Starbuck: prendre la paternité par les cornes
Martin Petit et Ken Scott n’avaient pas travaillé ensemble depuis une bonne dizaine d’années quand ils ont décidé d’écrire Starbuck, en 2009. Leur dernière collaboration datait de l’époque des Bizarroïdes, ce groupe humoristique qu’ils avaient fondé avec Stéphane E. Roy et Guy Lévesque au début de la décennie 1990.
Depuis le tournant du siècle, Petit et Scott avaient emprunté des voies différentes, certes, mais qui les avaient menés au succès : le premier avait confirmé son statut d’humoriste émérite grâce à trois one man shows encensés par la critique, alors que le second avait connu la consécration en tant que scénariste après la sortie d’un film sensation, La grande séduction. Chacun de leur côté, les deux amis étaient également devenus parents durant ce laps de temps, chassant ainsi l’image d’éternels adolescents qui leur collait à la peau. En 2011, quarantaine oblige, leurs préoccupations ne sont plus les mêmes, mais leur désir de se renouveler, lui, est demeuré intact. «Dans Les Bizarroïdes, on essayait toujours de monter des sketchs plus originaux que les précédents. On ne faisait jamais la même chose deux fois», se rappelle Martin Petit.
Starbuck est né de cette volonté d’innover. Cette comédie brosse le portrait de David Wosniak (Patrick Huard), un boucher plutôt irresponsable dont la vie bascule le jour où il découvre que 142 des 533 enfants qu’il a aidés à mettre au monde en donnant son sperme dans une clinique de fertilité une vingtaine d’années plus tôt intentent un recours collectif contre lui. Leur but : faire invalider la clause d’anonymat dont bénéficie leur géniteur. Après avoir reçu de son avocat (Antoine Bertrand) une enveloppe contenant les profils de chacun d’eux, il décide de les rencontrer à tour de rôle, sans jamais dévoiler sa véritable identité. «On ne fait pas l’apologie de la paternité; on voit les bons et les mauvais côtés», précise Ken Scott, qui signe aussi la réalisation du long métrage.
«Écrire un film pour écrire un film, ça ne m’excitait pas, souligne Martin Petit. Mais je me disais que c’était une histoire qui n’avait jamais été racontée. On trouvait que c’était une idée suffisamment originale pour qu’on prenne le temps de l’approfondir.»
Antoine Bertrand a beau être l’une des têtes d’affiche de Starbuck, les auteurs du film n’ont pas jugé bon de baptiser son personnage. Au générique, le tandem a préféré lui donner le genre de nom qu’on réserve habituellement aux rôles secondaires d’un long métrage : l’avocat. «Les gens vont lire mon CV, pis ils vont penser que je faisais de la figuration dans ce film-là!» s’exclame le co-animateur des Enfants de la télé.
Antoine Bertrand n’est pas le seul comédien dans cette situation. Plusieurs acteurs voient leur nom apparaître à côté de termes plutôt descriptifs comme «frère sévère» et «frère sympathique». «J’identifie toujours les personnages de cette façon-là dans mes scénarios. Je trouve que ça facilite la lecture», dit Ken Scott à propos de cette curieuse habitude.
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vidéo: Métro discute avec Ken Scott et Antoine Bertrand
Starbuck
En salle le 27 juillet