Dimanche blues
Fête nationale oblige, on a enfin eu droit à un dimanche à mon goût. Un dimanche à ne rien faire. Sans sollicitation et sans emplettes. Un dimanche où tout était fermé. Ou presque tout. Seuls les dépanneurs du coin, les pharmacies et une couple de restos avaient ouvert leurs portes. Bien en masse. Pour le reste, il aura fallu attendre au lendemain. Une éternité pour certains…
En ce qui me concerne, le dimanche devrait toujours être comme ça. Une journée en blanc. Exactement comme avant. Dans notre monde de jadis, il n’y avait que deux options qui s’offraient à nous le dimanche : aller à la messe ou aller manger du rosbif trop cuit chez sa mémé. Pour le reste, tout était mortellement ennuyant. Même la TV était plate à ronfler. Sauf pour L’heure des quilles et le Mini-putt. Ça vous donne une idée…
Loin de moi l’idée de vous retourner dans le confessionnal ou de vous faire bouffer de la semelle de botte, les deux m’inspirent pareillement, mais je me demande si un retour à cet arrêt obligatoire des temps anciens ne serait pas salutaire. Parce que, quoi qu’on en pense, le dimanche plate avait sa pertinence.
Premièrement, ça nous laissait plein de temps pour prendre un break et aller fouiller dans nos têtes pour voir où on en était. Dans le dictionnaire, ils appellent ça de la réflexion. Et dans le dictionnaire des synonymes, un antistress. Ensuite, c’est bête écrit comme ça, mais le dimanche nous apprenait à cultiver l’ennui. À faire avec ce qu’on avait, c’est-à-dire le GRAND RIEN.
En découvrant les vertus du temps perdu, on ne s’attendait pas à ce que chaque minute soit une montagne russe d’émotions. L’ennui était alors une constituante acceptée de la réalité. Si on voulait fuir ce grand rien et tromper cet ennui, on était obligé de s’organiser pour voir du monde. Pour jaser de tout, de rien, du futile comme de l’essentiel. De l’insignifiant au passionnant.
Je vous le dis, on devrait y songer. Le vide demeure encore le meilleur antidote au trop-plein…
Le vide demeure encore le meilleur antidote au trop-plein…
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Pourquoi faire simple quand on peut faire comme la CLASSE? Sais pas ce qu’ils mettent dans leurs céréales pour avoir autant d’imagination dans leur manière de se faire haïr, mais une chose est certaine, dans ce domaine, ils sont en voie de devenir les champions incontestés… Les humoristes indignés viennent de l’apprendre à leurs dépens. Pauvres eux autres, ils ont dû se sentir comme des scouts qui aident une vieille madame à traverser et qui mangent un coup de sacoche sur la tête rendu l’autre bord de la rue parce que la madame ne voulait plus changer de trottoir… Les humains sont parfois durs à suivre. Les gens de la CLASSE le sont encore plus…
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C’est arrivé dans une vente-débarras ce week-end. Un violon, sans corde et plutôt magané, gisait sur le gazon au milieu d’un assemblage de cossins hétéroclites.
– «Pardon monsieur, il est combien le violon?»
– «150 $.»
– «Ouille, pas donné vu son état!»
– «Peut-être, mais c’est un Stradivarius!»
J’éclate de rire. «Ben wèyons donc!»
Et monsieur le vendeur qui s’indigne : «Mais vous vous foutez de ma gueule, ou quoi?»
– «Moi, non. Et vous?»
Remarquez que j’ai peut-être laissé filer l’occasion de faire fortune. En passant, j’ai une guitare presque neuve ayant déjà appartenu à John Lennon à vendre. Avec la courroie, des picks et une méthode pour débutant. Sacrifierais à bon prix…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.