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Le Canada rate sa cible sur la vente de voitures électriques

Doug Ives / La Presse Canadienne Photo: Doug Ives

OTTAWA — Un objectif vieux de dix ans visant à avoir au moins un demi-million de voitures électriques sur les routes du Canada d’ici la fin de 2018 semble avoir été loin d’être réalisé. En fait, le Canada n’aurait pas atteint le cinquième de sa cible.

La Feuille de route du Canada sur la technologie des véhicules électriques, qui avait été produite en 2009 par des experts notamment pour le ministère des Ressources naturelles, visait à mettre sur les routes 500 000 voitures électriques.

Des données compilées par FleetCarma, qui recense les ventes de véhicules électriques chaque trimestre, suggèrent qu’à la fin de 2018, moins de 100 000 voitures électriques étaient sur les routes canadiennes.

Le rapport signalait que le train des véhicules électriques était déjà en marche et que le Canada n’était pas à bord. Il mentionnait des mesures que le gouvernement et le secteur privé devraient prendre pour s’assurer que le Canada ne passe pas à côté des avantages économiques et environnementaux d’une industrie de véhicules électriques.

Un élément important était la nécessité de coordonner les travaux existants sur les véhicules électriques au Canada entre les constructeurs automobiles et les fabricants de pièces automobiles, les installations de recherche et les cabinets de conseil, et d’assurer une industrie plus cohérente. Des programmes de sensibilisation auprès du public, des investissements dans les infrastructures et des démarches avec des compagnies d’électricité étaient également nécessaires.

Peu de ces mesures ont été mises en place.

«Ce qu’il nous manque, c’est un plan national pour déployer les véhicules électriques, attirer du capital et compétitionner pour combler la demande de voitures électriques», a souligné Dan Woynillowicz, directeur des politiques de Clean Energy Canada.

Les libéraux n’ont pas encore de plan
En 2016, les libéraux avaient promis une stratégie nationale pour les véhicules électriques d’ici la fin de l’année 2018. Jusqu’ici, ils n’ont pas encore donné suite à leur promesse.

Une porte-parole du ministre des Transports, Marc Garneau, n’a pas pu dire quand cette stratégie sera déposée.

Au cours des trois dernières années, le gouvernement fédéral a dépensé 182M$ pour acheter et installer davantage de stations de recharge pour les véhicules.

Bob Oliver, directeur général de Tech-K.O., qui aide les clients à commercialiser leurs technologies de véhicules électriques, faisait partie du comité qui a rédigé la feuille de route. Il a déclaré que l’objectif de 500 000 véhicules n’était pas une prédiction, mais une aspiration.

Lorsque la feuille de route a été écrite, il n’y avait pas de voiture rechargeable disponible au Canada. Maintenant, il y a plus d’une vingtaine de modèles.

Trois provinces se démarquent
Les ventes de voitures sont presque exclusivement limitées aux trois provinces — l’Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique — qui ont instauré de remises en argent pour rendre les voitures comparables en coût initial avec des voitures à essence. L’Ontario a annulé son système de rabais en juillet.

L’Ontario, le Québec et la Colombie-Britannique représentaient 97% de tous les véhicules rechargeables vendus au Canada entre 2013 et 2018.

La plupart des autres provinces ont très peu de bornes de recharge publiques, ce qui constitue l’un des principaux obstacles à la confiance du public en ce qui concerne l’achat d’une voiture rechargeable — les acheteurs potentiels craignent de manquer de jus et de n’avoir nulle part où recharger leurs batteries.

Le Québec dispose maintenant d’un système de quotas qui oblige les concessionnaires automobiles à vendre un pourcentage minimum de voitures électriques, sans quoi ils doivent payer une pénalité. En novembre, la Colombie-Britannique a élargi sa politique sur les véhicules à zéro émission pour y inclure qu’aucune voiture à essence ne pourra être vendue après 2040.

Neuf pays, dont la France, le Royaume-Uni et la Norvège, prévoient éliminer graduellement tout ou en partie les véhicules à essence entre 2025 et 2050.

Le Canada a signé une nouvelle alliance internationale pour passer aux voitures électriques lorsque les ministres et les responsables se sont rencontrés en Pologne dans le cadre des plus récents pourparlers des Nations unies sur les changements climatiques.

M. Oliver a indiqué que la préférence des Canadiens pour les gros véhicules comme les VUS et les camionnettes est l’un des défis à la vente de voitures électriques.

Près de 23 millions de voitures de tourisme, de VUS et de camionnettes sont immatriculés au Canada. Au cours de la dernière décennie, les Canadiens ont accru leur intérêt pour les VUS et les camionnettes. À l’heure actuelle, environ les deux tiers des véhicules vendus au Canada appartiennent à ces catégories et ils n’incluent pratiquement aucun modèle électrique.

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