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«Lignes de fuite»: le miroir de notre époque

ligne de fuite
Photo: Gracieuseté/Eveblavoie

La comédie dramatique Lignes de fuite, qui réunit à l’écran Catherine Chabot, Mariana Mazza et Léane Labrèche-Dor, nous convie aux retrouvailles houleuses de trois amies du secondaire, maintenant dans la trentaine. Tel un miroir, le film nous confronte à nos contradictions, ainsi qu’à notre vision du monde d’aujourd’hui, amenant la réflexion par le rire.  

Audrey (Catherine Chabot), Sabina (Mariana Mazza), Valérie (Léane Labrèche-Dor) ainsi que leurs partenaires respectifs (Maxime de Cotret, Victoria Diamond et Mickaël Gouin) se retrouvent le temps d’une veillée arrosée. Mais au fur et à mesure que la soirée avance, l’amitié du trio est mise à rude épreuve.

Les vieilles tensions rejaillissent et les échanges dérapent dans un crescendo authentique sur fond de crise climatique. «On peut-tu boire des bulles sans parler de la banquise qui fond?», lance l’un des six protagonistes.

Les personnages de Lignes de fuite sont ceux imaginés par Catherine Chabot, autrice de la pièce de théâtre éponyme. «Ce sont les six voix dans ma tête», dit-elle en entrevue avec Métro.

En plus d’être à l’origine de l’histoire et de tenir un des trois rôles principaux, l’actrice a coscénarisé le film avec Émile Gaudreault, et l’a coréalisé avec Miryam Bouchard.

À leur sortie de la salle de théâtre, il y a trois ans, les coproducteurs, Émile Gaudreault et Denise Robert, ont eu le désir immédiat de transposer l’univers de Lignes de fuite au cinéma.

«Le film nous permet d’aller chercher encore plus l’humanité des personnages. On entre dans leur intériorité, dans leur complexité, dans leurs failles. […] Avec la version cinématographique, on permet d’accéder à l’âme des comédiens», explique Catherine Chabot.  

Crédits: Eveblavoie

Porteur d’espoir et de réflexions

Si la pièce de théâtre est plus sombre et cynique, le film, lui, est davantage porteur d’espoir. C’est que, depuis 2019, Catherine Chabot a évolué dans son introspection.

La trentenaire explique avoir trouvé des réponses à plusieurs questionnements qui la tourmentaient au moment d’écrire sa pièce, ce qui lui a insufflé le désir de faire une œuvre cinématographique plus lumineuse. 

«Je me posais beaucoup de questions: est-ce que je suis là où je veux être, où je m’étais projetée à 30 ans? Est-ce que je réponds aux attentes de ma famille, de mes amis? Qu’est-ce que je veux faire dans la vie? Est-ce que je suis à la bonne place dans ma carrière, dans ma vie amoureuse? Je veux-tu des enfants? Je veux-tu déménager en banlieue ou je veux passer ma vie à voyager?», mentionne-t-elle.

Entre-temps, Catherine Chabot a donné naissance à une petite fille, Joséphine, qu’elle allaitait encore pendant le tournage du film. Selon elle, c’est le fait de devenir mère qui lui a inspiré plus d’optimisme malgré le contexte actuel de crise. 

«Il y a beaucoup de gens de mon âge qui se posent la question, par rapport au monde dans lequel on vit, est-ce qu’on fait des enfants?» C’est d’ailleurs un enjeu d’actualité traité dans Lignes de fuite et sur lequel les personnages s’opposent. 

«Je suis tombée enceinte et je l’ai vu comme un cadeau. Qu’est-ce qu’on peut faire de beau dans ce monde-là? Pour moi, faire un enfant, c’est la réponse à ma question […] L’ancrage dans le monde, c’est ma fille», poursuit Catherine Chabot. 

Prisonnier.ère.s de nos contradictions

Comme les personnages de Lignes de fuite, Catherine Chabot pense que nous sommes tous et toutes – incluant elle-même – prisonnier.ère.s de nos contradictions.

«On est très au courant de ce qui se passe dans le monde, mais en même temps on est confrontés à ne pas pouvoir faire grand-chose. Mais on a des valeurs, donc on pose souvent des gestes en contradiction avec nos valeurs…», avance-t-elle.

J’essaie de voir mes angles morts. Il n’y a personne de parfait, on a tous nos parts d’ombre et il ne faut pas être gêné de le dire. 

Catherine Chabot, actrice, coréalisatrice et coscénariste de Lignes de fuite

Mais son œuvre n’est pas engagée politiquement, dit-elle. C’est plutôt le fait d’«engager la discussion et engager la réflexion» qui est important à ses yeux.

La comédie pousse, par le rire, les spectateur.trice.s à réfléchir et à repenser l’avenir dans un monde en crise. «Le rire est pour moi aussi nécessaire dans la vie, ça me sauve. J’ai beaucoup d’autodérision, je ris beaucoup de moi-même. C’est comme mon mécanisme de défense. C’est la manière dont je procède dans la vie, donc c’est comme ça que j’écris aussi», précise Catherine Chabot. 

Si le film raconte avant tout l’histoire de trentenaires «au carrefour de leurs vies», ce sont toutes les générations qui pourront s’y retrouver, Lignes de fuite faisant rejaillir les grands questionnements existentiels propres à notre époque.

La comédie dramatique Lignes de fuite est en salle partout au Québec dès le mercredi 6 juillet.

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