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Plus facile d’être réac

À l’émission Plus on est de fous plus on lit, à la première chaîne de Radio-Canada, nous discutions, hier, avec les collègues François Cardinal et David Desjardins, de la pertinence d’écrire des chroniques. Voilà une question que chaque chroniqueur un peu sage ou insécure se pose régulièrement. En cet âge d’or de l’opinion, où chacun a droit à la sienne et où toutes s’équivalent, pourquoi ajouter sa voix à ce qui finit par ressembler de plus en plus à un grand vide?

La discussion découlait d’une chronique de l’écrivaine française Christine Angot intitulée Ça sert à rien d’écrire des chroniques. On pourrait lui demander ça sert à quoi d’écrire des chroniques pour dire que ça sert à rien d’écrire des chroniques, mais ce qui m’a le plus marqué dans ce texte quand même fort, c’est le sentiment de dépassement qui en émane. Un dépassement devant un populisme qui finit de toute façon par tout engloutir, on dirait. Un grand sentiment d’impuissance devant l’attrait que semble exercer les idées déjà reçues.

«Moi demain si j’veux j’suis réactionnaire. C’est tellement facile», ajoutait Angot au micro de Léa Salamé sur France Inter. «Si j’veux demain je dis j’en ai marre, dans ma rue y a plein de vendeurs à la sauvette africains qui m’empêchent de passer. Je suis tannée qu’il y ait des Noirs qu’ils s’en aillent. Et puis j’ai envie qu’il y ait des blancs dans ma rue quoi ça suffit. Je peux décider de faire ça c’est très simple». L’alternative est évidemment d’aller au-delà de ces réflexes intolérants. De tenter de comprendre, au lieu de simplement réagir. Réagir, tout le monde est capable de faire ça.

J’aime penser que les chroniqueurs sont ceux qui ont le temps et les ressources pour mettre en mot des idées qui vont au-delà du «ça a-tu du bon sens». Ce n’est pas idéologique. Il y a parmi les penseurs conservateurs, des gens avec qui je suis rarement d’accord, des commentateurs chez qui il faut reconnaître une capacité d’analyse qui les éloigne de la réaction.

Par contre, si vous préférez entendre des gens réagir, si vous voulez continuer de penser que «ça a-tu du bon sens», il y a ce compte Soundcloud qui vous en offre une sélection pré-digérée.

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