Entente sur le logement: Québec et Ottawa injectent près de 3,7 G$
L’entente Québec-Ottawa sur le logement voit enfin le jour. Québec mettra la main sur des sommes fédérales en plus d’investir sa part d’un total de près de 3,7 G$ pour ses besoins en logement, ont conjointement annoncé mardi les gouvernements fédéral et provincial.
Bloqués depuis 2017 dans les coffres d’Ottawa, les transferts fédéraux pour le logement avaient fait l’objet d’une entente de principe à la mi-septembre. Finalement, les deux paliers gouvernementaux investiront des sommes égales. Les détails étaient présentés mardi.
La part du lion des sommes ira principalement dans la rénovation d’unités d’habitation à loyer modique (HLM) et de logement communautaire dans la province. Une autre portion ira aux «priorités du Québec» en nouvelles constructions.
La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, estime que les sommes permettront entre autres de remplir la promesse électorale de la Coalition avenir Québec qui consistait à réaliser 15 000 places locatives déjà prévues.
«Pour le premier volet, Priorités Québec, on pourrait y aller entre 2800 et 4000 logements», a précisé Mme Laforest.
Longues négos
Québec demeurait jusqu’à maintenant la seule province a ne pas avoir reçu sa part des fonds fédéraux en logement, estimée à environ 1,4 G$. Auparavant, la ministre Laforest avait affirmé tenir dur comme fer aux compétences provinciales en matière de logement.
«Des fois, les bonnes choses prennent du temps. On voulait une entente gagnante-gagnante», a souligné en point de presse le leader du gouvernement fédéral, Pablo Rodriguez.
Selon la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, qui participait aux discussions, Québec tenait dur comme fer au respect de ses compétences.
«Si on reçoit l’argent, mais qu’on ne peut pas choisir où la mettre, c’est comme si on n’avait pas reçu d’argent», a-t-elle affirmé.
Compétences
Au Québec, des villes comme Montréal et Gatineau, encaissent une importante crise locative. Récemment, la métropole québécoise enregistrait son taux d’inoccupation des logements le plus bas en quinze ans.
Cas d’exemple flagrant: des itinérants se sont installés en grand nombre dans des tentes aux abords de la rue Notre-Dame, cet été. Plusieurs d’entre eux exigent l’ajout immédiat d’unités locatives. Aux plus récentes nouvelles, la Société d’habitation du Québec (SHQ) avait ajouté un peu plus de 1000 logements sociaux en territoire québécois cette année.
Montréal n’a pas réagi, mardi, à l’annonce des paliers supérieurs.
La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, déplore une énième déception. Son organisme voudrait voir pousser 50 000 logements sur cinq ans dans la province.
«Ce sont des miettes. […] Pour nous, les sommes fédérales ne doivent pas servir à réaliser des logements déjà promis, mais des nouveaux logements», dénonce Mme Laflamme.
Elle espère que les 272 M$ prévus par le fédéral dans la catégorie «Priorités du Québec» génèrent au minimum la mise sur pied d’une nouvelle programmation AccèsLogis.