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Félix Dyotte: pop en stock

OLYMPUS DIGITAL CAMERA Photo: Bien à vous / Collaboration spéciale

Un brin dandy, un peu décalé et faussement naïf, Félix Dyotte présente sur son deuxième album une pop colorée, mais qui ne manque pas de substance.

À la première écoute, Politesses évoque la légèreté d’un été éternel. La voix vaporeuse du trentenaire coule sur une musique aux accents romantiques, parfois teintée d’électro.
Mais lorsqu’on gratte un peu, on découvre des textes d’une plus grande gravité.

«Oui, je fais de la musique entraînante, enjouée, vraiment pop, un peu bonbon et qui s’assume comme telle. Mais ce sont des chansons qui racontent quelque chose, qui relatent des histoires. Ce que je fais se rapproche du storytelling», estime l’ancien membre du défunt groupe Chinatown, qui déplore l’étiquette péjorative accolée à une certaine pop.

«Au Québec, pour passer pour profond, il faut avoir des musiques vraiment tristes, avec un grand orchestre, sur un air grave. Si tu te proclames auteur-compositeur-interprète et que tu sors un album en ton nom, t’es mieux de faire de la musique triste en criss», juge-t-il en riant.

«Il y a des catégories trop limitées dans la chanson au Québec. On a certaines attentes par rapport aux auteurs-compositeurs-interprètes québécois qui ne sont pas nécessairement celles qu’on a avec ceux qui viennent de l’international.»

Félix Dyotte, lui, assume pleinement le côté «rose bonbon et jaune moutarde» de son deuxième opus.

L’auteur-compositeur-interprète y parle essentiellement d’amours, parfois déçues, parfois tendres, toujours senties. Contrairement à ce qu’il avait fait dans son premier disque éponyme, lancé en 2015, il a choisi de s’éloigner de son vécu. Une décision qui a beaucoup influencé son écriture.

«D’un point de vue musical, j’ai fait le choix conscient de faire une suite logique du premier disque, mais ça n’a pas été le cas au niveau des paroles», affirme-t-il.

«Station balnéaire, par exemple, c’est une des premières tounes où je me suis dit :il ne faut pas que je parle de moi, du tout. Ça ne parle aucunement de moi ou de gens que je connais», explique le chanteur et guitariste qui a notamment œuvré avec Pierre Lapointe.

«Ça parle de personnages inventés, de la réalité de gens que je pourrais connaître, mais qui ne sont inspirés de personne en particulier. C’est la première fois que je faisais cet exercice-là, inventer de la fiction, des personnages. Pour moi, c’est une porte qui s’est ouverte et je n’ai pas envie de la fermer.»

Félix Dyotte cultive aussi l’art (perdu?) du duo. Après avoir poussé la note dans le passé avec Monia Chokri, Virginie Beauregard-D. et Kandle, entre autres, il chante cette fois aux côtés de Cœur de pirate (Croix) et de Philémon Cimon (Pour ce que valent tes larmes), en plus de renouer avec sa complice Évelyne Brochu (Je cours), avec qui il avait déjà enregistré C’est l’été, c’est l’été, c’est l’été l’an dernier.

«Elle est sortie toute seule. Je me suis demandé si elle était vraiment pour moi. Je la trouvais étrange. La voix de Béatrice lui a apporté une fraîcheur dont j’avais besoin.» Félix Dyotte, à propos de la très électro Croix, enregistrée en duo avec Cœur de pirate

Son goût pour les duos homme-femme, qui ajoutent un petit côté rétro à sa musique, vient «d’une raison très musicale et logique».

«Comme j’ai une voix très grave, je peux aller à l’octave en dessous, alors ça donne de belles associations avec des voix de filles», avoue-t-il candidement.

«Je trouve ça l’fun d’entendre d’autres chanter mes chansons. Ça ajoute une dimension qui me fait plaisir. C’est drôle à dire, mais on dirait que les filles chantent souvent mieux mes chansons que moi-même», s’esclaffe-t-il.

«Tous les duos sont spontanés, ce ne sont pas des exercices forcés. Ce sont tous mes ami(e)s. Béatrice Martin et Évelyne sont venues chez moi prendre un verre, rire, puis on a enregistré la pièce. Ce sont d’abord des amies, des gens que je côtoie dans la vie.»

Ces présences impromptues apportent également un bol d’air frais à celui qui, en plus de signer la musique et les paroles, assume la réalisation du disque.

«Depuis que je fais ma musique seul, j’essaie le plus possible d’avoir des collaborateurs. Ça fait du bien de sortir de ma petite tête et de partager des chansons avec du monde.»
«La réalisation, c’est tellement plus de travail. Cela dit, la récompense est deux fois plus grande.»

Infos

Politesses: sortie aujourd’hui

Rentrée montréalaise le 9 novembre au théâtre Fairmount dans le cadre de Coup de cœur francophone

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