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La réussite, selon Louis-José Houde

Marc-André Lemieux - Métro

Par le plus grand des hasards, ces deux clichés apparaissent côte à côte dans le livre de sa dernière tournée. Le premier montre l’humoriste sur un terrain de miniputt, s’apprêtant à caler son roulé au trou numéro 9. Le deuxième relève davantage des mathématiques : il s’agit d’une photocopie couleur du palma­rès Billboard des recettes de spectacles pour la semaine du 5 juillet 2008. En 22e position, derrière de grosses pointures comme Céline Dion et Elton John, mais devant des vedettes établies comme Alicia Keys, Jerry Seinfeld et Kanye West, on retrouve nul autre que Louis-José Houde.

Si le principal intéressé ne cache pas sa fierté de voir son nom figurer dans un classement aussi prestigieux, il affirme que l’image qui témoigne le mieux de son succès, ce n’est pas celle qu’on a extirpée d’une publication américaine, mais plutôt celle qu’on a prise entre Rouyn-Noranda et Val-d’Or, un mardi après-midi, en Abitibi. «Pour moi, le summum de la réussite, c’est de jouer au miniputt avec ses meilleurs chums, sur la route, entre deux shows, déclare-t-il le plus sérieusement du monde. Je ne me suis jamais vu faire du 9 à 5… Et cette photo-là, c’est la preuve que j’ai atteint mon but.»

Mais avant de passer à un autre sujet, revenons à cette coupure du magazine Billboard, que Louis-José Houde et son équipe semblent avoir trafiquée avant de l’envoyer à l’imprimeur. Alors que la copie originale présentait les recettes brutes amassées par chaque artiste, celle qui se trouve dans le recueil du comique ne contient aucun chiffre, chaque montant ayant été soigneusement effacé par l’humoriste. Combien les trois spectacles à guichets fermés de Louis-José Houde au Centre Bell lui ont-ils rapporté? On ne le saura probablement jamais.

«Au Québec, on ne parle pas d’argent. S’il avait fallu que je le dise, ça m’aurait nui, croit le verbomoteur. On aurait pensé que j’ai gagné la moitié de ce chiffre-là, ce qui est loin d’être le cas. Juste louer la salle, ça coûte les yeux de la tête. Et je ne parle pas des techniciens… Je ne voulais pas avoir àjustifier ça. Et je ne voulais pas avoir l’air prétentieux.»

Huit mois après avoir donné la 412e et dernière représentation de Suivre la parade, Louis-José Houde revient sur l’un des one man shows les plus populaires de l’histoire au Québec au moyen d’un coffret CD-DVD et d’un livre qu’il lancera mardi.

Dans le DVD des coulisses du gala de l’ADISQ, on peut voir Céline Dion te couvrir de
compliments. Elle salue entre autres ton style d’humour, qui consiste à faire rire les gens sans être méchant. As-tu quelque chose contre l’humour méchant?

Je n’ai rien contre l’humour bitch. Il en faut et ça me fait rire. Mais ce n’est pas dans ma nature. Je suis un gars doux. Je n’ai pas de révolte en moi.

Dans le livre de ta dernière tournée, tu admets ne toujours pas avoir de compte Facebook…
Je n’ai rien contre. J’ai moi-même un site web avec un blogue. Mais je me plains tout le temps que je ne vois pas assez mes sÅ“urs, que chaque jour est un combat pour faire tout ce que j’ai à faire… Je ne commencerai pas à parler sur l’internet avec un gars que je n’ai pas vu depuis la quatrième année. Je m’en crisse!

Et Twitter?
Ma théorie est la suivante : dans la vie, ma job, c’est de faire des jokes. Les meilleures, je les mets dans mes shows. Je me verrais mal d’envoyer mes b-sides partout sur le web. Pour moi, me donner gratuitement sur Twitter, c’est un non-sens. J’ai des billets à vendre!

La plupart des citations qu’on trouve dans le bouquin ont été prises dans des bars. En tournée, es-tu un aussi gros party animal que le livre laisse croire?

Je me suis calmé après la première année de tournée. Aujourd’hui, je ne sors presque plus. Les gens sont habituellement très gentils avec moi et quand ce n’est pas le cas, 9 fois sur 10, c’est parce que le monde est saoul et que l’alcool coule à flots. Après une couple de bières, il y en a qui deviennent agressifs. Je ne suis plus capable d’avoir une conversation avec un gars paqueté. Ça m’énerve!

On a l’impression que Philippe Bond montre ses fesses sur la moitié des photos du livre. Souffrirait-il d’une nouvelle maladie dont on ignore le nom?
Dans une gang de gars, il y en a toujours un qui baisse ses culottes. Dans notre gang, c’est Philippe!

Tu as écrit que ta «situation d’humoriste vient avant tout d’une passion pour l’écriture.» As-tu déjà pensé à écrire un roman?
François Avard m’en parle souvent, mais je préfère rester prudent, parce qu’il y a quand même une différence entre écrire du stand-up et un livre. Je ne dis pas que je ne le ferai pas un jour, mais pour l’instant, je me sentirais trop imposteur d’écrire un roman et de le vendre à plus d’exemplaires qu’un gars qui a étudié en littérature… je me sentirais mal de bypasser du monde parce que je fais des shows.

Les rôles ont été inversés la semaine dernière lorsque tu as fait la première partie du spectacle de Philippe Bond. Qu’est-ce qui te manque de l’époque où tu étais moins connu?
Le feeling d’arriver devant des gens qui ne s’attendent à rien, ça me manque. Il y a quelque chose de tripant là-dedans. J’ai fait quelques apparitions-surprises dans des soirées d’humour et c’est stressant, parce qu’il n’y a rien de pire que d’avoir plus d’applaudissements en arrivant qu’en quittant la scène.

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