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Les appels pour empoisonnement au gel hydroalcoolique explosent

Une personne se lave les mains avec des produits désinfectants, du gel hydroalcoolique.
Seuls les gels hydroalcooliques certifiés et l’eau savonneuse garantissent une bonne hygiène des mains. Photo: 123RF.com

Le nombre d’appels au Centre antipoison du Québec pour un empoisonnement «réel ou suspecté» au gel hydroalcoolique est quatre fois plus élevé que d’habitude depuis le début de la pandémie, au mois de mars.

Pour la période de mars à octobre, le centre antipoison recense 787 expositions «réelles ou suspectées» au gel hydroalcoolique comparativement à 185 pour la même période l’an dernier.

«Il y a une corrélation assez facile à faire avec le début de la pandémie et du confinement», exprime Guillaume Bélair, infirmier clinicien et assistant du supérieur immédiat au Centre antipoison du Québec. «On a vu l’effet immédiat par un grand bond d’expositions.»

Les cas d’exposition provenant de domiciles constituent à eux seuls plus de 70% des appels en 2020 pour le gel hydroalcoolique.

«Les cas concernent par exemple l’exposition accidentelle d’enfants qui en mettent sur leurs mains et qui les lèchent par la suite. Ça n’en prend pas une grande quantité pour qu’un enfant soit intoxiqué par l’éthanol. Mais des cas réels où on était inquiet pour l’enfant, ce n’est pas très courant.» – Guillaume Bélair, infirmier clinicien au Centre antipoison du Québec

«Les enfants étaient beaucoup plus dans leur maison, associé à une plus grande disponibilité des produits dans les ménages et [au fait] qu’il y a eu une razzia sur les produits», ce qui a contribué à la hausse, analyse M. Bélair.

Des problèmes cutanés aussi

La demande pour le gel hydroalcoolique a explosé au début de la pandémie, ce qui a provoqué une certaine pénurie pour les ingrédients utilisés dans ces gels-là, explique Lionel Ripoll, professeur au département des sciences fondamentales à l’Université du Québec à Chicoutimi.

Il y a eu deux pénuries, détaille M. Ripoll: une pénurie d’alcool et une pénurie de gélifiant, comme l’acrylate. Les capacités de production des usines standard n’ayant pas suffi, il a fallu que l’industrie résolve cette pénurie en mettant à profit des entreprises qui ne produisent habituellement pas des gels hydroalcooliques.

Comme il manquait cruellement d’alcool, Santé canada a ouvert les vannes en assouplissant les règles quant à la qualité d’alcool de grade pharmaceutique devant se retrouver dans les gels. Des gels de grades alimentaires et techniques ont été autorisés dans les produits.

«Il y a des impuretés dans certains alcools qui peuvent provoquer des réactions d’irritation, de rougeurs, de picotement», explique M. Ripoll.

«Dans l’alcool de grade technique, on met dedans des dénaturants pour éviter que les gens ne boivent cet alcool-là» en donnant au produit une forte odeur, évoque M. Ripoll.

Un gel qui ressemble à une collation

Les gels sont considérés comme des médicaments avec des normes spécifiques de Santé Canada, incluant notamment une monographie et un Numéro NPN (Natural product number) attribué par Santé Canada après une vérification du dossier du fabricant.

Ce qui n’a pas empêché un gel pour les mains qui ressemblait à une pochette de compote de fruits de se retrouver sur le marché, explique Guillaume Bélair du centre antipoison du Québec. Après avoir été signalé au Centre antipoison de la Colombie-Britannique, Santé Canada a retiré le produit des tablettes. «C’était beaucoup trop exagéré», dit Guillaume Bélair.

Les cinq centres antipoison canadiens sont inscrits dans un programme de Santé Canada depuis quelques années: le Système canadien de surveillance de l’information sur les poisons. Il s’agit d’une branche de Santé Canada qui établit un système de vigilance sur la toxicologie.

«On a des meetings réguliers pour ce programme-là», détaille M. Bélair.

Garder hors de portée des enfants

Le centre antipoison rappelle les conseils usuels et appelle à une vigilance particulière pour les enfants en gardant les produits hors de leur portée en hauteur «même s’il faut les ressortir à chaque fois».

Le nombre de cas «reste soutenu, mais a atteint un certain plateau», dit l’infirmier clinicien.

De 68% à 70% des appels au centre antipoison proviennent du public alors que de 30 à 32% sont des cas d’hôpitaux.

«Même si ce n’est pas toujours des cas très graves, les parents sont en général inquiets de potentielles situations d’intoxication», affirme M. Bélair.


Centre antipoison du Québec:1 800 463-5060

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