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Funk Lion: retour aux sources

L’auteur-compositeur-interprète Funk Lion. Photo: Josie Desmarais / Métro

«Cet album, c’est le soundtrack de mon retour aux sources», résume Funk Lion. De la découverte de son pays d’origine, le Québécois adopté en Haïti a puisé l’inspiration pour créer son premier long jeu, Cité d’or, qu’il présentera aux Francos de Montréal ce dimanche.

Le projet musical de Francis Brisebois a germé en 2010, a poussé à partir de 2015 puis a fleuri l’an dernier avec la sortie de l’album Cité d’or. Mais ce n’est que depuis quelques semaines que les portes s’ouvrent pour l’auteur-compositeur-interprète qui fraye à la frontière du funk, du rock, de l’afrofuturisme et du spoken word.

En mai dernier, il a remporté trois prix Coup de pouce au festival Vue sur la relève. Un d’entre eux lui donne la chance de se jeter dans la fosse aux lions en prenant d’assaut la scène Hydro-Québec des Francos ce dimanche, dans un concert qui, promet-il, fera danser.

Ce sera une occasion en or pour Funk Lion de faire découvrir à un plus large public son «rock fauve psychédélique» aux influences variées. «Sans dire que je fais de la musique complètement réinventée, c’est différent, même si ça rassemble plein d’éléments connus», analyse-t-il.

Ça ne sera pas sa première présence au festival, puisque le musicien a au fil des ans accompagné divers artistes, dont Vander, Mamzelle Giraf, Samito, Poirier, Boogat et La Bronze. Mais être au devant de la scène, c’est une tout autre histoire.

«J’ai hâte! Je suis excité. J’ai vraiment une équipe du tonnerre et de super musiciens. On a réussi à trouver les bons arrangements, parce que c’est très touffu – j’avais envie de ploguer ce mot-là! (Rires) Sur l’album, il y a des cuivres, de la harpe, plusieurs instruments… Pour la scène, on a dû réduire ça tout en restant intéressant et vivant. On a trouvé la bonne formule», assure celui qui sera entouré de cinq musiciens.

Retour aux sources
Impossible de dissocier la création de Francis Brisebois de son parcours hors du commun. Né en Haïti, il a grandi à Lachute, dans les Laurentides, après avoir été adopté. Dès l’adolescence, il y forme des groupes avec ses amis. Une fois établi à Montréal, il collabore à diverses formations, surtout en musique du monde. «J’ai joué avec des bands de reggae, d’afrobeat, de musique haïtienne», énumère-t-il.

En plus d’accompagner des artistes sur scène, il mène en parallèle une carrière d’intervenant dans des maisons de jeunes du quartier Saint-Michel. Il y a près de 10 ans, il enregistre pour le plaisir un premier EP dans son deux et demi de l’avenue du Parc. «Je me suis installé un mois à la maison, tranquille, j’ai joué de tous les instruments et invité quelques amis à faire des features», raconte-t-il.

«Je suis un mélomane. J’écoute plein d’affaires, je ne suis pas arrêté sur un style. j’ai voulu faire la musique qui reflète ça. Au lieu de copier une recette, j’ai essayé d’en faire une nouvelle en mélangeant les ingrédients que j’avais en main.» Funk Lion

L’auteur-compositeur-interprète Funk Lion./ Josie Desmarais

Le résultat est baptisé Musique de soirée pour adultes. «C’était du sexy funk. Ma blonde était partie en Afrique pendant six mois; j’ai conçu un album sexy en pensant à elle.»

Alors qu’il prenait jusque-là sa carrière de musicien avec un grain de sel, jouant d’abord pour le plaisir, la bonne réception de ce mini-album lui donne l’élan pour passer aux choses sérieuses.

C’est ainsi que le musicien entame des démarches auprès du Conseil des arts et des lettres du Québec et obtient une bourse de recherche qui lui permettra de séjourner en Haïti pour une première fois depuis sa naissance.

«C’était une découverte totale de mes racines, affirme-t-il, encore visiblement émerveillé par cette expérience. Mon objectif était que ça passe par la musique. Je ne voulais pas partir dans une quête pour trouver mes parents ou quelque chose du genre. C’était vraiment de connaître la culture, de parler créole, de connaître les codes, le pays et la culture. C’est un monde à découvrir.»

