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Inside Lara Roxx: la fin de la violence

Le destin de Lara Roxx aurait pu être écrit par Hubert Selby Jr. ou Patrick Senécal. C’est le rêve brisé d’une jeune Québécoise de 21 ans qui contracte le VIH après avoir tourné dans un film pornographique et qui est touchée par l’enfer de la drogue et de la stigmatisation. Sauf qu’il s’agit d’une histoire vraie, qui s’est dé­roulée à Los Angeles à partir de 2004. Et qui fait maintenant l’objet du documentaire Inside Lara Roxx de Mia Donovan.

«Quand je me suis rendu compte à quel point le film n’allait pas être glamour, j’ai eu envie d’abandonner, confie Lara Roxx au bout du fil d’une voix enrhumée. Mais j’ai continué. Je me disais que si ça pouvait aider une jeune fille à prendre la bonne décision et à quel­qu’un de séropositif de s’accepter plus, j’aurai fait quelque chose.»

L’essai lève le voile sur plusieurs tabous : la difficulté qu’ont les gens vulnérables à dire non, cette façon de mettre au banc des accusés des personnes qui sont «différentes» et le rejet presque systématique du préservatif dans l’industrie pornographique.

«C’est révoltant que plusieurs hôtels comme le She­raton et le Hilton montrent sur leurs chaînes pour adultes des gens qui ne portent pas de condom, lance la cinéas­te. Dans l’industrie gaie, les spectateurs sont habitués à voir des condoms et ils sont dérangés s’il n’y en a pas. Il y a vraiment un écart de mentalité entre les deux publics.»

Tourné sur une période de près de six ans, le documentaire a donné naissance à une solide amitié entre la réalisatrice et Lara Roxx. Aux dires de cette dernière, ce serait même ce qui lui a été le plus bénéfique ces dernières années et ce qui lui a permis de revenir à une existence normale.

«Avant, je pensais juste à aller chercher un quart (de drogue) au petit bar du coin, raconte-t-elle. Là, je pense plus à acheter une maison, à avoir des enfants ou à me marier. C’est assez différent. Pour toi, c’est la normalité, mais pour moi, c’est extraordinaire.»

Tournage complexe
Mia Donovan ne le cache pas. Filmer Inside Lara Roxx représentait une montagne russe d’émotions et de sensations fortes, autant pour la cinéaste que pour son sujet, qui est passé par le Tartare avant de retrouver un peu la lumière.

Un espoir de lende­mains plus cléments qui était nécessaire au documentaire. «J’étais prête à ne pas finir le film, avoue la réalisatrice. Ç’a pris cinq ans et demi à Lara pour qu’elle parvienne à un point dans sa vie où elle pouvait arriver à un changement positif. Si elle n’était pas allée en thérapie, je ne pense pas que j’aurais terminé le film, parce que je ne voulais pas le finir en la montrant toujours dépendante de la drogue. Je serais encore en train de tourner, en espérant que quelque chose de positif arrive… »

Inside Lara Roxx
En salle dès vendredi

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