Cette semaine aux Oscars, on craque pour…
Cette semaine, on craque pour… The Invisible War, Brave, la soirée des Oscars des RVCQ, Searching for Sugar Man, la trame sonore de Skyfall, Christoph Waltz dans Django Unchained et Tommy Lee Jones dans Lincoln.
Et on se désole pour… les fausses histoires vraies.
| 1. The Invisible War L’armée américaine leur a donné le sens du devoir, un sentiment d’appartenance, une famille. Elles ont été fières de porter l’uniforme, de défendre leur pays, de faire partie d’un groupe. Et puis, tout ça s’est fissuré. Agressées, violées, parfois même défigurées, les soldates qui témoignent dans The Invisible War ont vécu le pire. Et pas seulement pendant le crime atroce qui était commis contre elles, mais aussi après. Lorsqu’elles ont été forcées au silence, ridiculisées par leurs supérieurs, traînées dans la boue… Le film de Kirby Dick, nommé dans la catégorie du Meilleur doc de l’année, présente les conséquences terribles de ces viols commis par et sur des militaires : noyées sous des montagnes d’ordonnances, poussées vers l’alcool, la drogue ou l’itinérance, les victimes se perdent vite dans les affres de la dépression. Ayant effectué un travail colossal, le documentariste présente ici des dizaines de confessions de femmes, mais aussi d’hommes. Comme celle de ce soldat agressé à 19 ans par ses collègues. Ou ce père d’une victime, lui-même sergent, qui vêtu de son uniforme, fond en larmes et avoue qu’il ne se pardonne pas d’avoir cru que sa fille serait en sécurité dans l’armée. Un film aussi terrifiant que nécessaire. (Natalia Wysocka) |
| 2. Brave On s’était sentie quelque peu abandonnée par les studios Pixar ces dernières années. Mais avec Brave on retrouve enfin les ingrédients de base des classiques de Disney (scènes mélodramatiques, morale et fin heureuse côtière de film d’animation). Brave, c’est l’histoire de Merida. Cette princesse écossaise se rebelle, pas pour s’enticher d’un prince (il n’y en a pas !) mais pour conserver sa liberté et devenir archère. Pour arriver à ses fins, elle se tourne vers les sorts maléfiques d’une sorcière… Et, si on est ébloui par les images du film, en lice dans la catégorie Meilleur film d’animation, on adore tout autant les musiques aux couleurs celtiques, et la chevelure rousse et ébouriffée de la jeune Mérida nous fait rêver. (Anicée Lejeune) |
| 3. La soirée des Oscars des RVCQ Cet événement devrait plaire aux cinéphiles pour qui les Oscars sont l’équivalent du Super Bowl pour les fans de sport. Les Rendez-vous du cinéma québécois proposent une soirée de gala animée par Rebecca Makonnen (photo), Jean-Philippe Wautier et leurs invités, Anne-Marie Withenshaw, MC Gilles et Marc-André Grondin, qui commenteront la cérémonie, diffusée en direct sur grand écran. Au programme également : un «pool» des Oscars, organisé sur place. Et histoire d’avoir l’impression d’y être être vraiment, le complet pour messieurs et la robe chic pour mesdames seront de mise! Au Bistro de la cinémathèque québécoise, dimanche dès 19 h 30. (Jessica Émond-Ferrat) |
| 4. Searching for Sugar Man Nommé dans la catégorie Meilleur documentaire, Searching for Sugar Man n’est pas un film parfait. Trop de questions y sont soulevées sans que des réponses y soient apportées, le passé du héros reste dans l’ombre, et par moments, le fil conducteur se perd. Mais si la forme n’est pas impeccable, le sujet, lui, est absolument incroyable. Boudé et ignoré, Rodriguez, un artiste d’origine mexicaine à la voix et à la poésie dylanesques, a toujours été confiné à l’anonymat. Sauf en Afrique du Sud, un pays où, dès les années 1970, ses chansons sont devenues de véritables hymnes. Mais personne, et surtout pas le principal intéressé, n’a jamais appris qu’il était populaire là-bas (rappelez-vous, c’était avant l’arrivée de l’internet…). En ce 21e siècle qui est le nôtre, le réalisateur suédois Malik Bendjelloul s’interroge : mais qu’est-il vraiment advenu de Rodriguez? S’est-il réellement tiré une balle dans la tête en plein concert parce qu’il était fatigué que le public se foute de lui? Et pourquoi, sur ses disques, signait-il à la fois Sixto et Jesus? À voir pour découvrir un personnage et une histoire comme on n’en voit habituellement… que dans les films. (Natalia Wysocka) |
| 5. La trame sonore de Skyfall Skyfall, le James Bond de Sam Mendes, est à la fois rafraîchissant et rempli de clins d’œil aux plus vieux épisodes de la franchise : un bon mélange entre renouveau et respect d’un classique. C’est pour la même raison que la trame sonore de Thomas Newman – en lice pour un Oscar – est particulièrement efficace. Newman a su créer une musique énergique et pleine de suspense, tout en intégrant le fameux thème musical de James Bond, qu’on attend évidemment tous avec hâte en écoutant un épisode de la série de l’espion 007. Et puis, qui de mieux qu’Adele, parmi les chanteuses contemporaines à la mode, pour interpréter la chanson-thème? (Jessica Émond-Ferrat) |
| 6. Christoph Waltz dans Django Unchained Le personnage du dentiste/chasseur de primes de Django Unchained, Quentin Tarantino l’a écrit avec Christoph Waltz en tête. Voilà pourquoi le rôle est taillé sur mesure pour l’acteur allemand qui avait ébloui tout le monde en colonel nazi dans Inglourious Basterds. Autrement dit, son interprétation est encore une fois absolument délicieuse, et son personnage, rusé, brillant et dont les répliques sont savoureuses, cette fois, évolue du côté des «bons». Est-ce que le comédien réussira un doublé en allant chercher pour la seconde fois l’Oscar du Meilleur acteur de soutien? De notre côté, on le souhaite! (Jessica Émond-Ferrat) |
| 7. Tommy Lee Jones dans Lincoln Vingt ans après sa première statuette (1994), le vénérable Tommy Lee Jones en mériterait une deuxième comme Meilleur acteur de soutien. Excellent en marshal (The Fugitive, U.S. Marshals) et en shérif chasseur (No Country for Old Men), impeccable dans son veston de «Man in Black», émouvant en père brisé dans In the Valley of Elah… l’acteur joue dans Lincoln un personnage historique : Thaddeus Stevens, ténor républicain pour l’égalité et l’abolition de l’esclavage. On reconnaît la touche de Jones, capable de faire rire par sa verve – et son regard impassible. Notre invective favorite du film? Ses 30 secondes à la Chambre des représentants contre un député adverse, reconnaissant que, dans son cas en effet, les hommes ne naissent pas égaux. Si l’Oscar du Meilleur acteur est promis au génial Daniel Day-Lewis, un doublé Lincoln avec Tommy Lee Jones, ça aurait de la gueule! (Baptiste Barbe) |
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