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«Sitka»: un p’tit bout de l’Alaska avec Andréanne A. Malette

Andréanne A Malette a croqué une photo de son public à la fin de son spectacle aux Francos de Montréal 2022, vendredi soir
Andréanne A Malette a croqué une photo de son public à la fin de son spectacle aux Francos de Montréal 2022, vendredi soir Photo: Page Facebook d'Andréanne A. Malette

Andréanne A. Malette aime les Francos. Plus encore, Andréanne A. Malette tripe sur les Francos. Depuis 2014, elle a donné un spectacle chaque année aux Francos. L’année 2022 n’allait pas faire exception à sa règle, et c’est vendredi soir, veille de la fin du festival, que la réunion annuelle avait lieu, dans l’intimité d’un Studio TD au parterre entièrement occupé et entiché de la pop baignée de folk de la chanteuse.

L’auteure de ces lignes avait assisté à la mouture 2017 de cette romance Andréanne-Francos, sur une scène extérieure, sous un soleil de plomb. Une artiste encore gamine apprivoisait alors la reconnaissance populaire hors Star Académie (elle était de la cohorte 2012) avec sa joyeuse ritournelle Fou, qui tournait en boucle partout, et qui avait ce soir-là été décorée d’une plaque soulignant son numéro 1 au Top 100 BDS Francophone. Andréanne était prometteuse, mais paraissait timide.

En 2022, cinq ans plus mature et expérimentée, notre aguerrie pavoise beaucoup plus. Guitare collée au bassin, l’auteure-compositrice-interprète blague, se raconte, esquisse un morceau composé dans l’enfance qui se jouait à deux doigts au piano (on croirait entendre l’indicatif d’Un homme au foyer), ose une taquinerie de «craque de totons», échappe quelques conneries avec ses musiciens, au nombre sobre de quatre sur scène. Il faut dire que le contexte du Studio TD (anciennement l’Astral) incite au placotage.

«Y’en a-tu qui ont écouté les deux dernières éditions de Star Académie? On était meilleurs, hein?», crâne-t-elle avant de revisiter L’autre rive, son premier succès solo.

Ressourçant voyage

C’est son troisième album, l’excellent Sitka, lancé au début 2021 («le pire moment du monde» pour sortir un disque selon elle, à cause de la pandémie), que cette digne héritière de Francine Raymond, Lynda Lemay et autres grandes de la même lignée, habituée du Festival international de la chanson de Granby (où elle a été demi-finaliste en 2008 et auquel elle collabore encore chaque année), écume en salle depuis un an. Ce même Sitka nommé au dernier gala de l’ADISQ dans la catégorie Album de l’année – Adulte contemporain.

Ce Sitka dont elle a expliqué la genèse, vendredi: pour son anniversaire de 30 ans, Andréanne s’est payé un périple-bilan en Alaska, histoire de faire la paix avec les pans difficiles de son passé, ceux qu’on traîne tous dans nos sacs de randonnée et qui alourdissent la route. Arrivée entre les villes de Sitka et Ketchikan, elle s’est posée, a noté au crayon, sur une feuille lignée, ces bibittes dont elle souhaitait se délester, a fait de l’origami avec le papier jusqu’à en créer un petit bateau et, à la pleine lune, l’a jeté à l’eau. «Je n’oublie pas / mais il est temps de laisser aller / regarder devant, sans compter les pas et les années / de cœur pesant, à cœur léger», résume-t-elle dans le refrain très à-propos de Cœur léger, l’un des premiers extraits du disque.

Inspirant et poétique? Certainement. On aurait le goût d’aller rabattre le caquet de nos propres démons dans ces mêmes traces. Vendredi, Andréanne était vêtue de pâle, peut-être pour évoquer ces teintes de l’Alaska ressourçante et libératrice gravée sur son Sitka à elle.

Le projet a beau avoir servi d’exutoire à sa créatrice, il est loin d’être gris pour autant. Son band et elle-même en livrent le contenu en tapant du pied, en dansant, les instruments ballants, et les spectateur.trice.s hésitent entre se dandiner le haut du corps ou simplement s’immobiliser pour saisir toutes les nuances de ces jolis textes tout en introspection et en profondeur, ceux d’une fille qui a cheminé malgré son relatif jeune âge: Prendre le temps, Un à un, Le brasier (qui aborde la violence conjugale)…

La musique d’Andréanne A. Malette est ciselée pour les ondes radio – peut-être pas volontairement, croit-on détecter – mais ne verse jamais dans la mièvrerie ou la facilité. Basse et batterie parfois prédominantes y sont la marque d’une pop consistante, généreuse et intelligente. Qui aurait cru, par exemple, qu’un songe intitulé Alaska aurait pu porter une si chaleureuse touche d’exotisme, bien rythmée de percussions, secouée de maracas?  

La prestation avancée, son complice guitariste et coréalisateur, et grand ami à elle, Antoine Lachance, a poli l’un de ses propres cailloux, À chaque fois, réinvention toute personnelle du classique Time After Time, de Cyndi Lauper.

Après, Andréanne nous a invité.e.s à «chanter bien, bien fort» sa magnifique Ici et ailleurs, tirée de son deuxième opus (éponyme, 2017), sincère ode à l’affirmation de soi.

Elle garde le plus chargé pour la fin, notamment L’onde de choc, qui n’est pas sans rappeler le Dehors novembre des Colocs. Et ça se conclut dans le tapement de mains généralisé, franc, festif, sur Fou, dont la petite foule mord à belles dents dans les paroles du refrain.

Andréanne A Malette poursuit sa tournée Sitka. Toutes les dates sont disponibles sur son site Web.

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