Un monde complètement nouveau, mais dans lequel il s’est reconnu. «Ç’a été un choc culturel, et en même temps, c’est drôle, je reconnaissais des odeurs… Il y avait un côté familier.»

En plus de souvenirs inoubliables, le musicien rapporte de ce retour aux sources de nouveaux rythmes et de nouvelles sonorités. Et il ramène dans ses bagages quelques enregistrements sonores qu’il parsèmera sur son album. Album qu’il commence à composer seulement en 2015, soit cinq ans après son séjour. C’est l’année où il décide de se consacrer à temps plein à la musique. Rapidement, soudainement, les uns à la suite des autres, les morceaux de Cité d’or voient le jour. «Pouf! Les idées ont commencé à sortir.

J’ai ressorti mes notes de voyage et les rythmes que j’avais retenus. Boum! Les chansons ont commencé à émerger.»

Cet album, il le décrit comme la trame sonore du film de sa vie. «C’est une musique de film qui défile. Les univers changent au fur et à mesure, il y a même une histoire dans chaque track.»

L’auteur-compositeur-interprète Funk Lion.

Esteban, Zia, Tao, les Cités d’or
Cité d’or, c’est aussi un clin d’œil assumé au célèbre dessin animé ayant marqué l’enfance de tout bon trentenaire ayant grandi au Québec, dont la sienne. Il fait d’ailleurs allusion sur la chanson‑titre à un «voyage au bout de la nuit à bord du grand condor pour retrouver les Cités d’or».

Mais pas de «Aaaaah aah aah aah», ni d’Esteban, de Zia ou de Tao sur Cité d’or, bien qu’il y ait manifestement des similitudes entre la quête du jeune Esteban et celle du musicien, tous deux à la recherche de leur for intérieur.

«C’est un hommage à ce passé inconnu qu’on essaye de découvrir», dit-il à propos des neuf morceaux qui forment son odyssée sonore.

Album concept, Cité d’or relate à la fois le cheminement personnel de Francis Brisebois, marqué par le déracinement, que celui à une plus large échelle de son pays d’origine. «C’est drôle, parce qu’en faisant l’album, je me suis plongé dans le sujet, et je me suis rendu compte qu’en Haïti il y a énormément de mines d’or, mais qui ne sont pas exploitées… Des fois, tu trouves quelque chose et ça t’amène sur de nouvelles avenues. Ça m’a amené à établir un parallèle entre mon histoire personnelle et celle d’Haïti.» Dans Cité d’or, Funk Lion chante: «Si le soleil doit prendre des breaks, c’est qu’il doit beaucoup faire la fête, à force de toujours vouloir rayonner, on devient usé.»

La fête et surtout «son côté dark» sont au cœur de la chanson Le zoo, où l’artiste fait ressortir son côté félin.

Si son surnom ne vient pas de son esprit, il colle drôlement bien à son univers. «Une ancienne copine m’appelait Franklin. Puis, en prononçant ce surnom avec son accent, un ami haïtien dans un band dans lequel je jouais m’a appelé Fanklin. Un ami anglophone, lui, entendait Funklin, ce qui s’est transformé en Funk Lion. Donc, je ne me suis pas autoproclamé Funk Lion», lance-t-il en riant.

S’il a choisi d’adopter ce nom de scène, c’est qu’il le représente. «J’adore le funk, j’ai été longtemps collectionneur d’albums de ce genre. Et il y a souvent des références un peu sexy dans mes trucs, il y a un côté félin là-dedans.»

Bien qu’il ait renoncé à son métier d’intervenant, Francis Brisebois poursuivra son engagement social tout l’été dans le quartier Saint-Michel en plus de faire des spectacles. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’il nous a fixé rendez-vous au parc Frédéric-Back: à quelques coins de rue de là, un autre parc, Georges-Vernot, sera transformé en village éphémère par son organisme À portée de mains, dont la mission est de favoriser l’accès à l’art.

«On a construit un stage et une terrasse, où on invitera des artistes à donner des ateliers. C’est important de rendre l’art accessible à la population, parce que c’est quand même un coin enclavé.»


Funk Lion

Ce dimanche à 20 h sur la scène Hydro-Québec des Francos de Montréal

L’album Cité d’or est en vente.

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