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Osheaga: Rencontre avec le groupe Portugal. The Man

Photo: Josie Desmarais/Métro

Non, Portugal. The Man n’est pas qu’une seule personne. C’est un band. Et non, ce band ne vient pas juste de faire son entrée sur la scène musicale avec son populaire album Woodstock, contenant la encore plus populaire chanson Feel It Still. C’est son huitième album en carrière. Un petit rattrapage s’impose.

Lors de son passage à Osheaga en fin de semaine, le groupe originaire de l’Alaska s’est produit devant une foule monstre qui connaissait ses chansons par cœur, mais surtout les plus récentes pièces de son répertoire. En milieu de set, lorsque le groupe s’est lancé dans son autre succès pop, Live in the Moment, plusieurs festivaliers qui passaient par là et venaient de reconnaître la chanson se sont arrêtés pour l’écouter, et sont restés pour la fin du spectacle.

Eric Howk et Zach Carothers, respectivement guitariste et bassiste du groupe, savent très bien que les gens viennent surtout les voir pour leurs hits commerciaux, mais ça ne les affecte que très peu. «Nous avons grandi en Alaska. On sait que, lorsqu’on pêche, il faut mettre un appât super scintillant et le lancer à l’eau pour attraper autant de poissons que possible. Je ne suis pas déçu que les gens ne nous connaissaient pas avant [Feel It Still], c’est la raison pour laquelle on appelle ça une chanson catchy!» explique Zach Carothers en employant une comparaison aquatique particulièrement réussie.

Le groupe considère-t-il qu’il y a un avant et un après Feel It Still? «Absolument, oui!» répondent à l’unisson les deux musiciens. «Ça nous a donné tout un boost, affirme le bassiste. Mais nous faisons ça depuis toujours et le changement entre nos spectacles et nos vies quotidiennes n’a pas été si radical. Ç’a été une ascension constante, mais avec Feel It Still, ç’a été le summum. Notre public est devenu à la fois plus jeune et plus vieux.»

C’est ce qu’Eric Howk a aussi constaté: «Les parents et les enfants sont soudainement devenus nos fans. Rejoindre autant de monde, ça t’aide à garder ton band vivant. Tu peux être sur la route plus longtemps, tu peux faire de plus gros spectacles. C’est juste une bonne chose.»

L’inconvénient, s’il y en a un, c’est que c’est beaucoup plus difficile de monter sa set list. «On a créé plus d’une centaine de chansons. Nos plus anciens fans veulent entendre nos vieilles chansons. Mais dans un festival de musique, il faut donner à la foule des hits. C’est bon pour la vibe, pour le party. Je suis sûr que, si nous jouions la chanson numéro 7 de notre premier album, il y a genre 30 mains qui se lèveraient dans les airs, et ces personnes-là auraient plus de fun que n’importe qui. Mais si on joue le plus gros hit de notre nouvel album, toute la foule va être en délire et tout le monde va se nourrir de cette énergie-là», affirme Zach Carothers, maintenant bien habitué à cette situation.

«C’est bizarre: nous nous prenons extrêmement au sérieux et pas du tout au sérieux. C’est très difficile à expliquer.» – Zach Carothers, bassiste, au sujet du succès de son groupe dans le monde de la pop

Le bassiste est l’un des deux derniers membres fondateurs du groupe encore présents, avec le chanteur John Gourley. Pourquoi autant de roulement au sein du groupe? «Nous sommes des personnes difficiles avec qui travailler», admet-il. Mais avoir de nouveaux musiciens à chaque album ou presque n’est pas une mauvaise chose, selon lui. «Je pense que c’est très bien, ça apporte un vent de fraîcheur. Nous avons produit tellement d’albums que nous ne voulions pas que les choses restent toujours les mêmes. Avoir de nouvelles personnes qui s’ajoutent au band, ça change la dynamique et on aime le changement.»

Eric Howk est «le petit nouveau», si on peut encore l’appeler ainsi, même s’il fait officiellement partie du band depuis environ trois ans et qu’il connaît les fondateurs du groupe depuis bien plus longtemps que ça. «Je suis presque sûr que la première guitare électrique que j’ai prise dans mes mains était celle d’Eric, tente de se souvenir Zach Carothers. J’avais 12 ans, je crois.»

Et c’est probablement la raison pour laquelle Eric est encore dans le groupe après tout ce temps. «J’ai toujours été près du band, je savais donc que ces gars-là étaient en tournée presque toute l’année. Je savais que c’était des psychopathes, déclare-t-il avec beaucoup d’humour. Je savais dans quoi je m’embarquais. C’est la meilleure job au monde. C’est une superbe façon de découvrir le monde. Et ces gars-là sont ma famille.»

Heureusement pour eux, les gars peuvent maintenant vivre de leur art, ce qui a aussi ralenti le roulement des musiciens au sein du groupe. «Aujourd’hui, je peux venir à Montréal, manger la meilleure bouffe de n’importe quel festival au monde. J’ai une chambre d’hôtel, des billets d’avion, un autobus de tournée, énumère Zach, visiblement très heureux de sa situation. Avant, nous avions une van et de la bière. Je ne pouvais pas avoir de blonde, un appartement, faire de l’argent. C’était très difficile.» Maintenant, ils sont en mesure de récompenser les gens pour leurs efforts.

D’où vient le nom du groupe?
«On voulait créer un personnage fictif. On voulait que ce soit notre alter ego et on voulait que ce soit une seule personne. On s’est dit qu’on commencerait avec le nom d’un pays. Le choix du Portugal a été complètement aléatoire. C’est la première chose que John ait dite: “Pourquoi pas Portugal?” Ça sonnait juste. C’est une des bonnes choses d’être un artiste, tu peux t’expliquer plus tard, mais dans le moment, tu peux tout faire. Depuis, nous y sommes allés plusieurs fois, et c’est super!» explique Zach Carothers.

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