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Nancy Huston met à mal la théorie du genre

Photo: Eric Garault

Quand elle planchait sur Reflets dans un œil d’homme (Actes Sud/Leméac), qui paraît cet automne, Nancy Huston a eu l’impression d’écrire un livre important.

Alors qu’à notre époque, on ne parle que de l’égalité entre les sexes et du fait que les différences entre les hommes et les femmes seraient socialement cons­truites, l’auteure d’origine canadienne ose présenter l’idée que, de par leurs différences physionomiques dues à la reproduction de l’espèce, les hommes et les femmes ne peuvent être identiques, et que cette inégalité niée est exacerbée par les industries de la beauté et de la pornographie.

«[… ] les hommes ont une prédisposition innée à désirer les femmes par le regard, et que les femmes se sont toujours complu dans ce regard, parce qu’il préparait leur fécondation», peut-on lire au début de l’ouvrage.

En juin, à la sortie du livre en France, les réactions ont été vives et diverses. Nancy Huston a été attaquée par les féministes adeptes de la théorie du genre, mais aussi félicitée par des hommes et des femmes qui avaient enfin l’impression qu’elle avait mis le doigt sur quelque chose de crucial.

«On veut faire comme si ça n’existait pas, mais il y a un sexe qui peut violer et engrosser, pas l’autre, affirme l’auteure, jointe depuis Paris, où elle vit depuis des années. Il y a un sexe qui peut avoir des enfants, l’autre pas. Il faut reconnaître la spécificité de chaque sexe. L’égalité n’est pas dans la nature. On est la seule espèce à avoir réussi à séparer l’érotisme de la reproduction; c’est génial, mais ça n’a pas d’impact sur notre ADN. Nous restons des primates qui veulent séduire pour se reproduire.»

C’est entre autres en préparant le spectacle Le Mâle entendu (présenté au Festival international de littérature à la fin du mois), dans lequel elle partage les pensées secrètes des hommes, et en écrivant son dernier roman, Infrarouge, dont le personnage principal est une photographe qui croque des hommes, que Nancy Huston a eu envie d’écrire Reflets dans un œil d’homme.

«Je me suis mise à me poser beaucoup de questions après avoir recueilli les témoignages d’hommes pour le spectacle et après avoir réalisé que le personnage de mon roman était une des rares femmes qui était obsédée par l’image de l’homme, alors que le contraire est tellement banal et omniprésent», explique-t-elle.

Pour préparer son essai, qui mêle expériences personnelles et grandes théories sur les sexes, Nancy Huston s’est également intéressée aux écrits d’autres écrivaines, entre autres Anaïs Nin et Nelly Arcan, portant sur le regard de l’homme et sur l’image de la femme.

«Personne n’a si profondément parlé de la prostitution, de la concurrence entre les femmes et de la coquetterie poussée à l’extrême pour susciter le désir des hommes que Nelly Arcan. C’était une vraie philosophe», assure l’auteure, qui a signé la préface de son livre posthume, Burqa de chair.

***

La parole aux hommes au FIL
Pour clore le Festival international de la littérature (FIL) les 28 et 29 septembre, Nancy Huston et le trio jazz Trio Viret présenteront le spectacle Le Mâle entendu à la Cinquième Salle de la Place des arts. Après avoir recueilli les confidences des trois musiciens, l’auteure et musicienne a écrit un texte sur la nature de l’homme, qu’elle livre accompagnée en musique des trois hommes.

«Tout ce que je dis, ce sont les musiciens qui me l’ont confié, dit celle qui dit adorer se retrouver sur scène. Pour une rare fois, on entend une femme dire ce que les hommes disent tout bas sur leurs désirs et leurs angoisses!»

Reflets dans un œil d’homme,
Actes Sud/Leméac, présentement en librairie

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