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Quel avenir pour les webdiffusions?

La pièce «Fairfly» a été présentée en webdiffusion en novembre 2020, alors que Montréal était en zone rouge. Photo: Suzane O'Neil/Théâtre La Licorne

Les webdiffusions d’événements culturels ont permis au public de demeurer connecté à l’art en temps de crise. Avec le retour d’expériences en personne annonçant l’émergence de jours meilleurs, est-ce que l’offre hybride restera après la pandémie?

«Je le crois et je le souhaite, avance David Laferrière, qui est à la tête de RIDEAU, une association qui réunit 850 salles de spectacle et festivals. Il y a une volonté de créer et de faire circuler plus de contenus québécois par le numérique. Ironiquement, la pandémie a été le coup de fouet que notre milieu avait besoin pour aller de l’avant avec ce genre d’initiatives.»

Même son de cloche du côté de Nathalie Casemajor, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique et directrice scientifique de l’Observatoire des médiations culturelles, dont le travail porte notamment sur la culture numérique.

«Le format hybride va probablement perdurer, au moins pour un petit moment, projette-t-elle. L’incertitude envers les nouveaux variants est trop grande. Puis, il faut rappeler que l’expertise est là. Depuis le début de la pandémie, on a pu assister à une conversion et à une transition vers le numérique. Des professionnels des secteurs se sont formés et ils se sont équipés, ont développé une expertise en termes de diffusion à distance.»

On n’est plus dans des mauvaises blagues du genre: bon, un hologramme de Vincent Vallières va donner son show à Chibougamau!

David Laferrière, président du conseil d’administration de l’association RIDEAU, en parlant de l’évolution des mentalités vis-à-vis des webdiffusions

Deux par deux rassemblés

C’est le cas du Festival du nouveau cinéma (FNC), qui misera pour son 50e anniversaire en octobre sur une formule hybride, contrairement à l’année dernière, où la province est tombée en zone rouge deux jours avant le dévoilement de sa programmation.

«Ça ne remettra jamais en question notre souhait de privilégier l’expérience collective, d’offrir des projections en salles sur grand écran et de présenter les films dans les formats qui ont été pensés par les cinéastes au moment du tournage», jure son directeur général, Nicolas Girard Deltruc.

«Mais nous sommes un festival de nouvelles images en mouvement. C’est sûr que toutes les technologies nous intéressent, à partir du moment où on peut voir un film, peu importe sur quel support. Et la webdiffusion offre de belles opportunités.»

Comme celle de rejoindre le maximum de cinéphiles et de faire circuler le cinéma d’auteur en région. Ou d’organiser des marchés dédiés aux membres de l’industrie qui pourront y assister, peu importe où ils se trouvent sur la planète.

«On voit ça également comme un outil complémentaire pour ajouter du contenu à ce qu’on présente déjà, développe celui qui est à la tête du FNC. On peut par exemple présenter la suite d’un film en salle et offrir en ligne la possibilité de découvrir un titre antérieur. On l’a fait l’année dernière avec L’enlèvement de Michel Houellebecq, car on présentait déjà sa suite, Thalasso

Quelques défis

Ce ne sont toutefois pas tous les distributeurs qui acceptent que leurs films soient présentés en ligne. Par exemple, en 2020, les récents longs métrages de réalisateurs estimés comme Tsai Ming-liang et Hong Sang-soo ont été retirés de la programmation du FNC à la dernière minute. «Mais ça représente seulement 15 à 20% des cas», assure Nicolas Girard Deltruc.

Un autre défi pour les webdiffusions actuelles et à venir est d’arriver à se démarquer dans le vaste océan des choix disponibles, de pouvoir publiciser ces événements en ligne. «Comment faire connaître l’offre d’un théâtre de Montréal à quelqu’un qui habite à Chicoutimi? demande Nathalie Casemajor. Il faut trouver une façon de rendre accessibles les spectacles.»

Miser sur un volet hybride nécessite par ailleurs plus d’expertise, d’équipement, de logistique et de coûts. «Ce n’est peut-être pas tout le monde qui va être en mesure d’aller de l’avant de ce côté-là, mais je pense que ça va faire son chemin assez rapidement», prévoit David Laferrière.

Surtout que les réticences envers la technologie ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a à peine 18 mois. «Un bon côté de la pandémie est que ça a fait un peu mourir cette idée qu’il y a une compétition entre le présentiel et le numérique», explique celui qui est également directeur général et artistique du Théâtre Gilles-Vigneault.

«Ce sont des leviers supplémentaires. Il ne faut pas démoniser le numérique, mais plutôt s’en servir pour faire circuler le plus de disciplines et de spectacles partout dans le Québec.»

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