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Agriculture: une arrivée tardive des travailleurs qui pourrait affecter la production

Un étal de fruits et légumes au marché Jean-Talon
Photo: Josie Desmarais/Métro

La saison estivale pourrait bien s’amorcer sans travailleurs saisonniers dans les champs du Québec. Une situation qui tracasse des agriculteurs et laisse entrevoir un «retard» dans la production agroalimentaire.

Québec et Ottawa entretiennent régulièrement un contact avec les administrations mexicaines et guatémaltèques, qui fournissent une proportion importante des travailleurs saisonniers et temporaires qui aboutissent au Canada.

Or, selon le président général de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Groleau, les difficultés associées au coronavirus ont ralenti leur départ vers le nord.

«Le Mexique s’est assuré de la sécurité de ses travailleurs. Là, ils ont autorisé le début des vols bientôt. Au Guatemala, ça va être retardé à la semaine prochaine, observe-t-il. Il y a un retard.»

À la mi-mars, l’UPA avait fait entendre ses craintes quant à la fermeture des frontières canadiennes, qui menaçait d’affecter l’arrivée des travailleurs temporaires. Finalement, le gouvernement fédéral a décidé d’accorder une exemption à cette catégorie d’immigrants.

Augmentation des coûts

Malgré l’arrivée prochaine de certains travailleurs, les difficultés des agriculteurs ne s’arrêteront pas là. Depuis qu’on leur permet de franchir la frontière, les immigrants temporaires destinés aux champs canadiens doivent se mettre en quarantaine.

«Évidemment, on doit les payer, les nourrir, les héberger. Ça augmente beaucoup les coûts pour les producteurs», souligne M. Groleau.

Propriétaire de la Ferme horticole Gagnon, David Lemire emploie habituellement une trentaine ou une quarantaine de travailleurs temporaires. Aucun d’entre eux n’est arrivé jusqu’à maintenant, et seulement six se sont procurés des visas.

«En théorie, ces six-là vont partir du Guatemala le 15 avril. Mais le bug, c’est de savoir si les pays vont recommencer à émettre des visas. C’est porter des lunettes roses de penser que les travailleurs vont tous pouvoir avoir des visas à temps», observe-t-il.

La situation dans son ensemble met les agriculteurs «dans l’incertitude», lance Marcel Groleau.

«Ils ne savent même pas s’ils pourront quand même planter ou planter autant que l’an passé.» – Marcel Groleau, président général de l’UPA

David Lemire en convient, les travailleurs «ne seront pas là pour les plantations». La saison des récoltes, elle, demeure incertaine.

Soutien local?

En attendant, les producteurs se tournent vers de la main-d’oeuvre locale. Mais 16 000 travailleurs temporaires, c’est dur à remplacer, convient M. Groleau.

«La réponse locale n’est pas très forte», affirme-t-il.

Pour accélérer ce retour, l’UPA et ses partenaires demandent à Ottawa de permettre aux travailleurs locaux d’oeuvrer dans les fermes sans perdre la totalité de leur chèque d’assurance d’emploi.

«On a envoyé des lettres et on nous dit qu’on regarde ça très sérieusement», affirme M. Groleau. Selon lui, le temps presse.

«Les volumes sur le marché pourraient être moins importants. Et s’il y a moins de volume, les prix augmentent.» – Marcel Groleau

Selon l’Association des producteurs maraîchers du Québec, «certains légumes demandant en main-d’oeuvre ont déjà été coupés de 20%».

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