler cette bataille importante et symbolique, certes, mais qui faisait partie d’une offensive beaucoup plus large menée par les Britanniques?

La bataille à Vimy, qui a été menée par les soldats canadiens du 9 au 12 avril 1917, représente un jalon significatif dans la guerre puisqu’elle a permis aux alliés d’avoir un «observatoire». La crête, avec ses 145 mètres de hauteur, permettait une vue imprenable dans une région relativement plane, a expliqué l’historien militaire, Carl Pépin.

«C’est une petite position surélevée, mais étant donné que le paysage du nord de la France et de la Belgique non loin est toujours plat, c’est sûr qu’une crête comme Vimy peut avoir son importance», a-t-il soutenu en entrevue téléphonique.

Les Allemands contrôlaient ce point stratégique depuis 1914, donc c’était une avancée importante qui a été dirigée par les Canadiens, mais dans un contexte beaucoup plus large, a tenu à nuancer l’historien.

La bataille de la crête de Vimy faisait partie de l’offensive d’Arras — la principale ville de la région du Nord-Pas-de-Calais — qui était pilotée en grande partie par les Britanniques.

«Oui, il s’agit d’une bataille canadienne, mais une bataille qui s’inscrit dans un contexte beaucoup plus large, qui était celui de la bataille d’Arras», a indiqué M. Pépin.

Une bataille «canadienne» car pour la première fois à Vimy, toutes les divisions d’infanterie du Canada, d’un océan à l’autre, ont combattu ensemble.

Un mythe canadien

C’est probablement cela qui a alimenté le «mythe» autour de la célèbre bataille. «Au cours de ces quelques minutes, j’ai été témoin de la naissance d’une nation», avait déclaré le brigadier-général Alexander Ross.

Ce symbole d’une bataille canadienne «fondatrice» de la nation est utilisé par le gouvernement canadien, qui ne manque pas de le rappeler dans son site internet sur le centième de l’événement.

Mais selon les historiens, c’est un mythe auquel il faut apporter certains bémols.

«Le Canada existait avant 1917, notre pays avait déjà 50 ans. C’est un mythe qui a été créé à la fois par des soldats à l’époque, par les gens, et, j’en conviens, par les historiens», a soutenu M. Pépin.

«La bataille de Vimy n’a rien à voir avec la naissance de la nation canadienne. On peut soutenir de façon raisonnable qu’il s’agit d’un moment important de son histoire, mais prétendre que la nation serait née le 9 avril 1917 dans la plaine d’Artois, c’est nier plus de trois siècles d’histoire pendant lesquels les ancêtres de millions de Canadiens ont consacré leur vie à bâtir ce pays», a pour sa part souligné l’historien Jean Martin dans un article publié en 2011 dans la Revue militaire canadienne.

M. Martin a d’ailleurs noté que la grande majorité de l’armée canadienne formée «d’un océan à l’autre» était constituée à l’époque d’étrangers, une bonne partie provenant du Royaume-Uni.

«On ne peut pas douter que pendant ces quatre années, un très grand nombre de ces jeunes hommes qui s’étaient d’abord enrôlés pour servir dans les armées britanniques se soient graduellement sentis de plus en plus canadiens», a-t-il toutefois nuancé.

Qu’en est-il de la contribution québécoise? Selon les chiffres de l’historien Jean Martin, les Québécois — ou les Canadiens-Français comme on les appelait à l’époque — représentaient environ 9 % des soldats qui sont allés se battre en Europe.

«Il y a environ six soldats canadiens-français sur sept qui ont combattu dans des unités anglophones. (Un soldat sur sept) a combattu dans la seule unité d’infanterie francophone qui était le 22e bataillon canadien-français et qui est aujourd’hui le Royal 22e Régiment», a précisé M. Pépin.

Se souvenir du sacrifice

Bien que le mythe de Vimy ait été amplifié avec le temps, M. Pépin souligne que le Canada tient aussi à se souvenir de l’événement pour le sacrifice qu’ont fait ces militaires à l’époque.

Entre le 9 et 12 avril 1917, quelque 3600 soldats ont perdu la vie, en plus des milliers de blessés. «Ça fait un peu plus de 1000 morts, chaque jour (…) Ce sont quand même des pertes élevées», a commenté M. Pépin.

Le monument canadien érigé sur la crête de Vimy dans les années 1930 honore d’ailleurs la mémoire de ces soldats.

«Le pèlerinage a mené les vétérans sur le site de toutes leurs grandes batailles, mais avec le dévoilement de ce gigantesque monument, Vimy était maintenant devenu le point central de la mémoire canadienne de la Première Guerre mondiale», a conclu M. Martin dans son article.

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