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Vendetta – Storie di mafia: Le ballet des affranchies

Photo: Josie Desmarais

Avec Vendetta – Storie di Mafia, les Grands Ballets canadiens font au public montréalais une offre qu’il ne peut pas refuser.

Librement inspirée de l’univers du Parrain, cette création de la chorégraphe belgo-colombienne Annabelle Lopez Ochoa nous transporte dans le Chicago des années 1950, où trois familles italiennes règnent sur le monde interlope: les Carbone, les Trassi et les Bartoni.

Alors que le mariage entre Rosalia, la fille adorée de Don Carbone, et un des fils Bartoni devait sceller l’union entre les deux familles, un meurtre sordide vient plutôt déclencher une vendetta mortelle entre les deux clans.

Tous les classiques de l’imagerie mafieuse y sont réunis: règlements de compte, histoires d’amour passionné, trahisons et réunions familiales autour d’une énorme assiette de spaghettis.

Le tout à l’intérieur de chorégraphies mêlant avec élégance fureur et tendresse.

«Pour moi, le thème de la mafia, c’est avant tout le thème de la famille, du secret et de la violence», affirme Annabelle Lopez Ochoa, qui en est à une première collaboration avec les Grands Ballets après avoir travaillé avec une quarantaine de compagnies dans le monde.

Des thèmes riches, mais peu exploités dans l’univers du ballet classique.

«Je trouve qu’en tant qu’artiste dans le monde de la danse classique, on doit faire plus d’efforts pour trouver de nouvelles histoires à raconter, plaide celle qui a été soliste avant de devenir chorégraphe. Notre public revoit sans cesse les 12 mêmes histoires. C’est un devoir en tant qu’artiste de présenter de nouvelles histoires à son public.»

«C’est un ballet très narratif, presque de la danse théâtre, précise-t-elle à propos de sa nouvelle création. Personne ne sera perdu, même s’il y a beaucoup de monde sur scène!»

Vendetta est en effet une production à grand déploiement qui nous fait passer de Chicago à Las Vegas grâce à des tableaux richement illustrés et à de magnifiques costumes. Le côté cinématographique n’est jamais loin, les scènes évoquant tour à tour West Side Story, Casino ou les films noirs des années 1950.

«J’ai vu Le parrain, mais je n’ai pas puisé dans tous les films de mafia qui sortent chaque année, insiste celle qui a été formée à l’École du Ballet royal de Flandre, en Belgique. En revanche, j’ai regardé énormément de documentaires, qui d’ailleurs dénoncent souvent le côté trop romantique des films de fiction. La réalité est beaucoup plus dure. J’ai fait mon propre film en quelque sorte, un peu film noir, un peu comédie, un peu Fellini, sans que ce soit basé sur un film en particulier.»

La chorégraphe a particulièrement apporté sa touche au rôle principal, celui de Rosalia, interprétée par la demi-soliste d’origine ukrainienne Anya Nesvitaylo.

«Je voulais donner un rôle intéressant à une femme, qui ne devait pas être sauvée par un homme ou un prince pour pouvoir survivre. C’est pourquoi j’ai installé l’action entre la fin des années 1950 et le début des années 1960. Le but d’une femme dans les années 1950 n’était d’être qu’une femme au foyer, la plus parfaite possible, alors que dans les années 1960, les femmes ont commencé à fréquenter l’université, à se libérer. Je voulais placer l’histoire à ce moment charnière de changement pour la condition féminine, où il était encore rare qu’une femme prenne une position de pouvoir.»

«Rosalia s’émancipe dans le monde de la mafia, mais grâce à son père», confie Annabelle Lopez Ochoa à propos de son héroïne.

La chorégraphe raconte s’être inspirée de la relation entre la jeune militante pakistanaise pour l’éducation des femmes Malala Yousafzai et son père pour illustrer les rapports entre Rosalia et Don Carbone (Marcin Kaczorowski).

«Lorsqu’on lui a demandé: ‘‘Qu’est-ce que vous avez fait pour que votre fille soit indépendante et accomplie?’’ le père de Malala a rétorqué: ‘‘Qu’est-ce que je n’ai pas fait plutôt? Je n’ai pas coupé ses ailes.’’ Quand un père ne coupe pas les ailes de sa fille, elle peut se rendre beaucoup plus haut qu’on s’y attend. Dans mon histoire, j’ai un père qui croit au potentiel de sa fille et qui voit qu’elle peut aller beaucoup plus loin que ses propres fils, qui eux croient qu’ils seront le prochain parrain. Vendetta, c’est en fait une histoire entre un père et sa fille.»

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