Soutenez

Inégalités croissantes: Ottawa pressé de «repenser le filet social»

La Chambre des communes adopte le plan d'urgence fédéral de 82 G$
Le parlement, à Ottawa. Photo: 123RF

Alors qu’un rapport fait état d’une augmentation des inégalités sociales au Québec, un organisme presse Ottawa de profiter de la crise sanitaire pour «repenser le filet social» à plus long terme, relançant ainsi le débat sur la pertinence d’un revenu minimum garanti au pays.

Malgré une diminution du taux de chômage dans le contexte de la relance économique, les inégalités entre les riches et les pauvres continuent de croître au Québec. Dans un rapport de près de 50 pages publié aujourd’hui, l’Observatoire québécois des inégalités, basé à l’Université de Montréal, constate que les employés des secteurs les mieux rémunérés ont bénéficié davantage de la reprise économique des derniers mois que ceux qui travaillent entre autres dans les commerces de détail, les hôtels et les restaurants de la province.

«On constate que les emplois plus payants ont été retrouvés plus rapidement que les emplois moins payants», résume à Métro la chercheuse et co-auteure de ce rapport, Agnès Lys Granier.

«Inégalités de reprise»

Le document, basé sur un sondage Léger mené au début du mois, fait ainsi état d’«inégalités de reprise» survenues dans le contexte du déconfinement. Les inquiétudes financières sont d’ailleurs en hausse auprès des Québécois. Ainsi, 13% des Québécois sondés ont craint en août de ne pas pouvoir payer leurs factures ou leurs frais d’habitation. En février, ce taux s’élevait à 7%.

«Parmi les groupes d’âge, les personnes de 55 ans et plus sont les plus touchées par l’augmentation de leur inquiétude financière, un niveau qui est six fois plus élevé qu’avant la crise en avril», peut-on lire. Les femmes, les ménages avec des enfants et les jeunes adultes de 18 à 34 ans comptent aussi parmi les groupes de personnes qui vivent le plus d’insécurité financière actuellement au Québec.

«Les femmes ont perdu leur emploi plus rapidement depuis le début de la crise et depuis la reprise, elles ont plus de difficultés à retrouver un emploi», souligne également Mme Lys Granier. Cette dernière constate d’ailleurs une certaine corrélation entre les groupes les plus affectés financièrement par la crise sanitaire et ceux qui vivent le plus de détresse psychologique.

«Depuis le début de la crise, les femmes, les 18 à 34 ans et les personnes pauvres ont vu leur détresse psychologique augmenter», souligne-t-elle.

Des programmes d’aide populaires

Le rapport fait par ailleurs état d’une croissance dans l’utilisation des programmes d’aide financière des différents paliers de gouvernement, comme l’aide sociale et l’assurance emploi. Parmi ceux créés par Ottawa dans le contexte de la crise sanitaire, on compte entre autres la subvention salariale et la Prestation canadienne d’urgence (PCU).

«Nous pouvons constater que la proportion de personnes ayant reçu un soutien de la part des gouvernements a plus que quintuplé entre février et avril», indique le rapport. En août, 24% des personnes de 18 à 34 ans bénéficiaient toujours d’un de ces programmes. Le même pourcentage s’appliquait aux personnes ayant un revenu annuel inférieur à 40 000$.

«Repenser le filet social»

«Si on n’avait pas donné cet argent-là aux gens, on aurait vu la misère se promener dans les rues de nos villes et de nos villages», lance à Métro le porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses, Pierre Céré. Ce dernier espère maintenant que le gouvernement Trudeau, qui s’apprête à réviser plusieurs programmes d’aide financière dans les prochaines semaines, incluant la PCU, profitera de la crise sanitaire pour «repenser le filet social» à plus long terme.

«On peut mettre en place des mesures de crise, comme ils sont en train de faire, tout en commençant à penser à des mesures d’après-crise», estime M. Céré. Ottawa pourrait par exemple mettre en place un revenu minimum garanti afin que tous les citoyens puissent recevoir de l’aide financière, peu importe leur statut d’emploi. Une réflexion qui est nécessaire, selon lui, pour se préparer au prochain «choc».

«Il faut faire en sorte que les gens, quand ils perdent leur emploi, que ce soit dans le cadre d’une crise économique ou environnementale, qu’ils aient l’assurance d’avoir un revenu de remplacement.» -Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses

Ce dernier attend ainsi avec impatience le prochain discours du Trône, le 23 septembre, pendant lequel le gouvernement Trudeau devrait effectuer plusieurs annonces en lien avec la relance économique.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.