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Le profilage racial tombé dans l’oubli à l’Assemblée nationale?

Un agent de la Sûreté du Québec
Photo: Archives Métro

L’unique comité gouvernemental de lutte contre le profilage opère sans faire de vague depuis sa création en 2005. Si bien, qu’il n’a publiquement émis aucune recommandation avant de taire ses activités pendant deux ans, de 2016 à 2018. Accusé de faire preuve de «laxisme», le gouvernement caquiste soutient avoir remis la machine en marche depuis son arrivée au pouvoir.

Fondé en 2005, le Comité sectoriel issu du milieu policier sur le profilage racial et social tenait jusqu’en juin 2016 environ une rencontre par année. Puis, plus rien jusqu’en mars 2018, révèlent des documents obtenus grâce à la Loi sur l’accès à l’information.

La ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, affirme avoir remis la lutte au profilage à l’avant-plan depuis son élection en 2018.

«Au moment où je suis arrivée en poste, ça faisait 13 ans que ce comité n’avait à toute fin pratique livré aucune directive, pratique, politique pour encadrer nos organisations policières», a-t-elle indiqué.

«Or, qui était au gouvernement durant la grande majorité de ces 13 années? Le Parti libéral, a-t-elle poursuivi. Il y a eu de l’inertie.»

Selon les comptes-rendus du comité publiés vendredi, cinq rencontres ont eu lieu entre l’arrivée de la CAQ au pouvoir, fin 2018, et la fin de l’année suivante.

Consultation «de façade»

La ministre Guilbault soutient par ailleurs que ce comité, formé uniquement de corps policiers, a depuis consulté «la société civile». Une rencontre a notamment eu lieu en janvier dernier, a soutenu l’élu de la Coalition avenir Québec (CAQ).

Rejointe par Métro vendredi, la Ligue des droits et libertés (LDL) – présente en janvier – a dénoncé une «fausse consultation».

«On veut s’assurer que la société civile soit entendue au même titre que le milieu policier», a observé la responsable des communications de la LDL, Elisabeth Dupuis.

Représentante de la Ligue à la rencontre de janvier, Lynda Khelil a constaté un manque de coopération.

«Ça ne s’inscrit pas dans une démarche à long terme», a-t-elle ajouté.

«Comité bidon»

Les activités du comité sectoriel avaient de prime abord été mentionnées vendredi par le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois.

En période de questions, ce dernier a demandé des comptes à la ministre de la Sécurité publique. Il avance que le «laxisme» du comité s’est poursuivi depuis l’élection de la CAQ.

«Maintenant, c’est la ministre qui est responsable du comité. En décembre dernier, elle a répondu qu’on travaillait sur un guide. J’aimerais savoir si, depuis, on a imprimé et distribué le fameux guide», a demandé le député de Gouin.

Mme Guilbault rétorque qu’elle a «dépoussiéré» le groupe de travail depuis 2018.

Dans le dernier compte-rendu du comité accessible au public, le guide faisait toujours l’objet de discussions «entourant la définition du profilage criminel».

Et à Montréal?

Le profilage racial et social fait les manchettes depuis la mort de l’Américain George Floyd aux mains d’un policier, pas plus tard que le 25 mai.

À Montréal, le service de police municipal assure préparer une politique sur les interpellations policières. Il sera d’ailleurs présenté au début du mois de juillet, maintient le directeur du SPVM, Sylvain Caron.

Les personnes racisées sont quatre fois plus susceptibles de faire l’objet d’une interpellation dans les rues de la métropole, selon un rapport indépendant rendu public à l’automne.

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